Façons de concevoir le concept santé – de l’éducation à la santé

1.2.5. Multiples définitions de la santé

Il existe plusieurs définitions répertoriées de la santé. Pour le vérifier, on peut se référer au « Traité d’anthropologie médical » publié sous la direction de DUFRESNE J. (1985). Chaque personne peut également avoir sa propre définition de la santé en fonction de ses connaissances, de son expérience et de ses valeurs.

Ainsi, La santé est un « État complet de bien-être physique, psychologique et social et non uniquement l’absence de maladie ou d’infirmité » (OMS, 1974).

Cette définition introduit une vision multidimensionnelle de la santé, tel que celle décrite par GREENBERG J. (1985). La santé comporte alors les dimensions physique, psychologique, émotionnelle, sociale et spirituelle. Ces dimensions sont intrinsèques à la personne. D’autres dimensions externes peuvent également être considérées, tel que l’environnement et l’économie. On parlera alors de santé environnementale et économique.

Le Bien-être se veut une intégration des fonctions de l’organisme humain orientée vers l’optimisation du plein potentiel dont la personne est capable. Elle exige que cette personne sache maintenir, dans son environnement, un certain équilibre et une direction réfléchie de ses actions (DUNN HL, 1959). Dunn caractérise le Bien-être comme un haut niveau de bien-être (High level wellness)

La Santé Holistique est considérée comme une façon de penser l’univers, la nature, la personne, les choses. Cette philosophie, comme mode de pensée, privilégie une vision globale du monde qui reconnaît et respecte les interactions entre tous les éléments qui composent l’univers et en constituent sa complexité. La vision holistique de la santé a été, entre autre, mise en évidence par FERGUSON M. dans son livre intitulé « Les Enfants du Verseau » (1980).

Dans la vision holistique de la santé, la personne se trouve considérée dans son ensemble et non dans ses parties prises isolément. Cet ensemble ne se retrouve pas uniquement dans la personne elle-même, mais encore dans sa relation avec son environnement physique et humain.

La Santé Multidimensionnelle se réfère à l’équilibre entre les différentes dimensions de la santé, un équilibre qui fait en sorte qu’une personne puisse se sentir bien, tout en assumant la responsabilité de son propre état de santé.

Les différentes dimensions définies par DINTIMAN et GREENBERG (1986 ) sont la santé sociale, mentale, émotionnelle, spirituelle et physique. D’autres dimensions ne faisant pas partie de la personne mais de son interaction avec l’extérieur sont la santé économique et environnementale. Chacune de ces dimensions affecte, de près ou de loin, la santé de la personne.

Tableau 1. Différentes approches et définitions de la santé

ConceptDéfinition
01Santé socialeHabileté à bien interagir avec les autres et avec son environnement et à avoir des relations interpersonnelles satisfaisantes
02Santé mentaleHabileté à apprendre à se servir de ses capacités intellectuelles
03Santé émotionnelleHabileté à contrôler ses émotions et à les exprimer sans gêne et convenablement.
04Santé spirituelleCroyance en une certaine force unificatrice. Pour certains ce sera la nature, pour d’autres, la loi de la science, pour d’autres encore une force divine. (se référer à la notion de Valeurs).
05Santé physiqueHabileté à réaliser les tâches quotidiennes avec suffisamment d’énergie en réserve pour affronter les situations imprévues; il s’agit de l’intégrité biologique de la personne.

Source : Elaboré par l’auteur sur base des différentes définitions de la santé trouvées dans la littérature.

1.2.6. Différentes façons de concevoir le concept santé

Normalité, Stabilité et Actualisation sont des concepts exprimant des façons différentes de concevoir la santé selon différents cadres de référence.

1.2.6.1. Santé et Normalité

La Normalité considère l’état de santé comme mesurable. C’est un concept statistique. Cette notion fait référence à la courbe normale en statistique. La santé d’une personne y est considérée comme normale lorsqu’elle rencontre la moyenne statistique d’une population. C’est le moyen utilisé en santé publique pour mesurer l’état de santé d’une population.

Pour obtenir des indicateurs sur la normalité de la santé on doit passer par des mesures objectives, elles-mêmes normalisées. Les analyses biochimiques, la tension artérielle, le volume respiratoire, le rythme cardiaque au repos sont des exemples de mesures que l’on peut obtenir. Les résultats obtenus sont alors comparés à un tableau de données afin de savoir s’ils font parti de la moyenne.

Un écart type supérieur à la moyenne indique un meilleur état de santé, un écart type inférieur à la moyenne indique une détérioration ou un risque pour la santé. C’est ainsi que dans cette optique, G. Harvey défini la Santé comme étant la capacité d’une personne à maintenir ses paramètres biologiques (Poids santé, pression artérielle, lipides sanguins) dans la limite prescrite par les normes établies.

