Qu’est-ce que la veille dans une entreprise internationale ?

La veille : éléments clefs de la stratégie de développement des entreprises – Chapitre 1 :
1.1 Qu’est ce que la veille?
« se faire battre est excusable, se faire surprendre est inexcusable » Napoléon
L’empereur aurait t-il à son époque compris l’intérêt déterminant de la veille ? il semble en effet, que le concept ne soit pas nouveau ; issue des techniques stratégiques militaires et améliorée par les moyens techniques et les siècles de réflexion, la veille est aujourd’hui largement employée au cœur d’entreprises performantes et soucieuses de gagner ou de conserver une place de leader dans leur secteur.
Cette mystérieuse activité à mi-chemin entre renseignement et espionnage est souvent mal connue et surtout mystifiée. Non sans compter son caractère stratégique, il est cependant nécessaire de la replacer dans un contexte plus rationnel l’érigeant au simple rang de :
« l’art de repérer, collecter, traiter, stocker des informations et des signaux pertinents qui vont irriguer l’entreprise à tous les niveaux de rentabilité, permettre d’orienter le futur (technologique, commercial…) et également de protéger le présent et l’avenir face aux attaques de la concurrence. La veille se pratique dans la légalité et le respect des règles de déontologie ».1
ou encore :
« la veille informative n’est, somme toute, qu’un dispositif organisé, intégré et finalisé de collecte, traitement, diffusion et exploitation de l’information qui vise à rendre une entreprise, une organisation, quelle qu’elle soit, capable de réagir, à différents termes, face à des évolutions de son environnement ».2
Si nous décomposons les différentes étapes décrites dans les définitions ci dessus nous nous apercevons qu’il existe 3 points critiques nécessitant des techniques et des connaissances particulières :

1 Daniel Rouach Que sais-je ?
2 Jean Michel Veille informative, veille stratégique, intelligence économique…mais au fond, qu’est ce que la veille ?

1.1.1. Repérer et collecter l’information
Le repérage de l’information (dans l’environnement) est une activité qui requiert beaucoup de rigueur et de patience. En effet cette étape de la veille exige la reconnaissance de signaux issus de l’extérieur permettant au veilleur de déceler l’existence et la présence d’informations pertinentes. Ces signaux peuvent être de deux sortes, soit faibles soit forts :3
Les signaux faibles
Signaux pour lesquels nous possédons une connaissance surdimensionnée, un contrôle du terrain suffisant et une capacité d’intervention permanente. Ces signaux peuvent aussi bien être menaçants qu’amicaux.
Les signaux forts
Signaux pour lesquels nous sommes dans l’ignorance mais dont les caractéristiques et l’intention peuvent à tout moment perturber ou compromettre la mission que nous devons construire.
Les deux types de signaux sont à considérer, cependant ils ne mobilisent pas les mêmes énergies, ni les même compétences dans l’entreprise. Les signaux forts concernent l’énergie et la réactivité plus spécifique d’un dirigeant alors que les signaux faibles, relèvent de la responsabilité de l’organisation conventionnelle de l’entreprise.

3 définition extraites cours de géostratégie de Xavier Guilhou

1.1.1.1. Les sources d’informations
Dans le cadre de la collecte d’informations, il existe des classifications permettant de déterminer leur fiabilité, leur coût, leur pertinence…
Les trois types de sources4
** Les sources dites formelles / ouvertes

SOURCERichessePermanenceInstantanéitéFiabilitéDiscrétion5
Presse, ouvrages,0+++++
Avocats, tribunaux…000++
Etudes++
Banques dedonnées++++0+
Brevets, licences…+++++
Internet+++++

** Les sources dites informelles / fermées

SOURCERichessePermanenceInstantanéitéFiabilitéDiscrétion
Concurrents++++
fournisseurs+++0++
Syndicatsprofessionnels+00+++
Comités+00++
Distributeurs+++0++
Clients++0+++

4 Classification inspirée de celle proposée par la cabinet « Gister innovation » légende :
++ très bon
+ bon
0 sans intérêt
– mauvais
— très mauvais

5 Discrétion de l’information : l’information est elle aisément accessible et partagée par un grand nombre ?

** es sources dites mixtes

SOURCERichessePermanenceInstantanéitéFiabilitéDiscrétion
Salons, foires,colloques…++0
Stagiaires,étudiants+++
Consultants,brokers…++00++
Voyages d’études++0++
Candidats aurecrutement++++
Désossage++++0
Centres deressources++00+

Dans le cadre du processus de recherche d’informations, il est nécessaire d’utiliser un maximum de sources différentes mais il faut surtout utiliser des sources appropriées ;
En effet, il ne serait pas, par exemple, pertinent d’investir de fortes sommes dans l’obtention d’informations formelles car leur discrétion est faible et de ce fait leur valeur marchande l’est également.
De même il existe une classification complémentaire qui est fonction de la méthode d’acquisition de l’information et qui découpe les informations en 3 types :
1.1.1.2. Les types d’informations
Voici comment l’on peut définir ces trois types d’informations6
** Les informations « blanches » :
désignent l’ensemble des informations directement et librement accessibles. Elles couvrent la majeure partie des sources formalisées (rapports annuels, articles de presse, plaquettes, documents commerciaux…) et ne font l’objet d’aucune sécurisation particulière. Leur non-confidentialité ne doit pas conduire à les déprécier. En effet, elles constituent le plus souvent une base de travail et de recherche tout à la fois fiable et indispensable. En outre, si l’information «blanche» en tant que telle, ne constitue que rarement l’objet principal de la recherche, différentes informations blanches glanées auprès de différentes sources et mises bout à bout peuvent permettre de reconstituer le «puzzle» de l’information principale recherchée et qui, elle, est en revanche souvent protégée.

