Accompagnement tutoral : rôles et fonctions des tuteurs

Accompagnement tutoral : rôles et fonctions des tuteurs

1.2- De la nécessité d’un suivi humain à distance : encadrement, entraide et tutorat

Selon les statistiques de différentes études, les taux importants d’abandons que l’on constate en formation à distance constituent pour les spécialistes une conséquence de l’isolement que ressent l’apprenant qui est amené à prendre en charge son processus de formation.

Pour certains, la formation à distance offre un marge de manœuvre plus large que l’enseignement classique. Mais, en même temps, se former à distance demande aux apprenants de faire preuve de plus de capacités à prendre en charge leur processus d’apprentissage. Cette liberté est sans doute ressentie comme un avantage pour certains étudiants.

Mais elle peut s’avérer une cause de démotivation pour d’autres qui finissent par abandonner la formation. « D’après Gauducheau et Marcoccia (2007 : 4), l’autonomie requise et le sentiment d’isolement « créeraient un déficit socio-affectif qu’il reviendrait au tuteur de compenser » (Quintin, 2008).

La présence d’un suivi humain dans le cadre d’une formation à distance est fréquemment citée comme un des facteurs susceptibles de contribuer favorablement au succès d’une FOAD. Dans une FOAD, à la différence de l’enseignement traditionnel, l’enseignement et le soutient ne se confondent pas systématiquement et ne sont pas toujours des responsabilités d’une même personne.

Durant le déroulement de la formation, le soutien peut être aussi pris en charge par un autre apprenant sous la forme de ce qu’Abricoux (1985) a nommé « le groupe d’entraide ». Il se peut aussi que le support soit assuré par des fonctionnalités intégrées dans le système informatique.

La notion d‘« encadrement », élargie par Gounon et al. (2004), viendrait à combiner toutes les modalités de soutien qui sont offertes aux étudiants, tout au long d’une formation à distance supportée par la technologie : les ressources disponibles/informations fournies dans l’environnement numérique (dispositif technologiques), le soutien humain (enseignant), et l’entraide (co-apprenant).

« […] nous considérons que l’encadrement est constitué de l’ensemble de ressources destinées à soutenir les étudiants durant leur démarche d’apprentissage afin de les aider à surmonter les difficultés […] » (Dionne &al., 1999 ; De lièvre, 2000 ; Paquette, 2001 ; cités par Quintin, 2008).

Le tutorat est le processus d’intervention d’un agent humain qualifié de « tuteur » dans une situation d’enseignement-apprentissage, et constitue une des manifestations d’encadrement possibles dans le cas d’une formation à distance.

« Dans la littérature francophone, […] le terme tuteur désigne l’enseignant qui assure l’encadrement à distance de l’ensemble des étudiants participant au cours en ligne » (Quintin 2008).

Dans un sens générique, le terme « tuteur » est utilisé pour designer un enseignant qui intervient pour soutenir les apprenants durant le déroulement d’une formation à distance.

1.2.1- Accompagnement tutoral : rôles et fonctions des tuteurs

Ce travail se situe dans la problématique du suivi humain d’étudiants qui se trouvent en situation d’apprentissage collectif à distance, via Internet dans un dispositif de formation de type hybride, c’est- à- dire qui combine des moments de formation en présentiel et des moments de formation tutorée à distance.

Dans une étude exhaustive, Quintin (2008)6 nous fait remarquer que la littérature traitant l’encadrement humain dans un environnement numérique « représente une part infime du total des publications ».

Dans son analyse affinée de la bibliographie existante, il s’est aperçu que les travaux identifiant de manière empirique les fonctions tutorales et l’impact du tuteur sont minoritaires.

« De ces quelques observations, il ressort que la problématique du suivi tutoral semble très peu investie par les chercheurs en formation à distance et que la question de l’impact des actions sur les processus ou sur les résultats de l’apprentissage reste par conséquent largement ouverte. » (Quintin, 2008).

Or, nous avons vu que l’aspect motivationnel peut être déterminant dans une situation d’enseignement- apprentissage, et peut difficilement être pris en charge par l’ordinateur ; le rôle du tuteur peut être donc déterminant dans une formation à distance via Internet.

De nombreuses enquêtes réalisées auprès d’apprenants qui suivent une formation à distance révèlent que ce public est demandeur de la présence d’un tuteur à distance.

D’après plusieurs perspectives et théories de références analysées7, quatre grands principes du tutorat pourraient être définis : la centration sur l’apprenant et les apprentissages, la prise en compte de la dimension sociale et collective des apprentissages, la reconnaissance des démarches d’apprentissage par projet, l’importance des interactions.

