Les spécificités d’un fonds à formule, Définition

Les spécificités d’un fonds à formule, Définition

SECTION 2

LES SPECIFICITES D’UN FONDS A FORMULE

A. A la recherche d’une définition

1. Comment définir un fonds à formule ?

A travers la presse écrite, de nombreuses expressions apparaissent pour définir un fonds à formule. Il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver parmi les « fonds à promesse », « fonds structurés », « fonds protégés » ou autres « fonds garantis ». Il m’a donc paru nécessaire d’expliquer ces différents termes aux réalités diverses et de mettre l’accent sur certaines nuances afin de mieux comprendre ce qu’est au juste un fonds à formule.

En commençant mes recherches pour ce mémoire, je me suis souvent interrogée sur le vocabulaire utilisé pour parler d’un fonds à formule. Je me suis donc tournée vers un professionnel afin d’éclaircir quelques points. A la question « Existe-t-il une différence entre un fonds garanti et un fonds à formule ? », la réponse fut surprenante : « Aucune » me répondit Maafoud Saadouni, gérant de fonds diversifiés chez Natexis Asset Management.

En pratique, les professionnels parlent indifféremment de fonds à formule, fonds garantis ou fonds à promesse. Toutefois, M. Saadouni admettra par la suite qu’il existe quelques subtilités. Il est vrai que la classification « OPCVM à formule »4 a été introduite récemment et n’est donc pas encore bien assimilée, même par les professionnels eux-mêmes qui y voient des subtilités juridiques les différenciant des autres fonds garantis, protégés ou à promesse.

C’est donc en me tournant vers les documents de référence de l’AMF que j’ai pu découvrir que ces expressions étaient belles et bien utilisées de manière abusive. Il apparaît donc utile de faire le point sur ces différentes expressions souvent associées aux fonds à formule. Mais penchons-nous tout d’abord sur la définition de l’AMF5 d’un fonds à formule :

« un fonds à formule est un fonds dont l’objectif est d’offrir une performance conditionnelle définie en fonction de l’évolution d’un indice, d’un panier d’indices ou de valeurs ou d’une composante de ces indices ou valeurs.

Pour cela, l’OPCVM6 s’engage à atteindre, à une date déterminée, un montant obtenu par l’application mécanique d’une formule de calcul prédéfinie , reposant sur des indicateurs de marchés financiers ou d’instruments financiers. » Par ailleurs, notons que cette performance promise (la formule) fait généralement l’objet d’une garantie délivrée par un tiers, la société de gestion ne pouvant s’engager sur ses fonds propres vis à vis de l’investisseur. De plus, les fonds à formule sont généralement assortis d’une protection totale ou partielle du capital.

43 L’instruction COB de Novembre 2003 relative au prospectus complet a instauré la classification “fonds à formule”, se substituant à la classification “garantis ou assortis d’une protection”.

54 Extrait de la revue de l’AMF “Les clés pour comprendre; L’investisseur en SICAV et FCP”,Novembre 2004.

65 De fait, principalement des fonds communs de placement (FCP), la structure de SICAV paraissant peu adaptée.

2. Quelques comparaisons

a) Fonds à formule et fonds garantis

Il faut savoir que l’appellation « fonds garantis » est plus large que celle de fonds à formule. Ainsi selon l’AMF, moins de 50% des fonds garantis sont des fonds à formule et seuls les deux tiers des fonds à formule sont classés « fonds garantis ».