1.2.6.2. Santé et Stabilité

La Stabilité considère la personne et son équilibre physiologique. C’est un concept biologique. La stabilité se rapporte au milieu interne de la personne. C’est la capacité de l’organisme physiologique de la personne à maintenir son équilibre biologique (homeostasie). Température corporelle, composition sanguine, immunité, etc.

Dans ce concept la personne doit toujours maintenir son équilibre dans un environnement qui constitue un danger potentiel pour son équilibre. Bactéries, virus, températures, substances allergènes, toxiques etc. Autant de dangers contre lesquels la personne doit se défendre pour survivre (Référence aux besoins de survie de Maslow).

Ainsi, sur base de ce concept, on peut définir la santé comme un état, ou une condition, qui rend la personne capable de s’adapter à son environnement. L’état de santé atteint dépend de l’aptitude de l’organisme à réagir, s’accommoder et s’adapter aux divers stress et tensions externes qui se présentent (DUBOS R. In Pender, 1982).

1.2.6.3. Santé et Actualisation

L’Actualisation de soi considère la personne et ses potentialités. C’est un concept psycho-social. Elle fait référence à l’optimisation de son potentiel. C’est davantage un concept humaniste et qui se rapproche du besoin « d’actualisation de soi » énoncé par Maslow dans sa pyramide des besoins, et du concept de bien- être (high-level wellness) énoncé par DUNN A. (1959).

La vision Holistique de la santé fait également partie de cette vision. En effet, La santé holistique implique une intégration dynamique du corps, du psychisme et de la conscience (BERMOSK. In Pender, 1996). La définition de la santé de l’OMS évoquée ci-dessus constitue un bon exemple de définition fondée sur le concept d’actualisation du potentiel de la personne.

1.2.7. Education à la santé

Processus de communication systématiquement et intentionnellement orienté vers la création des conditions physique, psychiques, environnementales et sociales afin de permettre à une personne ou à la communauté de mieux gérer sa santé. Un processus dynamique de recherche d’équilibre.

L’éducation pour la santé apparaît comme un processus d’apprentissage dont le but est de faciliter l’adoption de comportement favorable à la santé dans le chef des individus, des familles des groupes et des communautés. Les approches utilisées vont de l’instruction d’un comportement spécifique à l’apprentissage d’un processus de décision individuel ou collectif.

L’éducation pour la santé est un élément fondamental de la formation à une éthique d’existence. Elle s’appuie sur l’acquisition de connaissances, d’attitudes et de conduites permettant une meilleure adaptation (plus judicieuse et plus gratifiante) au milieu physique et social (REGINSTER, LECLERCQ, 1985).

Elle vise à faire adopter des attitudes et des comportements favorables au maintien et au développement de la santé chez les personnes, les groupes d’individus et les populations (LEGENDRE, 1993).

L’éducation à la santé est un processus pédagogique élargi visant à développer chez les individus un ensemble de connaissances, d’attitudes et d’aptitudes dans le but de leur donner les moyens d’un comportement le plus efficace dans le maintien, la protection ou la restauration de leur santé ou de celle de leur entourage.

Il est à noter par ailleurs que l’éducation pour la santé n’est pas une discipline particulière, mais une attitude d’esprit, une orientation de pensée et d’action qui fait appel aux données des sciences médicales, pédagogiques, psychologiques, sociales et économiques. Elles touches non seulement les individus, mais les familles et les collectivités.

Elle doit créer une mentalité, des réflexes de vie saine, une certaines attitude devant les actes de la vie quotidienne permettant de limiter, sinon de supprimer, un certains nombre de risque évitables. Elle devient alors un des facteurs de l’art de vivre, ayant pour finalité l’amélioration non seulement des conditions matérielles de vie « le plus avoir », mais encore de ses conditions psychologique et sociales, « le plus être » (BERTHET, 1983).

Outre ce qui est mentionné ci-dessus, l’Éduquer pour la santé consiste également à travailler avec d’autres pour trouver ensemble une façon de vivre plus saine.

Ce travail ne doit pas se limiter à une simple transmission de connaissance. Il doit développer une vision plus critique de la réalité et stimuler des comportements plus efficaces dans la prévention des problèmes de santé.

En d’autres termes, il s’agit d’obtenir que les gens perçoivent plus clairement les risques pour leur santé physique, mentale et sociale existant autour d’eux et qu’ils puissent et veuillent choisir les comportements les plus efficaces et intelligents pour affronter ces risques et les éviter, tant sur le plan individuel que collectif (CASTILLO, 1987).

Dans cette optique, l’éducation à la santé paraît comme étant la capacité d’apprendre à vivre, c’est-à-dire apprendre à négocier les multiples formes de relations que l’individu, nécessairement et constamment entretient avec lui-même, avec les autres, avec l’environnement dans un contexte en perpétuel changement.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Pauvreté des ménages: Accès aux soins de santé en RDC
Université 🏫: Université De Kinshasa
Auteur·trice·s 🎓:
KANA KIWE Junior

KANA KIWE Junior
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’Etudes - 2011
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