Usage des TIC dans la recherche d’emploi et de logement

Université de Toulouse II (Université de Toulouse Le Mirail)

Master 2 GLECOP

Mémoire Recherche – Action

Usage des technologies de l'information et de la communication dans la recherche d'emploi et de logement chez les jeunesUsage des technologies de l’information et de la communication

dans la recherche d’emploi et de logement chez les jeunes

GUYOMARD Christel

Commanditaire : Centre Régional de l’Information Jeunesse Midi Pyrénées

Encadrants universitaires : François FIERRO et Frédéric RODRIGUEZ

Septembre 2011

Remerciements

1. Chapitre 1 : Introduction

Cette étude a été réalisée dans le cadre du stage de fin d’étude de la formation sociologique GLECOP : « Gestion Locale : Étude et conduite de projet », elle a été commanditée par le Centre Régional d’Information Jeunesse de la région Midi Pyrénées et entrelace trois grands thèmes : l‘installation des nouvelles technologies telles qu‘Internet et la téléphonie mobile dans nos vies, le développement sans cesse accru de la participation des jeunes aux réseaux sociaux, et la recherche d’emploi/formation et de logement des jeunes.

L‘objectif est de tenter d‘entrevoir quelle influence l’imbrication des médias1 et des réseaux sociaux peut avoir sur la recherche d’emploi/formation logement, et quelle concurrence cela entraîne pour les services d’information des jeunes.

Nous commencerons donc par une partie introductive qui abordera le contexte dans lequel se place notre objet d’étude afin de mieux cerner la problématique et les questionnements qui l’entourent. Nous évoquerons ensuite la question de la méthodologie que nous avons employée pour répondre à ces questionnements, ainsi que le cadre théorique qui l’englobe, avant de dérouler le contenu analytique de cette étude à proprement parler.

1.1. Contextualisation

Afin d’affiner la définition de notre objet d’étude, il nous faut revenir sur le contexte dans lequel il s’inscrit, avant d’entrer plus précisément dans la présentation de la démarche de l’étude.

1.1.1. Une jeunesse aux contours incertains

Commençons donc tout d’abord par aborder la question de la jeunesse. La notion de jeunesse en tant que catégorie sociale est réellement apparue en France après la deuxième guerre mondiale, dans les années 1950. C’est sous le régime de Vichy qu’apparaît la première préoccupation politique autour de la jeunesse (« Jeunesse 1944 ») ; ce gouvernement tente alors de prendre le contrôle des mouvements de la jeunesse et d’encadrer les institutions en créant des écoles de cadres.

1 On peut considérer les médias comme des artefacts c’est à dire des dispositifs langagiers ou technologiques à travers lesquels nous communiquons et échangeons.

C’est à cette époque que la jeunesse s’inscrit comme objet politique car elle devient une catégorie relevant d’une politique spécifique avec la création du « secrétariat d’État à l’enseignement technique, à la jeunesse et aux sports ». Mais cette catégorie avait, a et continuera sans doute à avoir des contours incertains. Pour interroger cette notion, il faut commencer par nous intéresser à sa définition (ou à son manque de définition).

Lorsque l’on aborde la question de la jeunesse, on pense dans un premier temps à l’âge qui entoure cette catégorie, car pendant longtemps, de nombreux médecins et psychologues définissent la jeunesse comme une période de transformations physiologiques. Pourtant, nul ne serait se mettre d’accord aujourd’hui sur l’âge de début et l’âge de fin de la « période jeune », étant donné qu’au-delà des contours biologiques, entre en compte le comportement social du jeune.

En effet, depuis les années 1920, les sociologues du monde n’ont cessé de remettre en cause cette catégorie : l’école de Chicago s’est intéressé à la « déviance juvénile » en se focalisant sur les rapports générationnels, la capacité d’intégration des sociétés, et la socialisation entre pairs ; la Grande-Bretagne quant à elle s’est intéressée à la « catégorie jeune » à partir des années 1950-1960 avec le « Center for Contemporary Cultural Studies de l’Université de Birmingham » qui étudie alors la classe ouvrière avec des notions de « classe dominante et dominée », considérant la culture jeune comme une « sous-culture », créée à partir de sa classe d’appartenance.

La France, de son côté, s’est lancée dans les années 60 dans un débat sur l’homogénéité de la catégorie jeune : est-ce une catégorie à part entière qui possède ses propres rites, sa propre culture ? Ou n’est-ce qu’un « mot » ?

Bien que nombreux soient donc les désaccords sur cette notion, il semble alors que l’incertitude qui l’entoure soit liée aux évolutions sociétales qui font de l’accès à une pleine autonomie, un parcours toujours plus long. Deux thèmes se distinguent alors dans les travaux sur la jeunesse : les expériences de socialisation et l’allongement de la jeunesse.

a) La socialisation des jeunes passe par deux étapes

La socialisation correspond à l’apprentissage de la vie en société des êtres humains. Guy Rocher (1970) la définit comme « le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expérience et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre ».

On distingue généralement deux formes de socialisation :

– La socialisation primaire, que l’individu intègre durant son enfance. La famille est l’élément majeur de cette socialisation; Pierre Bourdieu (1980) parle “d’habitus” pour éclairer cette empreinte familiale : c’est en fonction de cet habitus hérité que l’individu agit dans la société. L’habitus est à l’origine de l’unité des pensées et actions de chaque individu.