6 Selon Alain Bloch, « L’intelligence économique »,

** Les informations «grises»
(ou encore semi-ouvertes) sont celles que l’on peut acquérir de manière indirecte ou détournée et qui ne font pas l’objet d’une «publicité» (au sens de communication officielle) particulière. Il s’agira par exemple de toutes les informations extérieures à la sphère strictement professionnelle, des informations internes… D’accès légal, elles sont le champ d’action privilégié des spécialistes de l’intelligence économique et, plus particulièrement, de la mise en œuvre des réseaux de relations. Nécessitant une démarche active et élaborée, elles répondent dans la plupart des cas à un besoin précis et très ciblé.
** Les informations «noires» :
sont celles qui font l’objet d’une haute sécurisation et dont la collecte renvoie à des pratiques illégales et assimilables à de l’espionnage. Le caractère illégal de telles pratiques les situent naturellement hors de la sphère de l’intelligence économique, mais il faut savoir que de telles dérives existent et que certains Etats continuent de pratiquer cette forme d’espionnage.»
1.1.2. Traiter l’information
Chaque cellule de veille peut avoir sa propre méthode de traitement de l’information, cependant les grands items restent les mêmes. Prenons l’exemple de la méthode proposée par Xavier Guilhou : directeur de la sûreté du groupe Schneider.7
Tous les critères énoncés précédemment influent sur la valeur de l’information. En effet, il apparaît obligatoire de vérifier et d’analyser l’information minutieusement afin de ne pas bâtir son étude sur des fondations branlantes.
Il apparaît même judicieux de croiser ces critères afin de donner une valeur à l’information :

7 Exemple de méthode de traitement de l’information par Xavier Guilhou

** Evaluer le renseignement :
La vérification :
** de la validité du recueil
** de la valeur de l’information
** de l’intérêt de l’information
La comparaison :
** par recoupement
** de cohérence
** de conformité

LA COTATION DE LA QUALITE DE LA SOURCE :
AComplètement sûre
BOrdinairement sûre
CAssez sûre
DOrdinairement pas sûre
EPas sûre
FSûreté ne pouvant être appréciée
LA VALEUR DU RENSEIGNEMENT :
1Confirmé par d’autres sources
2Exactitude probable
3Exactitude possible
4Exactitude douteuse
5Nouvelle peu vraisemblable
6Exactitude ne pouvant être appréciée

Ainsi chaque information doit être minutieusement qualifiée8.
1.1.3. stocker et diffuser l’information
Une fois les informations traitées, celles ci peuvent soit correspondre à un besoin immédiat d’informations et de ce fait seront diffusées immédiatement ; soit les informations recueillies ne semblent correspondre à aucun besoin immédiat et de ce fait seront stockées, organisées et classées de façon à ce qu’elles soient aisément retrouvables et exploitables lors de l’émission d’un besoin.
La diffusion de l’information est un des éléments clefs du cycle de l’information, en effet :
** L’information demandée doit, parvenir à la bonne personne, sous une forme appropriée, en temps utiles.
Une diffusion efficiente est, bien entendu, fonction de la bonne qualification du besoin d’informations.
Le schéma suivant retrace ces différentes étapes de la veille, du besoin exprimé par Mr X jusqu’à la restitution d’informations par le veilleur.

8 Des exemples de fiches de qualification d’informations sont à consulter en annexe

Une fois le besoin d’informations émis par Mr X, le veilleur va rechercher dans sa base de données s’il possède cette information. Cette base de données elle même alimentée par l’information issue des trois sources décrites précédemment (formelles, informelles et mixtes). Cette information avant d’être stockée ou délivrée au demandeur passe bien entendu par des phases de recueil, de traitement et de stockage de l’information.
Bien entendu, il n’existe, pas une base de données unique mais de nombreuses, ayant chacune leurs propres caractéristiques, classées en fonction de critères préalablement définis. Cette classification revêt une importance tout particulière car elle permet, si elle est correctement élaborée, de retrouver très aisément une information. Le temps joue un rôle fondamental dans l’activité de veille et le système d’accès à l’information doit être optimisé afin de mieux répondre aux exigences de cette pratique.
Et après…Passer de l’information à « l’inform-action »
Et après…Passer de l’information à « l’inform-action »
Une fois les trois étapes principales réalisées, il faut bien prendre conscience que l’information obtenue et diffusée va elle même engendrer une décision et une action (ne serait ce que de ne rien faire). Cette action aura elle aussi des implications nouvelles répercutables sur l’environnement et de ce fait génératrices d’information.
Schéma descritptif de l'inform-action par Patrick Nordey
Schéma descritptif de l’inform-action par Patrick Nordey
Lire le mémoire complet ==> (L’intégration d’Internet en tant qu’outil de veille dans une entreprise internationale)
Mémoire de fin d’études – Spécialisation affaires internationales
Ecole Supérieure de Commerce Marseille Provence

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