L’efficience des marchés financiers: définition et dimension

Université Cadi Ayyad de Marrakech

Faculté des sciences juridiques Économiques et sociales

Master: Finance Appliquée

Mémoire pour l’obtention du Master en Finance Appliquée

Etude de l'efficience semi-forte des marchés financiers : cas de la bourse de Casablanca

Etude de l’efficience semi-forte des marchés financiers :

cas de la bourse de Casablanca

Présenté par : DIALLO Alpha Oumar

Sous la direction du professeur MORCHID Brahim

Membres du jury :

Professeur MORCHID Brahim, Université CADI AYYAD

Professeur ESSARDI Omar, Université CADI AYYAD

Professeur ZIKY Mustapha, Université CADI AYYAD

Année Universitaire :

2010-2011

Remerciements

Mes sincères remerciements à mon professeur et encadrant MORCHID Brahim pour l’orientation et les précisions tout au long de ce travail, aux professeurs ESSARDI Omar et ZIKY Mustapha d’avoir accepté d’être membres de jury, à ma famille pour le soutien qu’elle ne cesse de m’apporter.

Ma reconnaissance envers mon frère pour ses conseils éclairés et à toutes les personnes qui m’ont accompagné durant ce séjour au Maroc.

Introduction

Les théories de la libéralisation financière développées dans les années 70 (1) ont eu à fustiger la politique monétaire qui consistait dans certains pays à maintenir des taux d’intérêt nominaux à un niveau tel que les taux d’intérêts réels deviennent négatifs.

Une telle politique désignée sous le vocable de répression financière a eu pour effet non seulement de décourager l’épargne, mais d’agir défavorablement sur la quantité d’investissement.

L’arrivée des théories de libéralisation financière a eu un écho favorable dans beaucoup de pays à telle enseigne qu’elles ont été les fondements des différentes politiques économiques portées désormais sur l’ouverture du compte capital des économies.

Rappelons que les politiques de libéralisation financière sont censées influencer positivement sur la croissance économique en stimulant l’épargne et l’investissement, en améliorant la productivité du capital.

(1) Des économistes comme R. Mackinnon, M. Friedman, ont travaillé sur cette question.

Mais ces mécanismes de transmission de la libéralisation financière sont conditionnés et le fonctionnement des marchés boursiers y occupe une place importante.

En effet, des marchés financiers efficients sont nécessaires pour que cette relation entre libéralisation financière et croissance via le développement financier soit effective car l’efficience des marchés financiers permet tout simplement d’allouer les ressources financières vers les secteurs productifs.

L’efficience des marchés financiers, une question ancienne

Comprendre les comportements des opérateurs sur les marchés financiers en identifiant, expliquant les variables aidant à la prise de décision dans une logique d’allocation optimale des ressources, tel est l’objectif de la théorie de l’efficience sur les marchés financiers.

La notion de l’efficience des marchés financiers est l’un des principaux fondements de la théorie financière, car elle constitue l’hypothèse de base des modèles d’aide à la décision et de négociation sur les marchés.

L’efficience des marchés est une théorie qui peut apparaitre simple au premier abord mais dont les multiples développements l’ont rendu complexe.

Elle a évolué au cours du temps, suite aux travaux empiriques réalisés depuis le premier énoncé de la théorie.

« La notion d’efficience des marchés financiers est l’une des propositions les plus controversées et étudiées dans toutes les sciences sociales » [B. Ndong (2007), p.5]. Et malgré des décennies de recherches, elle n’arrive pas jusqu’à présent à faire l’objet d’un consensus.

Ceci montre donc sa profondeur et son étendue et le fait qu’il continue toujours à fasciner les chercheurs en général et les économistes en particulier

Une caractéristique importante du marché efficient est qu’il évalue les titres de la même manière. Ainsi, lorsque cette efficience est réelle, le prix du titre est une bonne estimation de la valeur que lui confère le marché.

D’où l’importance du concept d’efficience pour les investisseurs qui comptent investir dans un marché financier et surtout pour l’allocation efficiente des ressources financières.

C’est ainsi que la variation des cours boursiers est toujours un prétexte pour une réallocation des ressources financières dans l’économie en question. Une telle allocation n’est efficiente que lorsque le marché boursier lui-même fonctionne de manière efficiente.

Ce fonctionnement efficient assure une bonne évaluation des titres cotés sur le marché boursier.

Dans la littérature financière, il existe plusieurs formes d’efficience 2 correspondant au degré d’intégration de l’information disponible dans les cours des actifs ou simplement des dans les décisions des différents opérateurs de marché quant à l’achat ou à la vente d’un titre donné.