Un OPCVM garanti « consiste à superposer à un OPCVM classique un contrat de garantie qui permet de neutraliser tout ou partie des aléas du marché »7. On est donc loin de la définition du fonds à formule de l’AMF. En effet, un fonds garanti peut autant être un fonds monétaire, qu’un fonds obligataire ou encore actions, assorti d’une garantie en capital. La classification Europerformance nous illustre bien de la diversité des fonds garantis :

Fonds à formule et fonds garantis

Source : Europerformance

7 Extrait du Bulletin COB n°257 Avril 1992

  1. (1) : « Gestion garantissant le montant de la valeur liquidative initiale sous réserve du blocage des capitaux pendant une période donnée »
  2. (2) : « Gestion garantissant le montant de la valeur liquidative initiale majoré d’un taux de rémunération minimum sous réserve du blocage des capitaux pendant une période donnée»
  3. (3) : « Gestion garantissant le montant de la valeur liquidative initiale majoré d’un pourcentage d’un indice boursier sous réserve du blocage des capitaux pendant une période donnée »
  4. (4) : « La performance de l’OPCVM est liée à la performance d’un indice boursier ou d’un panier d’actions. Une garantie coussin permet d’atténuer la baisse en cas de chute des marchés »
  5. (5) : « Gestion garantissant une partie de la valeur liquidative initiale majorée éventuellement d’un pourcentage d’un indice boursier ou d’un panier d’indices ».

Il paraît donc abusif de parler indifféremment de fonds à formule et de fonds garantis. La classification « fonds à formule » est bel et bien « à part » et il convient de ne pas tout mélanger !

b) Fonds à formule et fonds protégés

La notion de « fonds protégés » est à rapprocher avec celle « d’OPCVM à garantie partielle ». Ils permettent de répondre à un double objectif de sécurité et de rendement. La garantie porte sur une partie du capital investi.

Le porteur peut donc perdre une partie de sa mise de fonds initiale en cas d’évolution défavorable des marchés mais sa perte est en tout état de cause limitée. Les fonds protégés peuvent être assimilés à des fonds à formule s’ils présentent une promesse de performance indexée sur un indice, un panier d’actions ou encore un panier d’indices. Dans ce cas, ils représentent une partie de la famille des fonds à formule : celle à garantie partielle.

c) Fonds à formule et fonds à promesse

Les fonds à promesse répondent au seul objectif de performance : obtenir à l’échéance un rendement dont le niveau est annoncé lors de la souscription mais subordonné à la réalisation de certaines conditions. Ils peuvent ne comporter aucun engagement sur le capital même s’ils sont le plus souvent assortis d’une garantie partielle. Le porteur peut donc perdre une partie du capital initialement investi si les conditions ne sont pas réalisées. On peut donc assimiler les fonds à promesse à des fonds à formule à garantie partielle.

d) Fonds à formule et fonds structurés

Selon Robert Vedeilhié8, spécialiste des produits structurés, « les produits structurés résultent de la combinaison d’actifs financiers élaborés et côtés sur un marché interbancaire de gré à gré à échéance déterminée.

Ils sont crées en combinant une opération de taux et une ou plusieurs options en fonction des anticipations des investisseurs. Le caractère optionnel inhérent à chaque produit structuré induit par conséquent une performance liée à un sous- jacent (taux, change, action, indice, panier d’actions ou d’indices, etc) ». Un fonds à formule appartient bien à la famille des fonds structurés. Nous rentrerons davantage dans les détails lors de l’étude de leur fonctionnement et de leur structuration.

B. Le fonctionnement d’un fonds à formule

1. L’environnement financier

a) Nature juridique : le Fonds Commun de Placement (FCP)

Les FCP ont été crées par la loi du 13 juillet 1979. D’un point de vue juridique, il s’agit d’une copropriété de valeurs mobilières sans personnalité morale. Le régime est donc celui d’une indivision dont les parts sont nominatives.

Ils sont crées à l’initiative d’une société commerciale chargée de sa gestion (la société de gestion) et d’une personne dépositaire des actifs du fonds (le dépositaire). Les actifs des FCP (comme ceux des SICAV) doivent comporter au moins 90% de valeurs mobilières cotées ou négociables. La règle de division des risques introduit une limite de principe de 5% maximum pour les actifs issus d’un même émetteur.

Les fonds communs de placement procurent une grande souplesse, car leurs parts peuvent être achetées ou vendues en tout temps à leur valeur au marché, moins les frais applicables, le cas échéant.

