La situation de la pauvreté au Congo (en RDC)
CHAPITRE II 

SITUATION DE LA PAUVRETE ET DE LA SANTE EN RDC

Le présent chapitre consiste à la description de la situation de pauvreté et de la santé dans laquelle vit la majorité de la population congolaise. Cette dernière situation sera exposée à travers des tableaux issus des différents rapports des enquêtes nationales ainsi que ceux qui retracent de manière exhaustive la situation socioéconomique du pays.

Section 1. Situation de la pauvreté en RDC

1.1. Profil de pauvreté monétaire

Depuis plusieurs décennies, la situation socioéconomique de la RDC laisse à désiré. La grande majorité de la population est pauvre et cette pauvreté, rappelons le, présente plusieurs facettes dont : la faiblesse des revenus ; la non satisfaction des besoins alimentaires ; les difficultés d’accéder aux soins de santé, à la scolarisation, à un logement décent, etc.

Selon l’enquête 1-2-3 de 2005, l’incidence de la pauvreté en RDC est de 71,3 %, la part du 1er quintile représentant les 20% de la population la plus pauvre dans la consommation nationale est de 7,8 % et la profondeur de la pauvreté estimée au cours de la même année est de 32,2 % (Min. Plan, DSCRP, 2010).

Selon les estimations du DSCRP de deuxième génération, l’incidence de la pauvreté a baissé d’un point entre 2005 et 2007, passant de 71,34 % à 70%. Toutefois, l’objectif quantitatif du DSCRP de 2006 qui était de passer sous la barre de 70% n’a pas été atteint. L’explication essentielle de cette situation est que la période 2006-2007 a été une période d’instabilité politique avec en toile de fonds l’organisation des élections présidentielle et législative.

1.1.1. Pauvreté non monétaire

Pour la plupart des indicateurs, il existe une disparité sur les aspects non monétaires de la pauvreté en RDC ; Kinshasa ainsi que le milieu urbain en général étant systématiquement les plus favorisés. Ainsi, pour la mortalité infanto-juvénile par exemple, elle est très élevée en 2007 pour les enfants issus de familles très pauvres (173) par rapport à ceux issus de familles très riches (84).

Tableau 2. Mortalité chez les enfants congolais selon les groupes socio- Économiques

Un an Cinq ans

MICS 2002EDS 2007MICS 2002MICS 2002EDS 2007MICS 2010
Le plus pauvre147113104248184172
Second138105101233177166
Moyen12995116219155194
Quatrième1249393209151151
Le plus riche7558581199788
Indice de concentration-0,1-0,09-0,08-0,11-0,1-0,1

Source : Institut National de la Statistique

Toutefois, il n’y a pas de fortes différences entre les classes moyennes, d’où un indice de concentration de -0,11. Autrement dit, la mortalité touche de façon presqu’identique tous les enfants congolais, sauf ceux très nantis (Min. Plan, DSCRP- 2, 2011).

Le milieu urbain semble moins touché (111 décès) que le milieu rural (174). Au niveau national, on remarque le taux de mortalité infanto-juvénile plus élevé que le taux de mortalité infantile.

Fig.1. Taux de mortalité infanto-juvénile et infantile (pour 1000 nais.vivantes)

Taux de mortalité infanto-juvénile et infantile (pour 1000 nais.vivantes)

Source : MICS-RDC 2010

Ainsi, que ça soit le taux de mortalité infanto-juvénile ou le taux de mortalité infantile, on remarque des disparités importantes entre le milieu urbain et le milieu rural. Ceci traduit l’intensité de la situation de précarité dans laquelle la population congolaise en général et la population vivant en milieu rural en particulier.

1.1.1.1. Education

L’analyse de l’ensemble des indicateurs du secteur de l’éducation montre une constante amélioration au cours des dix dernières années, grâce à un financement appréciable du secteur par l’Etat et les Bailleurs. En comparaison avec la situation antérieure, le pays semble mieux bien doter en infrastructures éducatives (dont près de 200 universités et instituts).

Cependant, la médiocre qualité des infrastructures offertes a un impact négatif sur leurs performances et place le pays loin des résultats qu’il aurait dû atteindre.

Outre les infrastructures, c’est l’ensemble du système éducatif du pays qui a besoin d’être amélioré, notamment sur le plan institutionnel. Le secteur fait encore face à de nombreuses contraintes qui touchent à la fois l’offre, la demande et la performance interne et externe du système. Ce secteur semble avoir résisté par endroit à la crise internationale de 2008.

Figure 2. Taux net de scolarisation au primaire

Taux net de scolarisation au primaire

Source : Comité CDMT

L’éducation est en progression constante dans le pays. La cible du gouvernement à travers le DSCRP-I était d’augmenter le taux brut de scolarisation au primaire de 64,0 % à 70.8 % de 2005 à 2007. Cet objectif est largement atteint par le Gouvernement puisqu’il s’établit à 101,0 % en 2007. Selon les deux enquêtes 1-2-3 (2005) et EDS (2007), le taux net de scolarisation au primaire (enfants de 6 à 11 ans) progresse également et passe de 55,1 % à 61,0 % pendant cette période.

Le taux net de scolarisation au secondaire passent de 25,8 % à 28,9 % au cour de cette même période. Le taux de survie au primaire (proportion des enfants commençant la première année d’étude dans le primaire et achevant la cinquième année était de 45 % en 2007. Le taux de déperdition reste élevé avec un niveau estimé à environ 25%.

S’agissant de l’alphabétisation générale de la population, son évolution montre des disparités entre les hommes et les femmes (respectivement 86% et 59 %). Cette différence du niveau d’alphabétisation selon le genre est plus accentuée entre le milieu rural et le milieu urbain.

