La place des élevages BPN dans l’environnement agricole actuel

1.3 De l’opportunité d’une relance
1.3.1 Le souhait de la Société des Eleveurs
Un article publié dans le rapport d’orientation du compte-rendu de l’Assemblée Générale du 15 décembre 1999 détaille le plan de relance. Il fait suite au mémoire de fin d’études de Grégoire BROSSARD en 1999. La conclusion étant qu’il est tout à fait possible de vivre de l’élevage de la Bretonne Pie Noir, un plan de relance est proposé. Il comporte quatre grands axes :
– Poursuivre et renforcer les mesures du plan de sauvegarde ;
– Accroître la connaissance de la race (mensuration du cheptel, …) ;
– Promouvoir la race et les produits qui en sont issus ;
– Développer de nouveaux élevages ;
– Améliorer le fonctionnement interne – développer la communication entre éleveurs. Les efforts de communication ont été importants ces dernières années : présence annuelle au salon de l’agriculture à Paris, au festival de l’élevage à Quimper, organisation d’un concours interdépartemental tous les 3 ou 4 ans, rédaction de nombreux articles dans les quotidiens régionaux, parution d’un bulletin de liaison trimestriel entre éleveurs («Bonne Pour Nous»), édition d’une plaquette grand public (Annexe B) mais aussi de fiches de références technico-économiques…
Dans les années 1990, une vague d’installations donne des perspectives à la Société des Eleveurs. En 1999, on espère atteindre 6 nouvelles installations par an en 2006. Mais cet objectif n’est pas atteint. La Société des Eleveurs n’enregistre qu’une ou deux installations professionnelles par an dans les années 2000.
Le plan de relance est à nouveau revisité et approfondi par le Conseil d’Administration de la Société des Eleveurs en 2006. Quelque peu modifié, il est présenté par Pierre QUEMERE. Il est adopté à l’unanimité par le Conseil d’Administration le 11 avril 2007. Il comporte trois volets : les 5 objectifs prioritaires, les freins à lever pour la relance et les moyens à mettre en oeuvre (tableau 2).
L’action pioritaire consiste à installer un nombre significatif d’agriculteurs en Bretonne Pie Noir. Il est clairement établi que la Société des Eleveurs place l’installation au coeur du programme de relance.
1.3.2 La place des élevages BPN dans l’environnement agricole actuel
Depuis la directive nitrate de 1993, les eaux bretonnes ne sont toujours pas conformes à la réglementation européenne. Aujourd’hui, les menaces de sanctions financières sont importantes. L’enjeu est de «trouver les voies d’un développement agricole qui économise les intrants, améliore la valeur ajoutée et abaisse la pollution» (COHERENCE DEVELOPPEMENT DURABLE et al., 2007). Les élevages de Bretonne Pie Noir répondent à ces objectifs : tous les éleveurs ont des pratiques extensives. La moitié des éleveurs professionnels sont certifiés en Agriculture Biologique.
Quatre piliers de la durabilité des exploitations
Figure 5 : Quatre piliers de la durabilité des exploitations. (LANDAIS, 1998)
Les exploitations atypiques ont fait l’objet, en 2006, d’une étude commandée par les ADASEA du Finistère, de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, associées au CNASEA. Pour ces organismes, une exploitation est dite atypique si elle répond à, au moins, deux des trois critères suivants (VINATIER ROCHE, 2006):
– plus de 50 % de la commercialisation est réalisée en dehors des circuits classiques de commercialisation, essentiellement en circuit court de type vente directe ;
– la production fait appel à une variété et/ou une race locale peu commune ou le type de production est peu courant, c’est-à-dire présent dans moins de 1 % de l’ensemble des exploitations du département ;
– l’exploitation est diversifiée dans ses activités : plus de 30 % du temps de travail ou plus de 50 % du chiffre d’affaires sur l’exploitation est consacré à une activité secondaire de nature agricole (accueil, restauration, hébergement, transformation, autres services, mode de production original).
Les systèmes en Bretonne Pie Noir rentrent donc dans le cadre des systèmes atypiques non conventionnels.
C’est aussi le cas pour environ 3 % des exploitations des départements enquêtés. La difficulté essentielle des installations atypiques est le manque de reconnaissance et de validation de la part du monde agricole. Vu leur diversité, les projets sont «relégués dans la marginalité». Par ailleurs, les porteurs de projets ont du mal à trouver le peu de surface nécessaire du fait du manque de confiance : les cédants ou les propriétaires se méfient et pensent qu’ils ne seront pas solvables. Il est vrai que les revenus sont très hétérogènes, souvent inférieurs à ceux des «classiques». Pourtant, ce type d’exploitations existe depuis longtemps et sa présence sur le territoire, discrète, semble stable sur les 15 années observées (1990 à 2005). Les exploitations sont tout aussi viables que les autres, grâce à une valeur ajoutée supérieure et un endettement plus faible.
Dix ans après l’installation, la fréquence des échecs est la même que pour l’ensemble des installations aidées : autour de 10 %. L’installation des atypiques se fait souvent progressivement, afin de limiter les risques. Il s’agit souvent de projets à caractère très personnel.
Les agriculteurs atypiques portent, de façon très homogène, attention à la qualité de l’eau, des sols, à la biodiversité.
Les atypiques, parmi lesquels les élevages de Bretonne Pie Noir, répondent au concept de durabilité (figure 5) et pourraient donc «constituer un modèle, dans un contexte morose d’installations» (VINATIER ROCHE, 2006).

En résumé…
La race bovine Bretonne Pie Noir est l’une des grandes races françaises à l’orée du XXè siècle (500 000 têtes en 1900). Les «trente glorieuses» ont failli lui être fatale (15 000 têtes en 1975).
En 1976, est mis en place un programme de sauvegarde, le premier en France dans une race bovine en péril, avec 311 vaches chez 46 éleveurs. Des systèmes innovants sont imaginés par de jeunes éleveurs, généralement basés sur la vente directe. La rentabilité est là.
Le programme de sauvegarde se transforme en un programme de relance, conforté en 2006. Au coeur de celui-ci, figure prioritairement l’installation de nouveaux agriculteurs sur des systèmes que l’on pourrait qualifier à «Haute Qualité Environnementale» pour reprendre une norme utilisée dans le secteur du bâtiment. En effet, la faiblesse des intrants et le fonctionnement à l’échelle locale inscrivent ces systèmes agricoles dans les principes du développement durable. Ils doivent aussi s’inscrire dans un cadre réglementaire strict.

L’installation en exploitation bovine Bretonne Pie Noir : opportunités, freins et perspectives
Mémoire de fin d’études
ENESAD Option Animal Espace Produit
Sommaire :
1 Contexte
1.1 La race bovine Bretonne Pie Noir
1.2 Le cadre socio-économique et réglementaire
1.3 De l’opportunité d’une relance
3 Résultats
3.1 Spécificités des élevages de Bretonne Pie Noir
3.2 Environnement des installations en Bretonne Pie Noir
4 Discussion et propositions
4.1 Des porteurs de projet s’intéressent à la Bretonne Pie Noir
4.2 Les effectifs actuels permettent une certaine disponibilité en animaux
4.3 Les systèmes en Bretonne Pie Noir sont viables économiquement
4.4 Le foncier reste un gros problème pour s’installer
4.5 La réglementation peut devenir un obstacle si les porteurs de projets sont mal informés
4.6 Les organisations agricoles sont plus ouvertes aux petits projets que par le passé
Conclusion

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