Cette forme juridique est donc aujourd’hui nettement préférée aux SICAV grâce à cette souplesse de fonctionnement venant en partie de l’absence d’actionnaires.

b) La société de gestion

Une multitude d’acteurs interviennent lors de la création puis lors de la vie d’un fonds à formule au sein de la société de gestion. Nous pouvons mentionner entre autres les ingénieurs financiers, l’équipe Marketing et Communication, les gérants, le service des risques ou encore la direction juridique. Bref, toutes les directions de la société de gestion collaborent pour offrir le produit optimal sur le marché.

Bien que la société de gestion gère les actifs d’un fonds, la loi lui défend de jouer le rôle de conservateur des titres. Cette mission sera alors confiée à un dépositaire unique et distinct de la société de gestion.

c) Le dépositaire

Le dépositaire exerce la fonction de conservateur des titres. Il s’assure du dénouement des opérations en titres et en espèces, sur les comptes titres et les comptes espèces ouverts au nom de l’OPCVM dans ses livres. Il est également responsable de la garde des actifs contenus dans le portefeuille. Enfin, il a pour obligation d’informer la société de gestion des opérations relatives aux titres conservés pour son compte.

Dans la mesure où la fonction de conservation appartient au dépositaire, elle ne peut être contrôlée par lui-même. Cette mission est donc confiée à un Commissaire aux Comptes.

d) Le Commissaire aux Comptes

Afin de fiabiliser l’information financière, la loi impose le recours aux Commissaires aux Comptes pour s’assurer du contrôle et de la certification des comptes. Le Commissaire aux Comptes est donc incontournable dans la gestion des OPCVM. Sa certification est le signe de fiabilité des informations émises et concourt par là-même à la transparence et à la sécurisation de l’économie.

C’est en effet dans ce cadre que la société de gestion fournit, tous les trois mois, au Commissaire aux Comptes, un compte-rendu détaillé de toutes les valorisations, des incidents s’y rattachant ainsi que de tous les détachements d’argent survenus au cours de la période.

Il faut savoir que le Commissaire aux Comptes ne délivre pas une attestation de bonne gestion et ne garanti ni la rentabilité ni la pérennité de l’entité. Il émet simplement un avis sur l’exactitude des comptes et ce, sur la base des diligences mises en œuvre et des normes reconnues.

2. Caractéristiques propres

a) Une période de souscription limitée

Les fonds à formule sont généralement « fermés », c’est-à-dire qu’ils ne sont commercialisés que pendant une période de souscription relativement courte, de quelques semaines à quelques mois. Cette période peut être écourtée si la totalité des parts a été souscrite avant la date de clôture des souscriptions.

Après cette date, il est toutefois encore possible de souscrire (notamment lorsque le fonds n’a pas pu placer toutes ses parts ou lorsque des parts ont été revendues par leurs porteurs) mais dans ce cas les droits d’entrée sont fortement majorés : par exemple, 5% contre 3% pendant la période de souscription. Pire encore, certains fonds n’accordent pas leur garantie en capital lorsque les parts sont souscrites après la date de clôture des souscriptions.

b) Un placement de long terme et des frais non négligeables

Investir dans un fonds à formule c’est choisir un placement de long terme. La période d’investissement varie en moyenne de 3 à 8 ans. L’investisseur ne doit donc pas être trop pressé de récupérer ses fonds et subit ainsi un risque de liquidité. Le porteur peut néanmoins sortir à tout moment du fonds, c’est-à-dire demander le rachat de ses parts mais il ne percevra pas la rémunération promise et risquera de perdre une partie de son capital.

De plus, la plupart des fonds prévoient le versement de frais de sortie souvent dissuasifs en cas de sortie anticipée (de l’ordre de 3% à 5% du capital récupéré), alors que ces frais ne s’appliquent pas en cas de sortie à l’échéance du fonds (les frais d’entrée étant déjà de l’ordre de 1% à 3%).

