Les infrastructures d’accès à Internet en France : le haut débit

II.2. L’accès

Il est utile ici – pour la clarté du propos – de bien distinguer l’accès théorique des infrastructures et l’accès réel des utilisateurs et des abonnements. Après avoir étudié les premiers, nous nous intéressons dans cette partie aux seconds.

Aussi puissantes, sophistiquées ou prometteuses que puissent être les infrastructures d’accès à Internet en France, la réalité de cet accès est quelque peu différente. Car même si les Français ont de plus en plus massivement – mais potentiellement tant qu’ils n’ont pas souscrit un abonnement avec un opérateur – au haut débit, nous verrons que la victoire de ce dernier sur le bas débit est récente.

Puis nous comparerons la réalité de l’accès à Internet des Français selon le lieu de consultation (domicile, lieu de travail, école). Enfin nous évoquerons le profil des utilisateurs.

La lente victoire du haut débit sur le bas débit

Pour la première fois en France, le nombre des abonnés à l’ADSL dépasse celui des abonnés à l’Internet bas débit. C’est ce qui se dégage de l’observatoire de l’Internet publié par l’Autorité de régulation des télécoms (ART), portant sur le quatrième trimestre 2004.

Selon les données qu’elle a recueillies auprès des fournisseurs d’accès Internet, les connexions ADSL ont augmenté de 18,8% en trois mois, pour atteindre 6,5 millions d’abonnés. Tandis que la décroissance des accès bas débit s’est poursuivi à un rythme de 7% sur le trimestre. Résultat, 5,4 millions de personnes disposent toujours d’un tel accès.

Au 31 décembre dernier, le nombre total d’abonnements atteignait 12 millions. Par ailleurs, le chiffre d’affaires global généré par les accès à Internet sur le quatrième trimestre est de 614 millions d’euros, en hausse de 2% par rapport au trimestre précédent49.

Comment expliquer cela ? Certes, on peut évoquer le problème des infrastructures. Mais nous avons noté plus haut que fin 2004, 89 % de la population française disposait de l’opportunité d’accéder au haut débit par l’ADSL. Le vrai problème est le décalage entre ces 89 % et la proportion de 54 % d’abonnements ADSL parmi les 12 millions d’abonnements fin 200450. Toutefois, ce décalage n’est pas exclusivement français, comme le montre le tableau ci-dessous.

Part des internautes actifs à domicile connectés en haut et bas débit en Europe et aux États- Unis
PaysJanvier 2004Janvier 2005
Bas débit

(

Haut débit (>128 kbits)Bas débit

(

Haut débit (>128 kbits)
Allemagne65 %35 %50 %50 %
Espagne69 %31 %46 %54 %
États-Unis55 % (fév. 04)44 % (fév. 04)43 %57 %
Italie71 %29 %50 %50 %
Royaume-Uni71 %29 %43 %57 %
Suède69 %31 %61 %39 %
Suisse55 %45 %33 %66 %
Source : Nielsen NetRatings, 2005

En réalité, nous devons à la vérité de mesurer cette victoire du haut débit à l’aune des récents progrès accomplis en matière d’équipement haut débit en France. À cet égard, les propos de Xavier Hussherr, directeur du département Internet et nouveaux médias de Médiamétrie, sont sans ambiguïté lorsqu’il déclare : « Internet a franchi une nouvelle étape de son histoire.

La France a basculé dans l’ère du haut débit »(Figure 1 – 3ème trimestre 2004 : la barre symbolique des 50 % de foyers internautes connectés en haut débit est franchie (source : Médiamétrie – Observatoire des Équipements Multimédia, 2005)). 2004 semble bel et bien avoir été l’année de la « consolidation » ; fin 2004, les internautes représentaient ainsi 46,3 % de la population française, soit 23,7 millions de personnes de 11 ans et plus51.

Du reste, la comparaison du taux de pénétration du haut débit en France par rapport à ses partenaires européens est éloquente (Tableau 2 – Taux de pénétration du haut débit en Europe au 1er janvier 2004) : la France est dans la moyenne des 15 ; elle avait un retard et elle est en train de le combler – et encore, les chiffres ne datent que de janvier 2004.

En ce qui concerne les entreprises – et même si globalement le pourcentage de salariés connectés, tous débits confondus, est bon (93 %) – le bilan, concernant plus spécifiquement le haut débit est plus nuancé.