Cependant, dans la mesure où les individus issus des mêmes groupes sociaux ont vécu des socialisations semblables, il explique aussi la similitude des manières de penser, sentir et agir propres aux individus d’une même classe sociale, bien que cela ne soit pas immuable. L’école est également un acteur important de la socialisation primaire car elle éduque, transmet des règles de conduite et enseigne des connaissances et des savoirs faires2.

– La socialisation secondaire, qui correspond à tout le processus postérieur à la socialisation primaire. Cette socialisation permet à un individu déjà socialisé par la famille et l’école, de s’intégrer dans d’autres espaces de la société. Cette socialisation ne se fait plus par des agents socialisateurs mais plus par des milieux de socialisation tels que le groupe de pairs, l’entreprise ou encore les médias.

Il ne suffirait donc pas de comprendre un individu par ses caractéristiques, encore faudrait-il l’expliquer par sa situation ou son histoire. On citera ici Norbert Elias (1991), pour qui sans l’assimilation de schémas sociaux préétablis, le petit enfant n’est rien de plus qu’un animal :

« un être social, c’est un être qui a besoin de la société des autres hommes »3.

b) La jeunesse s’allonge

Ces différentes étapes de socialisation se mêlent aujourd’hui à un allongement de la jeunesse. Cet allongement ne peut pas être réduit à une simple conséquence biologique due au recul de l’espérance de vie. Comme nous l’explique Jean-Claude Chamboredon (1966), la jeunesse a été constituée en classes d’âge par l’intermédiaire de l’école, son allongement serait donc dû au prolongement de la scolarisation.

En 1973, François Dubet ouvre une autre voie en étudiant deux formes de jeunesse : les lycéens et les exclus, il constate que la massification scolaire dévalorise les diplômes et a également construit un concept de « galère » en s’intéressant aux jeunes exclus4, il a ainsi développé une sociologie de l’expérience.

Plus tard, Olivier Galland (2000) poursuivait cet état d’idées en parlant d’individualisation du passage à l’âge adulte. Selon lui la jeunesse devient un nouvel âge de la vie, durant lequel le rapport entre les générations a basculé du modèle de l’identification au modèle de l’expérimentation ; la jeunesse devient alors une phase de transition du passage à l’âge adulte.

Cet état transitoire, est antérieur au franchissement des trois seuils qui définissent l’entrée dans l’âge adulte : un emploi stable, un logement indépendant et la construction d’une nouvelle cellule familiale (mise en couple, mariage, procréation). Cependant, ces étapes dans la prise d’autonomie restent malgré tout incertaines, discontinues et réversibles ; compliquant ainsi encore un peu plus la notion de jeunesse déjà floue.

Ces façons de devenir adulte sont des constructions sociales, ce que Cécile Van de Velde (2008) nomme « Se placer », qui correspond à la manière bien française que les jeunes ont de faire « la course au diplôme ». Selon elle le jeune français reste longtemps dépendant de sa famille et il y a un sentiment d’urgence très prégnant : s’intégrer durablement à tout prix et le plus vite possible.

Dans ce parcours, le jeune doit faire les preuves de sa capacité d’indépendance et d’autofinancement et donc rompre les liens qui le relient à la famille et à l’État. Cette sociologue a comparé quatre pays : le Danemark, où les jeunes s’attachent au développement personnel, l’Angleterre où le maître mot est l’émancipation individuelle, l’Espagne, qui s’attache à l’installation matrimoniale et la France, pour qui l’intégration sociale est un passage obligé.

Nous serions donc façonnés par les cadres sociaux, à envisager la jeunesse comme un stade transitoire à une intégration définitive. Alors, face à ces difficultés de prise d’autonomie, et donc à des recherches d’emploi, de stage ou de logement toujours plus ardues, quelles solutions s’offrent aux jeunes pour se frayer un chemin vers l’autonomie ?

Pour parler de la place de la jeunesse au sein de notre société, il nous semble alors nécessaire de tenter de comprendre le contexte économique dans lequel il s’inscrit ainsi que les politiques qui sont mises en place en direction des jeunes aujourd’hui.

1. Chapitre 1 : Introduction
1.1. Contextualisation
1.2. Problématique
1.3. Méthodologie
2. Chapitre 2 : Les chiffres régionaux
2.1. Les écarts méthodologiques
2.2. Le profil des jeunes interrogés
2.3. Ré actualisation des chiffres
3. Chapitre 3 : Les méthodes de recherche d’emploi/formation/logement
3.1. Internet : un outil jugé à la fois fiable, pratique et ludique
3.2. La capital social, bassin d’emploi
3.3. Derrière la « vitrine Web » : les organismes
3.4. Des jeunes acrobates
4. Chapitre 4 : Le site du CRIJ
4.1. L’attraction
4.2. La sélection
4.3. La fidélisation : Le lièvre et la tortue
5. Chapitre 5 : Conclusion
5.1. Rappel de la commande
5.2. Des résultats aux préconisations
5.3. Ouverture

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