Passage au numérique des livres et des éditeurs de presses universitaires

La nouvelle chaîne éditoriale du livre numérique aux Presses universitaires du Septentrion – Première partie :

1 ‐ Le passage au numérique des livres et des éditeurs de presses universitaires

1.1 – Du livre papier au livre numérique

Avant de développer cette sous‐partie, il nous faut tout d’abord préciser la différence que nous ferons entre le livre électronique et le livre numérique dans ce mémoire. Concernant le livre électronique, nous irons dans le sens de Lorenzo Soccavo qui le considère comme les tablettes et autres liseuses qui permettent donc d’afficher des fichiers de textes [Soccavo, 2008]. Nous nommerons ces derniers livres numériques et parlerons d’édition numérique pour le processus de création de fichiers numériques natifs en vue d’une publication papier ou diffusée sur le Web, comme la nomment Marin Dacos et Pierre Mounier. Selon ces auteurs, la numérisation, l’édition numérique et l’édition en réseau forment l’édition électronique [Dacos, Mounier, 2010].
Alors qu’ils n’ont réellement fait leur entrée sur le marché des lecteurs européens qu’au milieu des années 2000, les livres électroniques sont pourtant développés depuis 1972 avec notamment Alan Kay qui crée alors le premier livre électronique nommé Dynabook. Dès 1996, de multiples formats de livres électroniques voient le jour, principalement aux États‐Unis, mais sans grand succès1. Après quelques pionniers tels que l’@folio, le Rocket eBook, le Softbook, le Gemstar ou encore le Cybook, c’est finalement l’iPhone d’Apple en 2007, puis l’iPad début 2010 qui vont se démarquer et prendre le monopole sur le marché des tablettes numériques, autant aux États‐Unis qu’en Europe.
Sur ces tablettes d’Apple, le format ePub développé par l’IDPF, International Digital Publishing Forum, va réellement s’affirmer, avec notamment la version 2 en 2007, comme standard de livre numérique, en particulier dans les pays anglo‐saxons et européens. Les formats PDF et Mobi, principalement dédié à la Kindle d’Amazon, sont en 2012 des concurrents de moindre importance. Le format ePub est ouvert, gratuit et recomposable.

1. Nous pouvons notamment citer l’Everybook’s Dedicated, le Millenium eBook, l’Hiebook, l’Echyon, The Alphabook ou le tbook. p. 35‐36 [Soccavo, 2008].

Il répond aux exigences d’un standard (multi plate‐forme, multi‐lecteur, format ouvert) et est conforme à la norme DAISY (Digital Accessible Information System), format de fichier structuré afin d’être accessible aux déficients visuels, [GFII, 2012]
En 2012, la grande majorité des liseuses et applications supportent ce format qui en est désormais à sa troisième version2. L’ePub est d’ailleurs le format qui se trouve et se vend le plus sur le marché, raisons pour lesquelles de nombreux éditeurs le privilégient. Cette hégémonie du format ePub est favorable pour les lecteurs qui ne rencontrent pas de problèmes pour lire un tel fichier, quelle que soit leur liseuse, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Catherine Thiolon des éditions Quæ du GFII a ainsi relevé, lors de la conférence AFNOR/BnF du 29 juin 2012, qu’il y avait en Russie pas moins de quinze fabricants de tablettes et par conséquent quinze formats de livres numériques, ce qui ne favorise pas l’interopérabilité des fichiers et oblige le lecteur à acheter ses ouvrages chez le même éditeur, à moins d’acheter une autre liseuse.
Les Presses de l’Université de Laval3 proposent quant à elles la vente de livres numériques ainsi qu’une vente de « livres pour iPad ». Dans la première catégorie sont proposés à la vente des PDF et dans la seconde des ePub. Mais parler du PDF en tant que livre numérique revient à dire que la plupart des éditeurs créent des livres numériques depuis que le format PDF est devenu un standard de sortie destiné notamment à l’imprimerie, donc depuis le début des années 2000. À ceci près que ces livres numériques étaient finalement publiés en version papier plutôt que numérique. De plus, l’aspect visuel ainsi que les fonctionnalités restreintes du PDF en font sur écran un livre numérisé plutôt que numérique.
Bien que l’ePub soit un standard du livre numérique, la définition de ce dernier pose beaucoup de questions. En effet, alors que le livre imprimé a été légalement défini dans l’instruction du 30 décembre 1971 (3C‐14‐71) par la Direction Générale des Impôts, le livre numérique n’a quant à lui toujours pas de définition légale.