Certains fonds permettent toutefois de sortir par anticipation sans supporter de pénalités (fenêtres de sortie privilégiées) ou avec des pénalités réduites, mais cette sortie ne peut intervenir qu’aux « dates anniversaires » du fonds, en contrepartie, la rémunération promise est généralement revue à la baisse.

c) Une garantie en capital

Il s’agit d’assurer au souscripteur une garantie totale ou partielle de son capital de départ (hors droit d’entrée) quelle que soit l’évolution des marchés. Il faut savoir que la garantie en capital n’est valable que si l’investisseur conserve son placement jusqu’à l’échéance. Ainsi, en sortant du fonds avant l’échéance pendant une conjoncture défavorable, l’investisseur risque de perdre une partie de son capital.

d) Une fiscalité avantageuse

Les fonds à formule peuvent être logés aussi bien dans un Plan d’Epargne en Actions (PEA) que dans un contrat d’Assurance Vie. Ces enveloppes fiscales constituent un réceptacle bien adapté aux fonds à formule puisque l’avantage fiscal n’est accordé qu’au prix d’un blocage de l’investissement pendant une durée déterminée (5 ans pour le PEA et 8 ans pour le contrat d’Assurance Vie) qui coïncide généralement avec la durée du fonds à formule lui- même. En conjuguant avantages fiscaux et protection du capital, les fonds à formule ont rapidement représenté le fer de lance des établissements bancaires.

e) Une gestion passive

Les fonds à formule sont gérés de façon passive, contrairement à d’autres fonds garantis ayant recours à la méthode dite « du coussin ». En effet, une gestion dynamique ne peut correspondre au mode de gestion de ces fonds car, comme le souligne Maafoud Saadouni, « l’allocation est figée dès la création du fonds ». Les fonds garantis à gestion dynamique n’entrent donc pas dans la classification fonds à formule tel que l’entend l’AMF.

Quel est donc l’impact d’un tel mode de gestion ? La conséquence est la suivante : quoiqu’il arrive entre la création du fonds et l’échéance prévue pour la livraison de la performance, la société de gestion n’interviendra pas, même si l’évolution de la valeur liquidative s’avère défavorable pour les porteurs.

Maafoud Saadouni précise néanmoins que le mode de gestion n’est, pour lui, pas purement passif : « ces fonds ne sont tout de même pas laissés dans la nature, l’existence d’une multitude d’intervenants fait qu’un contrôle et un suivi de ces fonds sont réalisés au jour le jour ».

f) La formule : la promesse d’une performance
i) Composition de la formule

A l’inverse des fonds traditionnels dont les performances correspondent à la réalité de la gestion, les résultats des fonds à formule reposent sur un scénario établi au moment de la souscription. Ce scénario peut être celui de la hausse d’un indice (le CAC 40 ou le Dow Jones, par exemple), d’un panier de valeurs mobilières ou encore d’un panier d’indices.

L’engagement de performance peut être directement indexé sur l’évolution du sous-jacent lui- même mais il peut également consister en une rémunération conditionnelle, c’est-à-dire dont le montant est connu à l’avance mais qui ne sera effectivement versé au porteur que si certaines conditions liées au sous-jacent se sont réalisées.

Chaque fonds a sa propre recette et est conçu en fonction d’un scénario anticipé. Les fonds à formule sont donc tous différents, ils sont lancés lors de configurations de marchés diverses.

Simple dans son principe, l’engagement de performance dépend en pratique du mode de calcul retenu pour enregistrer la progression du sous-jacent. Ce calcul peut être effectué de date à date ou à partir de moyennes trimestrielles ou semestrielles.

ii) Quelques applications simples

* Exemple 1 : Fonds protégé / Fonds à garantie totale

Lorsque l’engagement de performance est indexé sur l’évolution du sous-jacent (par exemple, 60% de la progression du CAC 40), le porteur recevra à l’échéance son capital augmenté de 60% de l’évolution du CAC 40. Cela signifie que si le CAC 40 s’est apprécié de 50% pendant la période, la performance du fonds sera de 30% à l’échéance (60% de 50%).