Par rapport à l’enquête émanant de BNP Paribas Lease Group, les chiffres concernant le haut débit apparaissent sur un spectre plus large d’entreprises (de 6 à 500 salariés)52 et font apparaître très nettement une réalité à deux voire trois vitesses, avec des entreprises de moins de 20 salariés faiblement équipées en haut débit (de 16 % à 23 %), des entreprises de plus de 50 salariés majoritairement connectées en haut débit (51 %) et des entreprises de 20 à 49 salariés en position intermédiaire (35 %).

Le moyen débit (de 64 kbits/s à 128 kbits/s) représenté par le RNIS (Réseau Numérique à Intégration de Services) semble définitivement écarté au profit de l’ADSL53.

Mais deux autres dimensions ajoutent à l’ampleur des inégalités : la dimension géographique et la qualité des accès. En tenant compte de la dimension géographique, on s’aperçoit du contraste entre le taux de connexion à Internet dans les zones urbaines à forte densité (85 % en mars 2004) et celui constaté dans les zones à moindre densité (65-70 % à la même date). Quant à la qualité des accès, elle est mesurée par la bande passante par salarié – pour un indice 1 en mars 2001, il est supérieur à 6 fin 2003 dans les zones à forte densité, mais à peine de 3 dans les zones à faible densité53.

Pour le reste, le cas de l’entreprise sera évoqué plus loin dans le cas de la réalité de l’accès à Internet sur le lieu de travail et sera également concerné – en tant qu’entité d’individus – par la fracture socio-économique de l’accès à Internet et ses trois déclinaisons – fracture générationnelle, fracture d’accessibilité et tout particulièrement la fracture des catégories socio-professionnelles.

Figure 1 – 3ème trimestre 2004 : la barre symbolique des 50 % de foyers internautes connectés en haut débit est franchie

3ème trimestre 2004 : la barre symbolique des 50 % de foyers internautes connectés en haut débit est franchie

(source : Médiamétrie – Observatoire des Équipements Multimédia, 2005)

Tableau 2 – Taux de pénétration du haut débit en Europe au 1er janvier 2004

RangPaysNombre de lignes pour 100 habitants
1Danemark12,7
2Belgique12,1
3Pays-Bas11,5
4Suède10,4
5Finlande8,4
5Autriche8,4
7Allemagne5,6
8Espagne5,5
9Royaume-Uni5,3
10Portugal4,9
11Italie4,7
12Luxembourg2,8
13Irlande0,9
14Grèce0,1
Moyenne sur les 15 États membres de l’UE6,0
Source : Commission Européenne, mars 2004

Pour aller plus loin, il nous faut maintenant étudier la réalité de l’accès à Internet des Français selon deux critères : le premier sera le lieu de consultation, le deuxième sera la catégorie socio-professionnelle.

La fracture numérique en France : définitions, enjeux, défis

Mémoire de fin de master En vue de l’obtention du Diplôme Sup de Co Reims

REIMS Management School Formation Approfondie au Management

Sommaire

C Introduction
I. Définition
I.1. Approche thématique
Technologique vs. socio-économique
Fracture vs. fossé numérique
I.2. Approche géographique
Au niveau international : la problématique du développement
À l’échelle des pays : les pays développés sont aussi touchés par la fracture numérique
I.3. Le problème de la mesure et le point de vue adopté
Le problème de la mesure
Point de vue adopté
II. Enjeux
II.1. Les infrastructures
Quelles sont les infrastructures qui se cachent derrière le mot « TIC » ?
Radioscopie de l’implantation des normes de connectivité en France
L’ultime alternative ? : la délégation de service public et les réseaux d’initiatives publics
II.2. L’accès
La lente victoire du haut débit sur le bas débit
La réalité de l’accès à Internet des Français selon le lieu de consultation
La fracture socio-économique de l’accès à Internet
II.3. Les usages
La durée et la fréquence d’usage
Les services utilisés
L’intérêt pour ces mêmes services
III. Défis
III. 1. L’aménagement du territoire
III. 2. L’administration en ligne
Donner accès à un maximum de « téléservices »
Développer la satisfaction des usagers
III. 3. La compétitivité
Bref bilan de la compétitivité des équipements en TIC des entreprises françaises
L’usage organisationnel des TIC dans les entreprises
Conclusion

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La fracture numérique en France : définitions, enjeux, défis
Université 🏫: REIMS Management School Formation Approfondie au Management
Auteur·trice·s 🎓:
Frank ADEBIAYE

Frank ADEBIAYE
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin de master En vue de l’obtention du Diplôme Sup de Co Reims - 2004-2006
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