Cette hypothèse d’efficience peut être analysée à plusieurs niveaux.

2 Nous reviendrons plus largement sur cette question dans le chapitre 1.

Ainsi E. Fama (1970) distingue trois formes d’efficience :

  1. l’efficience au sens faible,
  2. l’efficience au sens semi fort et enfin
  3. l’efficience au sens fort.

Ces trois formes d’efficience se différencient par le contenu informatif auquel elles se réfèrent.

Dans le cadre de ce travail, nous nous attacherons à la forme semi-forte de l’efficience dans laquelle les cours boursiers réagissent instantanément à l’annonce d’information dès que celles-ci deviennent publiques impliquant une réaction absolument immédiate des investisseurs.

Cette question de l’efficience informationnelle au sens semi fort du terme sera abordée en ayant comme base de travail les cotations à la bourse des valeurs mobilières de Casablanca.

Travailler sur cette question de la réactivité de la prise en compte d’une nouvelle information par les opérateurs sur ce marché est nécessaire pour s’assurer d’une allocation optimale des ressources, d’un intérêt pour les investisseurs mais aussi du maintien de confiance au niveau cette place financière pour des acteurs divers et variés.

Ces éléments là restent déterminants aujourd’hui dans l’attrait des capitaux étrangers, facteurs de croissance et de promotion du développement.

Le marché des valeurs mobilières de Casablanca est efficient au sens semi fort

En d’autres termes, nous répondrons à la question de savoir si oui ou non, le marché des valeurs mobilières de Casablanca est efficient au sens semi fort.

Vérifier l’efficience au sens semi fort de la bourse des valeurs mobilières de Casablanca tel reste l’objectif de notre travail.

Et, pour arriver à cette fin, méthodologiquement, nous nous servirons des études d’évènements, démarche statistique permettant de vérifier la réactivité d’un cours boursier suite à l’émission d’une nouvelle information.

Ce mémoire sera divisé en 3 chapitres sur le plan du travail, avec un premier consacré aux différents aspects théoriques de la notion d’efficience informationnelle, de rationalité et d’anticipations rationnelles pour en saisir le contenu, les formes, les implications, éléments importants dans l’établissement des modèles de référence.

Le second aura pour objectif d’étudier le cadre théorique de la forme semi-forte de l’efficience des marchés financiers et le dernier chapitre traitera de la vérification empirique de l’efficience semi-fort sur la bourse des valeurs mobilières de Casablanca au travers un échantillon de titres.

Il sera notamment question de faire des tests statistiques dont les résultats seront la base de notre jugement sur l’efficience ou non de ce marché boursier au sens semi fort de la littérature financière.

Sommaire

Introduction
Chapitre 1 : Notions d’efficience, de rationalité et d’anticipations rationnelles
1.1-Notion d’efficience des marchés financiers
1.1.1 : Evolution et dimension de la notion de l’efficience
1 .1.2 : Hypothèses et implications de cette notion de l’efficience
1.2- Notions de rationalité et des anticipations rationnelles
1. 2. 1 : Définition et formes de la notion de rationalité
1. 2. 2 : Les anticipations rationnelles et leurs implications
1.3 – L’efficience informationnelle du marché et ses modèles
1.3. 1 : L’efficience informationnelle des marchés boursiers
1. 3. 2 : Les modèles de l’efficience
Chapitre 2 : la forme semi-forte de l’efficience et les tests d’événements
2.1 : Revue de littérature sur les études d’événements
2.1.2 : Historique
2.1.2 : Quelques applications
2.1.3 : La question de la vitesse d’ajustement
2.2 : La méthodologie de l’étude d’événement
2.2.1 : origine et évolution
2.2.2 : les étapes
2.2.3 : Les limites de la méthodologie des études d’événement
Chapitre 3 : vérification empirique
3.1 Présentation de la bourse des valeurs de Casablanca
3.1.1 : Evolution
3.1.2 : Caractéristiques de la bourse de Casablanca
3.2 : l’étude de l’événement
3.2.1 : Méthodologie de travail
3.2.2 : Application
3.3 : Les principaux résultats
Conclusion

Chapitre1 : Notions d’efficience, de rationalité et d’anticipations rationnelles

Essentiellement consacré à l’étude des aspects théoriques de l’efficience des marchés financiers, il sera notamment question de présenter les cadres théoriques dans lesquels s’inscrit toute la réflexion sur cette thématique.

L’objectif de ce chapitre reste la mise en exergue des éléments fondant l’analyse théorique de l’efficacité des marchés financiers permettant de mieux comprendre son ancrage théorique ainsi que les variables expliquant les comportements des différents opérateurs sur ces marchés.