Avec une mise initiale de 1 000 €, le porteur recevra donc 1 300 € à l’échéance. Mais si le CAC 40 est resté stable ou a diminué, il est assuré de récupérer sa mise de fonds initiale s’il s’agit d’une garantie totale, ou une partie de celle-ci s’il s’agit d’un fonds protégé.

En règle générale, le pourcentage de participation à la hausse du sous-jacent est plus élevé pour un fonds protégé que pour un fonds à formule à garantie totale mais le plus souvent ce pourcentage est appliqué sur la seule valeur du capital garanti.

Ainsi, pour un fonds protégé qui garantit 80% du capital investi avec un engagement de performance représentant 80% de la hausse du CAC 40, si le CAC 40 s’est apprécié de 50% ; le porteur recevra à l’échéance 1 320 € pour un investissement initial de 1 000 €, soit son investissement initial de 1 000 € + [800 (montant garanti) x 80% x 50%], soit à peine plus que pour un fonds à formule garantissant 100% du capital et offrant 60% de l’évolution du CAC 40. Dans l’hypothèse inverse, c’est-à-dire si la valeur du CAC 40 a diminué, il ne récupéra que 800 € sur les 1000 € investis au départ.

* Exemple 2 : performance selon le mode de calcul d’enregistrement de l’évolution du sous-jacent :

Prenons l’exemple d’un fonds d’une durée de 3 ans (elle est relativement courte mais elle peut correspondre à la durée d’un fonds à promesse) dont les performances sont indexées sur l’évolution d’un indice ; on suppose que la valeur de cet indice évolue de la manière suivante, avec t représentant la date de clôture des souscriptions.

TT + 6 moisT + 12 moisT + 18 moisT + 24 moisT + 30 moisT + 36 mois
3 5503 2003 5004 0006 5005 5005 200

Hypothèse 1 : La progression de l’indice est calculée de date à date, l’indice enregistre donc sur la période une progression de 46% ( 5 200 / 3 550).

Hypothèse 2 : La progression de l’indice est calculée à partir de la moyenne pondérée de ses valeurs semestrielles. La moyenne pondérée ressort à 4 650 points et la progression du sous-jacent est de 31% (4 650 / 3 550).

Avec une mise initiale de 10 000 € et un engagement de performance de 60% de l’évolution de l’indice, le porteur recevra à l’échéance :

– Dans la première hypothèse : 12 760 € (60% de 46%) soit un rendement de 27.60% sur 3 ans, correspondant à un taux actuariel annuel de 8.46%

– Dans la seconde hypothèse : 11 860 € (60% de 31%), soit un rendement de 18.60%, équivalent à un taux actuariel annuel de 5.85%.

3. Typologie des fonds à formule

Comme nous l’avons dit précédemment, deux types de sous-jacents sont principalement utilisés :

– Les indices ont été les premiers à être proposés. Certains grands réseaux orientent davantage leur offre vers ces sous-jacents en considérant que la commercialisation de produits non indiciels présente plus de risques.

– Les paniers d’actions peuvent être, de manière simple, des paniers fixes qui restent stables sur la durée de vie du fonds et dont la performance finale est une moyenne arithmétique des cours constatés, ou bien des « paniers fondants » qui éliminent certaines valeurs en cours de vie du fonds selon des critères prédéterminés, ou encore des « paniers à cristallisation » qui figent le cours de certaines valeurs selon des conditions préétablies pour toutes les dates de constatations ultérieures.

Ce type d’indexation présente néanmoins le risque important de voir une ou plusieurs valeurs se marginaliser significativement pendant la vie du produit.

Par ailleurs, notons qu’il existe des fonds dits « à cliquets » où la hausse éventuelle des actions ou de l’indice boursier est « gelée » soit à des moments définis à l’avance, soit dès qu’un certain pourcentage de hausse est atteint, soit encore si telle ou telle condition est remplie. Par exemple, certains fonds vont promettent que si, après deux ans, l’indice boursier a grimpé de 25%, ces 25% sont gelés et vous sont acquis, quelle que soit l’évolution ultérieure de la Bourse.

