Parcours professionnel des sages-femmes et l’installation en libéral

Parcours professionnel des sages-femmes et l’installation en libéral

Troisième partie : Discussion

1) Parcours professionnel avant l’installation

La première série de questions exploitées dans le questionnaire a permis de mettre en évidence le fait que les sages-femmes libérales proviennent de tous les horizons : leurs carrières avant l’installation en libéral sont toutes très différentes.

Cependant, dans le cadre de la formation médicale continue et avant même leur projet d’installation en libéral, ces sages-femmes s’orientaient davantage vers des formations axées sur la physiologie, notamment en préparation à la naissance.

Enfin, nous avons eu la confirmation que les sages-femmes avaient rarement eu l’occasion de pratiquer des activités comme le suivi de grossesse, la préparation à la naissance et la rééducation périnéale avant leur installation en libéral.

2) Installation en libéral

En moyenne, les sages-femmes s’installent après 10 ans d’exercice, mais ce délai est très variable selon les sages-femmes. En outre, près de 10% des sages-femmes de notre échantillon se sont installées en libéral avant 2 ans d’expérience professionnelle.

L’âge moyen à l’installation pour les sages-femmes de l’échantillon est de 34 ans mais ce chiffre est également très variable.

Par ailleurs, il semble que les sages-femmes ont tendance à l’heure actuelle à s’installer en libéral de plus en plus jeune ou dans un délai après l’obtention du diplôme de plus en plus réduit. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons sélectionné dans notre base de données les sages-femmes s’étant installées avant 5 ans d’expérience préalable. Elles sont au nombre de 24 sur les 75 (soit 32%). Parmi celles-ci, 11 sont diplômées depuis les années 2000, 9 entre 1990 et 1999 et 4 avant 1990.

Il paraît donc se confirmer que les sages-femmes s’installent plus rapidement en libéral, mais il faudrait disposer d’un échantillon de population plus important pour en être certain.

Il serait intéressant de comprendre les raisons de ce phénomène. La dégradation des conditions de travail en milieu hospitalier avec la fermeture des petites maternités semble être aujourd’hui une des explications les plus probables à ce phénomène.

Les sages-femmes sont avant tout attachées à un accompagnement humain de la grossesse, au plus près des attentes des femmes, or, cela devient de plus en plus difficile à mettre en place dans les maternités dont l’activité ne cesse de croître chaque année.

Les sages-femmes libérales de notre échantillon ont en moyenne 41,3 ans. Ceci semble cohérent avec les données les plus récentes du Conseil National de l’Ordre (cf page 14) qui estimaient en 2006 l’âge moyen des sages-femmes libérales à 43 ans.

De plus, comme nous venons de le souligner, la population des sages-femmes libérales à tendance à se rajeunir depuis quelques années. Contrairement donc à ce que nous supposions comme biais, l’âge des sages-femmes de notre échantillon semble plutôt être représentatif de la population générale des sages-femmes libérales.

3) Activités exercées en libéral

Les sages-femmes libérales proposent des activités très nombreuses et variées. Rares sont celles qui se sont spécialisées dans seulement quelques domaines.

53,3% des sages-femmes libérales de notre échantillon proposent un panel d’activité entrant dans un accompagnement semi global de la maternité, c’est-à-dire allant du suivi médical de la grossesse à la période post natale mais sans la pratique des accouchements.

13,3% pratiquent l’accompagnement global, c’est-à-dire avec accouchement (soit à domicile soit en plateau technique).

Ce relatif faible taux d’accompagnement global, qui est pourtant l’essence même du métier de sage-femme peut s’expliquer par plusieurs raisons :

  • * Le problème des assurances pour les accouchements à domicile.
  • * La difficulté d’accès aux plateaux techniques.
  • * L’inexistence à l’heure actuelle de maisons de naissance, pourtant largement développées dans les pays voisins.
  • * Le temps et la disponibilité que demande la pratique des accouchements.
  • * La faible rémunération de l’accouchement pour la sage-femme malgré la disponibilité induite et le temps nécessaire à son accompagnement (312,70 € au tarif conventionné).