6 Lors de sa thèse de Doctorat sur l’accompagnement tutoral via Internet.

7 Cécile Veran pour la réalisation de son mémoire de master professionnelle en 2011 (Piaget, Barbot, Tabary, Soubrie, Bruner, Nissen)

Quant aux interactions, et selon Soubrié (2006), il est question de mettre en œuvre « des dispositifs qui accordent tout autant d’importance à l’activité de l’apprenant, sans laquelle il n’y a pas de construction des connaissances, qu’à la sociabilité des apprentissages, aussi bien entre pairs qu’entre apprenants et enseignants ».

Dans ce travail, je m’intéresse aux missions/fonctions des tuteurs, ce que plusieurs études ont tenté d’identifier soit à travers une analyse conceptuelle, soit en utilisant une démarche empirique.

La plupart des auteurs qui se sont basés sur une analyse de la littérature proposent de considérer les rôles et fonctions des tuteurs autour des quatre grandes catégories d’intervention : pédagogique, socio-affective, organisationnelle et technico-administrative.

Je reprendrai pour mon étude les quatre propositions de catégories d’intervention de Bernatchez (2003) : « le soutien pédagogico-intellectuel », « le soutien technique et logistique », « le soutien socio-affectif », et finalement le soutien communicationnel ou de « gestion de la communication ».

  • A- Dans le soutien « pédagogico-intellectuel » ou « pédagogique-métacognitive », l’attention des apprenants est centrée sur les contenus abordés, à savoir ils sont engagés dans une réflexion métacognitive.
  • B- Le soutien « technique et logistique » ou organisationnel est destiné à soutenir l’organisation du travail, la gestion du temps et des ressources disponibles dans l’environnement numérique ou échangées entre les participants. Ce soutien est aussi conçu pour aider les étudiants à planifier les activités afin de respecter les délais fixés.
  • C- En offrant du soutien « socio-affectif » ou motivationnel, le tuteur essaie de faire naître le groupe en développant la cohésion entre les apprenants, en établissant des relations positives entre eux, il s’agit de la gestion des émotions par le développement de l’estime de soi, la valorisation du travail accompli.
  • D- Avec le soutien communicationnel ou de « gestion de la communication », le tuteur assume le rôle d’animateur et modérateur des échanges, des interactions qui se produisent entre les apprenants dans l’environnement numérique de formation.

Le tuteur est censé fournir des occasions d’échanges avec d’autres apprenants et favoriser ces échanges, il devra « articuler entre le statut de pair et celui de tuteur » (Mangenot, 2011).

Les formes de tutorat qui peuvent être mises en pratique dans une situation d’enseignement-apprentissage à distance changent en fonction du dispositif de formation qui est mis en place, du contexte institutionnel, des objectifs de la formation, des outils techniques et pédagogiques mis à la disposition des acteurs concernés, du modèle pédagogique adopté par les concepteurs et les tuteurs, des connaissances à enseigner/apprendre, des activités proposées, des critères d’évaluation, du nombre d’étudiants et de leurs caractéristiques, de leurs attentes, etc.

Les rôles et les fonctions des formateurs impliqués dans une formation à distance sont modulables et seront définis par l’ensemble de ces éléments. Les études tendent toutefois à montrer que, au niveau des pratiques tutorales, « les interventions cognitives et méthodologiques sont privilégiés au dépens des actions tutorales socio-affectives et motivationnelles » (Quintin, 2008).

Enfin, parmi les nombreuses définitions de tutorat consultées ainsi que les tentatives associées à l’heure de bien préciser les rôles et les fonctions des tuteurs, il me semble que la définition de Nissen (2005) -assez générale et peu ambitieuse-, correspond à ce qui pourrait faire évoluer favorablement le dispositif de formation hybride (présentiel réduit) de l’AFH.

N’oublions pas que ce travail, en plus d’être un exercice académique a comme objectif l’amélioration de la mise en route du cours de FLE à distance.8

8 Cette définition, pourrait être la plus facilement comprise et acceptée par les enseignants-tuteurs impliqués dans le projet FOAD de l’AFH.

« Le tuteur a pour fonction de guider l’apprenant dans le choix de ses activités, de faciliter son apprentissage, de répondre aux éventuelles questions, de donner des retours sur la langue et sur le contenu par rapport aux productions intermédiaires ou finales que lui remet l’étudiant.

De plus, lorsqu’il s’agit d’une activité en groupe, le tuteur aide le groupe à se gérer et à s’organiser le fonctionnement commun ».

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Stendhal - Grenoble 3 - UFR LLASIC (Sciences du langage)
Auteur·trice·s 🎓:
Pollo Gonzalez Raquel

Pollo Gonzalez Raquel
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master 1 – 15 crédits – Mention Sciences du langage - 2012-2013
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