Afin de mieux appréhender les différentes logiques de mise en œuvre dans les fonds à formule, deux types9 peuvent être distingués :

9 Typologie mise en avant dans la consultation publique de la COB sur la régulation des fonds à formule en Novembre 2003

– Les fonds « participatifs » qui offrent une participation à une performance portant sur des paniers d’instruments financiers ou des composantes d’instruments financiers (au plus simple, un OPCVM offrant 70% de la hausse du CAC 40 ou de la hausse moyenne d’un panier de valeurs, avec une garantie à 100% du capital). Ces fonds peuvent jouer sur la proportion protégée du capital pour accroître le taux de participation (voire proposer un taux de participation substantiellement supérieur à 100%) ;

– Les fonds « à coupon » ou « à barrière » pour lesquels le revenu ou la performance sont préfixés en valeur absolue et conditionnels à la réalisation de certains événements sur des valeurs mobilières ou des indices. Ainsi, peut être présenté l’exemple simple d’un OPCVM offrant 200% de sa valeur initiale si aucune action d’un panier de 12 valeurs n’a baissé de plus de 35% par rapport à son cours initial et 95% du capital souscrit sinon.

Les fonds à formule sont une déclinaison ou une combinaison de ces deux logiques (participation et à barrière), parfois agrémentés de sophistications (par exemple, un panier fondant). Il faut souligner que des variations de la formule apparemment mineures aux yeux d’investisseurs non avertis peuvent en réalité en modifier substantiellement l’économie.

4. L’analyse d’une formule : exemple du fonds Zélis Garanti 4

Afin de mieux comprendre les formules proposées par certains fonds, partons d’un exemple : le fonds à formule Zélis Garanti 4 commercialisé par le groupe Natexis Banques Populaires qui fut lancé le 3 décembre 2003. La formule de ce fonds repose sur le principe de cristallisation de performances.

a) Présentation du fonds

L’objectif de gestion du FCP, dont la durée de vie est de 8ans, est d’offrir au porteur à l’échéance :

– Une garantie de 100% du capital (hors commission de souscription)

– Une indexation à hauteur de 80% de la meilleure performance constatée au cours de l’une des 8 dates anniversaire d’un panier de 8 OPCVM (présentés ci-après). A chacune de ces dates, la performance de l’OPCVM ayant enregistré la meilleure évolution par rapport à son niveau d’origine est cristallisée pour le reste de la durée du fonds.

– Une exposition aux marchés actions mondiaux (pour environ 75%) et aux marchés obligataires mondiaux (pour environ 25%).

La formule de ce fonds peut donc être exprimée de la façon suivante :

VLF = VL0 x (100% + 80% x Meilleure Performance du Panier)

avec VLF = Valeur liquidative à l’échéance et VL0 = Valeur liquidative initiale

b) Analyse de la formule

Interrogeons-nous tout d’abord sur les avantages et les inconvénients de cette formule. Parmi les avantages, nous pouvons citer :

– Une garantie égale à 100% de la valeur liquidative initiale.

– Une diversification actions/obligations permettent de réduire le risque global.

– Une réalisation de prise de profit sur les meilleures performances.

Quels inconvénients peuvent ressortir de cette formule ? Nous pouvons citer :

– Une indexation pouvant être jugée insuffisante ; la société de gestion ayant privilégié la protection intégrale du capital.

– Le porteur ne bénéficie pas des plus-values éventuelles postérieures aux dates auxquelles les OPCVM seront cristallisés. La performance du fonds pourra être différente de la performance du panier d’OPCVM durant la même période.

Afin de faciliter la compréhension de la formule, une application numérique semble nécessaire. Nous allons donc établir deux simulations selon un scénario favorable et défavorable. Ces deux situations reflètent les deux extrêmes : la croissance et la crise.