Les activités les plus répandues au sein des cabinets libéraux sont la rééducation périnéale et la préparation à la naissance et à la parentalité. En effet, ce sont des activités pour lesquelles la demande est importante puisqu’elles sont de moins en moins proposées dans les maternités

Beaucoup de sages-femmes libérales s’investissent dans le soutien à l’allaitement maternel en proposant aux mères des consultations d’allaitement. En effet, le taux de femmes allaitant au sortir de la maternité est en augmentation et les femmes se retrouvent souvent en difficulté avec leur allaitement tant la durée de séjour en maternité se réduit. Les sages-femmes libérales sont alors les interlocutrices privilégiées pour répondre à cette demande.

4) Formations

Plus de la moitié des sages-femmes (63%) font au moins une formation spécifiquement pour les besoins de leur installation en libéral.

Dans 85%, il s’agit de formations à la rééducation périnéale. En effet, comme nous l’avons vu, les sages-femmes ont très peu l’occasion de pratiquer cette activité en dehors de l’exercice libéral et la formation initiale ne donne que très peu de bases sur le sujet. De plus, la rééducation périnéale répond à une forte demande des femmes.

Les autres formations les plus plébiscitées par les sages-femmes en vue d’une installation en libéral sont celles en préparation à la naissance et à la parentalité. Là aussi, cette demande trouve son explication dans le fait que cette activité soit de plus en plus rarement offerte aux sages-femmes dans les maternités alors que les besoins de la population de femmes enceintes en terme de préparation à la naissance sont importants.

Ainsi, nous avons bien pu vérifier nos deux hypothèses. La première hypothèse selon laquelle les sages-femmes suivaient des formations pour les besoins de leur installation en libéral se vérifie pour près des deux tiers des sages-femmes. Les justifications de ces formations se retrouvent à la fois dans le souci de répondre à la demande des patientes et dans le besoin de mettre à jour des connaissances.

La deuxième hypothèse selon laquelle les sages-femmes ne faisaient pas de formations complémentaires motivées par leur installation en libéral se vérifie pour un peu plus du tiers des sages-femmes.

Seules 25% des sages-femmes justifient ne pas s’être spécialement formées car elles exercent les mêmes activités en libéral que dans leur précédent mode d’exercice. Ce faible taux montre que les activités développées en libéral sont différentes de celles des maternités.

Enfin, 40% des sages-femmes n’ayant pas fait de formations complémentaires affirment que leur formation initiale et continue leur était suffisante pour s’installer en libéral. Cela ne les empêche pas pour autant de se former par la suite à différentes activités.

En effet, les sages-femmes libérales poursuivent de nombreuses formations à partir de leur installation. Là aussi, ce sont les formations à la rééducation périnéale qui intéressent le plus les sages-femmes libérales.

Nous avons également constaté que les sages-femmes libérales avaient souvent suivi plusieurs formations différentes sur ce même thème, soit en accédant au niveau supérieur de la formation, soit en choisissant un organisme de formation différent du précédent.

Les sages-femmes libérales se forment aussi beaucoup en préparation à la naissance, dans un souci de varier les outils à proposer à leurs patientes.

La demande importante de soutien à l’allaitement exige de la part des sages-femmes libérales une excellente maîtrise de ce thème. Ainsi, nombreuses sont celles qui ont suivi des formations complémentaires en allaitement maternel, voire des diplômes universitaires en lactation humaine et allaitement.

Les sages-femmes libérales participent pour la plupart d’entre elles aux journées officielles de formation médicale continue (congrès, assises, colloques), mais le principal frein à leur participation est le coût.

En effet, le FIP-PL ne prend pas en charge ce type de journées de formations. Il serait peut être intéressant qu’une prise en charge financière de ces formations soit envisagée à l’avenir, afin que les sages-femmes libérales puissent toujours se tenir au plus près des avancées médicales en gynécologie-obstétrique.

Pour cela, les thèmes abordés lors de ces formations devraient aussi pouvoir trouver une application directe pour l’exercice des sages-femmes libérales.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top