1.1.1.2. Eau et Assainissement

Les statistiques disponibles montrent que, malgré les richesses en eau douce du pays, l’accès à l’eau potable reste faible en RDC. Selon une enquête réalisée en 2005, le taux d’accès à l’eau potable de la population congolaise a été estimé à 27,2%, contre un niveau avoisinant les 30% en 1990, montrant une régression de la desserte en eau potable déjà très insuffisante et inégalement répartie dans le pays.

En ce qui concerne l’assainissement, seule une faible fraction des ménages congolais a une toilette avec chasse d’eau connectée à l’égout (soit 2,5 % en 2007 contre 1,3 % en 2001). Sur la même période, 12% des ménages font leurs besoins dans la nature. En ce qui concerne les excréments des enfants, 24,0 % des ménages ne les traitent pas de façon hygiénique (c’est-à-dire, les jettent ou enterrent dans la cour).

En 2001, seuls 9% des ménages traitaient les eaux usées de façon adéquate (24% en urbain contre 3% en rural), tandis que 60% ne font pas usage de moyens hygiéniques pour se débarrasser des ordures ménagères.

La faible progression des taux d’accès dans ce secteur s’explique par la faible allocation des ressources de l’Etat, dans un contexte de stagnation des investissements publics globaux (19% sur la période 2006/2007 avec une baisse en 2008 à 13%) et les mauvaises pratiques en la matière par la population.

L’essentiel des dépenses dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, a été consacré à la maintenance et la rénovation des réseaux, d’où une faible augmentation de seulement 1% des taux de desserte. Le lancement par le gouvernement de plusieurs projets (29 sur 32 prévus) devrait permettre d’améliorer l’accès dans un avenir proche. Un grand effort de sensibilisation devra être réalisé auprès de la population pour l’inciter à mieux assainir son milieu de vie.

1.2. Orientation des dépenses publiques en RDC

Les efforts du gouvernement depuis un certain temps sont plus orientés vers la stabilisation du pays post conflits, surtout dans sa partie l’Est (qui connait encore une fois de plus une recrudescence d’instabilité), ce qui implique de fortes dépenses militaires.

De 2006 à 2008, les dépenses liées aux conflits ont influé significativement sur le déficit global, amenant parfois l’Etat à recourir à un financement monétaire de ses dépenses.

Une analyse fine de la structure des dépenses publiques montre aussi que sur la même période, les dépenses à fort potentiel de réduction de la pauvreté (les dépenses favorisant une création massive d’emplois, notamment les investissements publics) ont plutôt été réduites, tandis que les dépenses sociales (éducation et, santé particulièrement), dont les effets se font plus sentir à moyen et long termes ont plutôt stagné comme nous le montre les graphiques ci- dessous.

Fig.3. Composition des dépenses budgétaires par piliers stratégiques

Composition des dépenses budgétaires par piliers stratégiques

Source : Alain Lungungu, Dynamique des choix budgétaires dans un contexte post-conflit. Cas de la RDC.

Dans ce contexte, la prédominance des dépenses de souveraineté et de sécurité reflète les caractéristiques d’un pays post-conflit orienté par la nécessité de renforcer les institutions démocratiques et l’administration.

Les dépenses primaires hors personnel consacrées à la souveraineté et sécurité ont enregistré une augmentation continue de 7 pourcent du Produit Intérieur Brut à 11 pourcent durant la période 2004-11.

Cette évolution cadre avec le besoin éthique de conforter la paix sur le territoire national et de consolider le processus démocratique concrétisé par l’organisation des élections législatives et présidentielles de 2006, et récemment en novembre 2011, sur ressources internes du gouvernement.

Le poids important de ces dépenses de reconstruction de l’Etat, non divisibles mais incontournables, dans un contexte de capacités mobilisatrices des recettes limitées, laisse une marge étroite pour la mise en œuvre du programme de développement des infrastructures et de lutte contre la pauvreté.

Cette situation condamne la RDC à devoir réduire sa fragilité, grâce au recours au financement extérieur. D’où la difficulté de sortie de crise, car ces financements sont à leur tour soumis à de fortes conditionnalités, quelques fois, difficiles à internaliser par les administrations détruites par plusieurs années de conflits et de corruption.

Les dépenses pour l’amélioration du capital humain constituent l’épine dorsale de toute politique d’amélioration du bien être des populations. Elles portent principalement sur la santé, l’éducation, la culture et la protection sociale tel qu’exprimé dans le tableau situé en annexes (annexe 1).

La volonté du gouvernement de lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le pays se reflète à travers ces dépenses. Ces charges ont vu leur poids fléchir nettement sur la période, passant de 5,4 pourcent en 2004 à 4 pourcent en 2011 (cfr. Annexe 1), après avoir atteint un pic de 16,8 pourcent en 2007.

Malgré une hausse incontestable des dépenses liées au capital humain en terme nominal et par rapport au PIB (de 0,5% du PIB en 2004 à 0,6% du PIB en 2011), leur poids en relation à l’ensemble des dépenses primaires, hors personnel, a connu une stagnation sur la période 2008-11, qui cache cependant une augmentation notable entre 2004 et 2007, passant de 5,4% à un pic de 16,8%, pour ensuite diminuer progressivement jusqu’à 4,0% en 2011.

Le secteur de la santé, présente une évolution plus nuancée de son poids relatif dans les dépenses primaires hors personnel, avec un taux culminant à 7 % en 2007, qui a connu une chute drastique, pour atteindre 1,8 % en 2011.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Pauvreté des ménages: Accès aux soins de santé en RDC
Université 🏫: Université De Kinshasa
Auteur·trice·s 🎓:
KANA KIWE Junior

KANA KIWE Junior
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’Etudes - 2011
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