* Scénario favorable :

Nous allons nous fixer des hypothèses de rentabilité correspondant à une évolution favorable des marchés :

– Rentabilités annuelles des fonds actions comprises entre 27% et 29.5% pour les années haussières, et entre -5% et -2% pour les années baissières ;

– Rentabilités annuelles des fonds obligataires comprises entre 6.5% et 7% pour les années haussières, et entre -1% et – 0.5% pour les années baissières.

Quelle sera alors l’évolution des fonds sous-jacents dans le cadre de ce scénario ? Par simplicité, leur valeur liquidative initiale sera basée à 100. Le tableau ci-après nous donne cette information et nous permet de prendre connaissance du panier d’OPCVM.

Années012345678
Fructifonds Valeurs Européennes100.00129.50167.70159.32206.32267.18346.00448.07425.66
JPMF Asia Equity Fund100.00129.00166.41157.26202.86261.69337.58435.48411.53
Goldman Sachs US Growth Equity Portfolio100.00128.50165.12155.22199.45256.30329.34423.20397.81
Nordea 1 North American Value100.00128.00163.84153.19196.08250.99321.26411.22384.49
Parvest US Small Cap100.00127.50162.56151.16192.76245.77313.35399.53371.56
Tricolore Rendement100.00127.00135.89110.46143.95154.02164.81176.34143.37
CA-AM Oblig Europe (Produit de taux)100.00107.00114.49113.35121.28129.77138.85148.57147.09
Total Return (Produit de taux)100.00106.50113.42111.72118.96126.72134.95143.73141.57

Quelle est donc la performance de la formule ?

Au bout d’un an, on constate que la meilleure performance est réalisée par le fonds Fructifonds Valeurs Européennes. La valeur liquidative de 129.50 sera donc cristallisée jusqu’à l’échéance du fonds. Il en va de même pour les années suivantes.

Le tableau ci-dessous retrace les performances enregistrées :

Années012345678
Fructifonds Valeurs Européennes100.00129.50129.50129.50129.50129.50129.50129.50129.50
JPMF Asia Equity Fund100.00129.00166.41166.41166.41166.41166.41166.41166.41
Goldman Sachs US Growth Equity Portfolio100.00128.50165.12155.22155.22155.22155.22155.22155.22
Nordea 1 North American Value100.00128.00163.84153.19196.08196.08196.08196.08196.08
Parvest US Small Cap100.00127.50162.56151.16192.76245.77245.77245.77245.77
Tricolore Rendement100.00127.00135.89110.46143.95154.02164.81164.81164.81
CA-AM Oblig Europe (Produit de taux)100.00107.00114.49113.35121.28129.77138.85148.57148.57
Total Return (Produit de taux)100.00106.50113.42111.72118.96126.72134.95143.73141.57
Valeur du panier10122.88143.90136.38153.02162.94166.45168.76168.49
Performance du panier22.88%43.90%36.38%53.02%62.94%66.45%68.76%68.49%

1010 Le panier est équi-pondéré: chaque OPCVM intervient à hauteur de 12.5% dans le calcul de la valeur du panier.

La meilleure performance du panier est donc de 68.76%. Un investisseur ayant versé 100 € le 3 décembre 2003 recevra donc à l’échéance un montant égal à : 100 x [100% + (80% x 68.76%)] = 155.01 €.

Le taux actuariel est, dans ce scénario, de 5.63%.

* Scénario défavorable :

Comme précédemment, fixons-nous des hypothèses de rentabilité représentatives d’une évolution défavorable des marchés :

– Rentabilités annuelles des fonds actions comprises entre -5% et -2.5% ;

– Rentabilités annuelles des fonds obligataires comprises entre -1% et -0.5%.