Il sera question plus spécifiquement de présenter l’évolution de la théorie économique sur cette analyse de l’efficacité des marchés financiers.

Et pour cela, cette partie comportera trois points dont la succession facilitera la compréhension de la théorie sur l’efficacité des marchés financiers.

Ces éléments seront traités en détail dans ce chapitre selon le plan suivant :

  1. dans un premier point sera traitée la notion d’efficience,
  2. dans un second les notions de rationalité et d’anticipations rationnelles et
  3. dans le troisième point l’efficience informationnelle des marchés et les modèles d’efficience.

1.1 Notion d’efficience des marchés financiers

Comme mentionné précédemment, la notion de l’efficience des marchés financiers occupe une place importante dans la réflexion sur la théorie financière.

Elle pose les conditions d’une allocation optimale des ressources et du maintien de la confiance des différents acteurs sur le marché.

Ils sont nombreux les travaux qui en ont été consacrés dans un objectif de mieux comprendre les comportements des différents opérateurs sur les marchés financiers et singulièrement sur ceux boursiers.

Partager le contenu des notions d’efficience, de rationalité, d’anticipations rationnelles et d’efficience informationnelle, tel demeure l’objectif principal de ce chapitre et ce, en passant en revue la dynamique de la recherche scientifique en la matière en faisant référence notamment aux travaux de E. Fama.

1.1.1 Définition et dimension de la notion de l’efficience des marchés financiers

Depuis les travaux de L. Bachelier (1900), l’efficience des marchés financiers est au centre des débats concernant le comportement des prix ou du rendement des actifs boursiers.

En outre cette notion représente assurément, un des principaux piliers de la finance moderne rien qu’en parcourant les travaux scientifiques qui lui ont été consacré.

De ce fait, bon nombre de modèles d’évaluation des actions et des instruments financiers conditionnels reposent, à tout le moins implicitement, sur la validité de cette hypothèse.

a. Définition de l’efficience

La notion de l’efficience des marchés financiers est l’un des principaux fondements de la théorie financière car elle constitue l’hypothèse de base des modèles d’aide à la décision et de négociation sur les marchés.

L’efficience des marchés est une théorie qui peut apparaitre simple au premier abord mais dont les multiples développements l’ont rendu complexes.

Elle a évolué au cours du temps, suite aux travaux empiriques réalisés depuis le premier énoncé de la théorie. C’est toute fois Eugène Fama qui pose la première définition de l’efficience :

« Dans un marché efficient, la concurrence entre de nombreux investisseurs intelligents conduit à une situation où, à tout instant, les prix effectifs reflètent déjà les effets de l’information sur les événements passés et sur les événements susceptibles d’avoir lieu dans le futur.

En d’autres mots, dans un marché efficient à tout instant le prix effectif du titre sera une bonne estimation de sa valeur intrinsèque ». [V. Mignon (1998), p.10].

Cinq ans plus tard E. Fama propose une formalisation mathématique de la théorie l’efficience des marchés financiers [idem, page 11].

Soit Φ l’information disponible à la période t afin d’estimer la valeur Pj,t+1 du titre j à la période t+1. Soit E(x) l’espérance de la variable aléatoire X et Rj la rentabilité.

Donc, le taux de rentabilité espéré de j en t+1 alors on a :

prix du titre

Si le prix du titre reflète toute l’information disponible. Si l’équation précédente est vérifiée pour tous les titres j cotés sur le marché, le marché est réputé efficient.

Sur un marché efficient, dès qu’une information concernant un actif existe, le prix de cet actif est instantanément modifié.

La définition de l’efficience a évolué depuis les travaux originels d’E. Fama. Et treize ans après cette définition, Michael Jensen a proposé en 1978 une autre plus pragmatique, mettant l’accent sur l’impossibilité d’arbitrage plutôt que sur l’information elle-même.

« Un marché est efficient si le prix des actifs côtés intègre l’ensemble des informations disponibles, de telle manière qu’un investisseur ne peut, en achetant ou en vendant cet actif, en tirer un profit supérieur aux coûts de transaction engendrés par cette action». [P. Gillet (1991), p.391].

D’après cette définition, M. Jensen (1978) veut dire que les frais associés à l’activité de prévision sont nombreux; tels que : collecte et achat d’information, construction des modèles, maintien d’une présence sur le marché et lorsque ces coûts sont pris en compte sur un marché efficient, le profit sera nul.