2. L’IDPF développe l’ePub 3 : <idpf.org/epub/30>
3. <www.pulaval.com/>

Un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre, ayant pour objet la reproduction d’une œuvre de l’esprit d’un ou plusieurs auteurs, en vue de l’enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture. p. 164 [Soccavo, 2008]
Il est de plus ajouté dans l’instruction du 31 août 1994 que l’ensemble peut être présenté sous formes d’éléments imprimés, assemblés ou réunis par tout procédé, sous réserve que ces éléments aient le même objet et que leur réunion soit nécessaire à l‘unité de l’œuvre. p. 164 [Soccavo, 2008]
Cependant, cette définition classique du livre imprimé n’est pas fixée pour certains auteurs qui la font évoluer avec les avancées technologiques. En effet, dans son ouvrage Après le livre, François Bon parle du livre imprimé comme un assemblage de fichiers XML pour le contenu, de masques CSS pour l’apparence, de métadonnées pour sa distribution, il est déjà en lui‐même une sorte de site Web, dont la carapace numérique permet aussi bien d’être imprimé qu’archivé, révisé, porté sur des supports électroniques. p. 11 [Bon, 2011]
Plusieurs remarques peuvent être développées suite à cette citation.
Tout d’abord, cette définition du livre imprimé semble plus proche de celle du livre numérique. Car même si un livre imprimé peut aujourd’hui être conçu de cette manière, les éditeurs utilisaient prioritairement, depuis le début de l’édition sur ordinateur donc des années 1990, des fichiers Word, voire Quark Xpress pour générer les livres papiers. François Bon parle de l’ePub comme standard « de la diffusion du livre numérique »4, mais un ePub est notamment constitué de fichiers XML, HTML et CSS. Pour cet auteur, les deux formats de livres sont donc similaires, et le livre imprimé tel qu’il le définit ne concorde pas avec la définition donnée par la Direction Générale des Impôts.
Ensuite, François Bon écrit ce livre en 2011, année à laquelle il est possible que certains éditeurs privés travaillent en effet de cette manière, mais ce n’est pas forcément le cas des presses universitaires françaises. Comme nous le verrons dans la partie dédiée à l’implantation d’une nouvelle chaîne d’édition numérique dans les presses universitaires françaises, celles‐ci n’ont fait évoluer leur chaîne éditoriale vers le XML et la CSS qu’à partir de 2011 suite au travail exploratoire des Presses universitaires de Caen dans le cadre de l’AEDRES. Cette définition n’est donc pas une généralité pour tous les éditeurs.
Et ce ne sont pas tant les définitions du contenu ou du format qui font débat. Les termes livre numérique, livre électronique, Ebook, encre électronique ou même ePub sont généralement utilisés par les lecteurs pour désigner ce fichier numérique issu de l’imprimé, ou tout du moins ayant le même contenu. Cette difficulté à définir le livre numérique a d’ailleurs été récurrente lors de la conférence AFNOR/BnF. Selon leur secteur d’activité, les éditeurs le définissaient différemment. Pour le GFII, le livre numérique réunit tout d’abord un volume, une exigence d’écriture, un but démonstratif et/ou pédagogique. Il se divise en trois parties : un logiciel, une structure/un matériel et un contenu5. Dans l’éducation, il faut l’entendre dans un contexte d’usages des utilisateurs, en tant que forme physique donc son format, et au niveau de son contenu enrichi, interactif et pédagogique. « Le livre numérique pédagogique est un produit logiciel sur un format de livre numérique. »6 Pour les bibliothèques, le livre numérique est vu comme un média neuf, donc un nouveau moyen de diffusion. De nombreux acteurs présents lors de cette conférence ont donc donné leur définition du livre numérique, mais au final, personne ne s’est entendu pour donner une définition qui conviendrait à tous. Le livre numérique, bien que sans définition légale, se développe cependant de plus en plus chez de nombreux éditeurs, aux côtés du livre imprimé.

5. L’ensemble de l’intervention est disponible à cette adresse <www.bnf.fr/documents/afnor2012_etat_lieux.pdf>
6. Propos recueillis lors de la deuxième table ronde « Diffuser : Métadonnées, chacun pour soi ? », conférence AFNOR/BnF, 29 juin.

Lire le mémoire complet ==> (Publication numérique dans l’édition scientifique : Presses universitaires du Septentrion)
Mémoire de stage Master 2, Mention Ingénierie documentaire, édition et médiation multimédia IDEMM
Université Charles de Gaulle, Lille 3 – Unité de Formation et de Recherche IDIST

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Publication numérique dans l’édition scientifique. Le cas des Presses universitaires du Septentrion
Université 🏫: Université Charles de Gaulle, Lille 3 - Ingénierie documentaire, édition et médiation multimédia - Mémoire de stage master 2
Auteur·trice·s 🎓:

Émilie Duvinage
Année de soutenance 📅:
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