Le tableau ci-après nous donne l’évolution des fonds sous-jacents :

Années012345678
Fructifonds Valeurs Européennes100.0097.5095.0692.6990.4488.6987.0184.9982.18
JPMF Asia Equity Fund100.0097.0094.0991.2788.5385.6482.3179.6576.02
Goldman Sachs US Growth Equity Portfolio100.0096.5093.1289.8686.7283.6880.7967.4464.27
Nordea 1 North American Value100.0096.0092.1688.4784.9381.5478.2874.8871.22
Parvest US Small Cap100.0095.5091.2087.1083.1879.4475.8672.3469.08
Tricolore Rendement100.0095.0090.2585.7481.4577.3873.5169.8366.34
CA-AM Oblig Europe (Produit de taux)100.0099.5098.6898.0797.4196.7396.1195.6995.02
Total Return (Produit de taux)100.0099.0098.0197.5396.8896.3095.5094.6094.00

Quelle sera dans cette situation défavorable la performance de la formule ?

Années012345678
Fructifonds Valeurs Européennes100.0097.5095.0692.6992.6992.6992.6992.6992.69
JPMF Asia Equity Fund100.0097.0094.0991.2788.5388.5388.5388.5388.53
Goldman Sachs US Growth Equity Portfolio100.0096.5093.1289.8686.7283.6883.6883.6883.68
Nordea 1 North American Value100.0096.0092.1688.4784.9381.5478.2878.2878.28
Parvest US Small Cap100.0095.5091.2087.1083.1879.4475.8672.3472.34
Tricolore Rendement100.0095.0090.2585.7481.4577.3873.5169.8366.34
CA-AM Oblig Europe (Produit de taux)100.0099.5099.5099.5099.5099.5099.5099.5099.50
Total Return (Produit de taux)100.0099.0098.0198.0198.0198.0198.0198.0198.01
Valeur du panier97.0094.1791.5889.3887.5986.2685.3784.93
Performance du panier-3.00%-5.83%-8.42%-10.62%-12.41%-13.74%-14.63%-15.07%

Dans ce scénario défavorable, la meilleure performance est donc de -3.00%. Un investisseur ayant investi 100 € récupérera son capital initial à l’échéance sans l’avoir fait fructifier ! On comprend alors vite l’enjeu d’une garantie intégrale du capital. En effet, si la garantie avait été partielle, l’investisseur aurait perdu une partie de ses fonds. Ce scénario est évidemment le plus défavorable qu’il soit, il reflète une période de crise boursière.

* Commentaires : Cet exemple nous montre les limites d’une cristallisation des performances. En période de forte croissance, une telle formule freine le potentiel de performance du fonds. C’est la principale critique que nous pouvons faire vis à vis de cette formule.

Notons par ailleurs que le taux de rendement actuariel de 5.63% réalisable dans le cadre du scénario favorable est à comparer avec le taux sans risque de référence égal à 3.60%11, ce dernier correspondant à la rentabilité certaine qu’un investisseur pouvait recevoir, le 20 juin 2003, sur un horizon de placement égal à celui du FCP. Le potentiel de performance du fonds paraît donc intéressant.

11 Il correspond à une extrapolation des taux de rendement actuariel du Strip OAT d’échéances 25 avril 2011 et 25 octobre 2011 constatés au 20 juin 2003 (source:Bloomberg).

Ce premier chapitre nous a permis de faire connaissance avec l’univers des fonds à formule et de comprendre leur principe de fonctionnement. Simples à l’origine, les formules proposées aujourd’hui par les sociétés de gestion sont de plus en plus sophistiquées, laissant s’interroger les investisseurs sur les techniques financières employées pour créer de tels produits. Le prochain chapitre aura donc pour objectif de répondre à cette interrogation.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les fonds à formule, historique et marché des fonds à formule
Université 🏫: Université RENE DESCARTES (PARIS V) - Faculté de Droit
Auteur·trice·s 🎓:
Sandrine QUIGUER

Sandrine QUIGUER
Année de soutenance 📅: Mémoire soutenu en vue de l’obtention du Master 2 Professionnel “Banque & Finance” - 2004/2005
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