Les circuits courts, au cœur des systèmes Bretonne Pie Noir

1.2 Le cadre socio-économique et réglementaire
Les élevages de Bretonne Pie Noir ne sont pas soumis au même environnement que les exploitations conventionnelles. Leur rentabilité dépend de l’intérêt porté à la vente directe par les consommateurs et la transformation est soumise à des règles strictes. C’est pourquoi ces deux aspects, originaux par rapport aux exploitations conventionnelles, sont détaillés ici.
1.2.1 Les circuits courts, au cœur des systèmes Bretonne Pie Noir
En Bretagne, la multiplicité des parcelles et la grande densité des petites exploitations agricoles sont apparues comme des obstacles à la mécanisation de l’agriculture après la Seconde Guerre Mondiale. La vente directe de produits agricoles apparaît alors à bien des agriculteurs comme une pratique obsolète.
La déstructuration des paysages, l’appauvrissement du tissu social en milieu rural, la désertification des campagnes et l’adoption du mode de vie urbain sont autant de facteurs dont il faut tenir compte afin de comprendre la Bretagne face à sa “ruralité” actuelle. (ARBOUSSE-BASTIDE, 2006). Dans ce contexte, le développement de nouvelles formes de vente directe (ou en circuit court) de produits de la ferme apparaît comme une tentative de relocaliser l’activité sociale et économique dans les campagnes. La pratique de la vente directe de produits agricoles (ou leur échange au sein d’un circuit court de distribution) est l’occasion pour l’agriculteur de reprendre contact avec le consommateur pour qui il est devenu un étranger.
Les circuits courts connaissent un regain d’intérêt depuis quelques années (FNCIVAM et al., 2006). Les formes de vente directe sont diverses : marché, vente à la ferme, tournée de clientèle, paniers… L’avantage pour le producteur est d’augmenter l’autonomie et la valeur ajoutée, tandis que pour le consommateur, il s’agit de retrouver un contact avec le producteur, de disposer de produits de meilleure qualité et de soutenir des formes d’agriculture alternative. La vente directe répond, en plus, à deux demandes sociétales : soutenir l’emploi en milieu rural et réduire les dépenses énergétiques, grâce à la relocalisation de l’économie. A l’origine de ces attentes, la probable crise énergétique à venir et les effets négatifs de la mondialisation.
Bertil SYLVANDER (AMILIEN, 2005) explique ainsi le regain d’intérêt porté aux produits locaux : depuis la guerre, les consommateurs ont été tenus à l’écart de l’emprise industrielle dans l’agroalimentaire, à l’écart de cet effort de productivité mise en place pour financer la croissance économique. Les gens ont d’abord adhéré dans les faits -sans pouvoir l’exprimer ainsi bien sûr- à ce modèle de croissance fordiste afin de développer leur niveau de vie. Puis dans un deuxième temps, ils ont réalisé les effets pervers, en terme de qualité et d’environnement par exemple. De ce fait le modèle a été contesté. Il y a eu une dégradation de l’image de l’agriculture et de l’industrie chez les consommateurs… mais cela parallèlement à une série de mouvements pré-marginaux, comme les « bio » et quelques producteurs fermiers qui vendaient directement, mais étaient considérés comme archaïques, passéistes… puis les crises ont justifié et légitimé ces modèles alternatifs. Depuis le début des années 90, les consommateurs font preuve de défiance vis-à-vis de l’industrie agro-alimentaire, concentrée et productiviste. Cette défiance peut être liée aux crises sanitaires, plus ou moins récentes (le veau aux hormones, le lait à la dioxyne, l’ESB en 1996, la fièvre aphteuse en Grande Bretagne en 2007, …) mais il semble que ce soit plus large. Il s’agit d’une crise de confiance et les produits alimentaires sont soupçonnés.
La vente directe semble manifester un désir d’abstraction de l’économie mondiale. Elle propose de revaloriser le travail de l’agriculteur et de donner au consommateur une alternative à son mode de vie citadin. Les valeurs culturelles, sociales et humaines y sont aussi importantes que les valeurs monétaires. (ARBOUSSE-BASTIDE, 2005).
D’après Danièle CAPT, (FNCIVAM, 2007) les débouchés sont supérieurs à l’offre. Ils ne posent donc pas de problèmes, notamment autour des grandes agglomérations. En revanche, la charge de travail constitue un obstacle à la mise en place et au maintien d’ateliers de vente directe. Son développement reste cependant possible et passe vraisemblablement par l’organisation collective. C’est le cas pour les éleveurs de Bretonne Pie Noir en système allaitant (BROSSARD, 2006).
L’actuel (re)développement des circuits courts se fait grâce aux intérêts croisés existant entre producteurs et consommateurs. Ils sont d’autant plus crédibles que les économies d’énergies deviennent une préoccupation sociétale majeure. De nouvelles opportunités se présentent.
Règlements du pack hygiène
Figure 3 : Règlements du pack hygiène
L’installation en exploitation bovine Bretonne Pie Noir : opportunités, freins et perspectives
Mémoire de fin d’études
ENESAD Option Animal Espace Produit
Sommaire :
1 Contexte
1.1 La race bovine Bretonne Pie Noir
1.2 Le cadre socio-économique et réglementaire
1.3 De l’opportunité d’une relance
3 Résultats
3.1 Spécificités des élevages de Bretonne Pie Noir
3.2 Environnement des installations en Bretonne Pie Noir
4 Discussion et propositions
4.1 Des porteurs de projet s’intéressent à la Bretonne Pie Noir
4.2 Les effectifs actuels permettent une certaine disponibilité en animaux
4.3 Les systèmes en Bretonne Pie Noir sont viables économiquement
4.4 Le foncier reste un gros problème pour s’installer
4.5 La réglementation peut devenir un obstacle si les porteurs de projets sont mal informés
4.6 Les organisations agricoles sont plus ouvertes aux petits projets que par le passé
Conclusion

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