Selon P. Samuelson, « un marché est dit efficient lorsque toutes les informations sont rapidement aperçues par les spéculateurs et immédiatement intégrées dans les prix (cours des actions) du marché ».

Quant à James Tobin « un marché efficient dans le cas où le juste prix où la valeur intrinsèque d’un titre se rapproche du prix réel ou du cours boursier.

Toujours dans une logique de proposition de définitions de l’efficience des marchés financiers».

L'efficience des marchés financiers

Pour G. Charreaux « si un marché financier est efficient, le cours d’un titre est égal à sa valeur actuelle compte tenu de la valeur utilisée. Cette identité entre cours et valeur résulte de la concurrence entre investisseurs et des opérations d’arbitrages qui se produiraient en cas de divergences».

Bien que nombreuses, ces définitions ont permis de préciser le contenu de la notion de l’efficience, néanmoins, nous nous appuierons sur celle d’E. Fama [1970]:

«Un marché sera efficient si l’ensemble d’informations pertinentes à l’évaluation des actifs financiers qui y sont négociés se trouve instantanément et entièrement reflété dans les cours» [J. Hamon (1997), p.408].

b. Dimensions de l’efficience des marchés financiers

La notion d’efficience des marchés financiers à trois acceptations d’importance inégale :

  1. L’efficience fonctionnelle,
  2. le comportement rationnel des acteurs sur le marché et
  3. l’efficience informationnelle.

Dans la littérature financière, il est communément admis que ces trois notions d’efficience sont interdépendantes dans la mesure où l’efficience allocationnelle d’un marché dépend directement de l’efficience opérationnelle et informationnelle de celui-ci.

Nous essayerons dans le paragraphe suivant, de donner une idée plus précise de ces trois notions.

1- L’efficience fonctionnelle

La première dimension de l’efficacité des marchés financiers concerne les fonctions proprement économiques de l’industrie financière.

L’efficience fonctionnelle, encore appelée opérationnelle, indique que le marché est capable d’orienter les fonds vers les emplois les plus productifs et contribue ainsi, à un développement satisfaisant de l’économie et la mutualisation des risques et leur transfert vers ceux qui sont capables à les supporter.

« L’efficience opérationnelle est relative à ce qu’on appelle microstructure du marché, c’est à dire l’organisation du système de transaction » [R. Cobbaut (1997), p.29].

2- Le comportement rationnel des acteurs sur le marché

La deuxième dimension du concept d’efficience du marché financier repose sur la rationalité du comportement des investisseurs.

Dans le jargon économique contemporain, on dirait que les marchés financiers sont efficients dans la mesure où les prix des actifs qui y sont côtés sont uniquement fonction des « anticipations rationnelles » qu’ont les investisseurs de leurs revenus futurs.

Les prix sont entièrement déterminés à partir des données exogènes appelées « les fondamentaux » : ressources disponibles, technologies utilisables, préférences des consommateurs.

A partir de certaines informations pertinentes (les fondamentaux), les opérateurs peuvent former leurs offres et leurs demandes sur la base d’un calcul rationnel fondé sur une théorie adéquate.

C’est dire qu’ils connaissent, non seulement, les fondamentaux mais aussi les relations exactes entre ces fondamentaux et la valeur des biens qui font l’objet des transactions, de sorte qu’il y ait identité entre la « vraie » valeur économique d’un bien où valeur fondamentale et son prix d’équilibre sur un marché de concurrence parfaite.

3- L’efficience informationnelle

L’efficience informationnelle nous enseigne que le prix d’une action intègre la totalité des informations économiques, comptables et financières d’une entreprise.

Le prix observé sur le marché englobe ainsi instantanément les conséquences des événements passés et reflètent les anticipations concernant les événements futurs.

La théorie des marchés efficients se base essentiellement sur l’idée qu’un investisseur ne peut prévoir mieux que le marché et avoir une espérance de rendement propre supérieure à celle du marché : il est donc impossible de battre le marché.

Il s’en suit donc que toute information de nature à affecter la valeur future de l’entreprise se trouve systématiquement contenue dans le cours de ses titres.

Dans la communauté financière, ces trois notions, distinctes bien qu’interdépendantes, sont parfois confondues sous l’appellation générale d’« efficience ».

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Etude de l’efficience semi-forte des marchés financiers : cas de la bourse de Casablanca
Université 🏫: Université Cadi Ayyad de Marrakech - Faculté des sciences juridiques Économiques et sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Diallo Alpha Oumar

Diallo Alpha Oumar
Année de soutenance 📅: Mémoire pour l’obtention du Master en Finance Appliquée - 2010-2011
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