Les universités françaises et programmes de formation en finance

Les universités françaises et programmes de formation en finance

1.2 Les universités

1.2.1 Définition des programmes

J’ai mené, afin de comprendre de quelle manière étaient définis les programmes dans les universités françaises, plusieurs entretiens avec des responsables de masters.

Malgré la grande diversité des programmes existants, les modalités de leur création apparaissent relativement standards : le programme est d’abord construit par une équipe pédagogique au sein d’un « Institut » ou d’une « Faculté » (ou UFR pour « Unité de Formation et de Recherche »), puis expertisé et approuvé (c’est la plupart du temps le cas) par un conseil central de l’université. Le « cahier des charges » ainsi monté doit ensuite recevoir l’habilitation du Ministère de l’Education Nationale ; enfin cette habilitation sera renouvelée tous les quatre ans : c’est le « contrat quadriennal ».

Si le master est destiné à avoir une portée fortement professionnalisante, le contenu du programme peut être élaboré en collaboration étroite avec des entreprises. Des banques sont ainsi représentées au Conseil d’Administration de l’Institut Universitaire Professionnel Banque-Finance-Assurance de l’Université de Caen, qui ont participé à l’élaboration de la maquette du Master 2 en Gestion de Patrimoine et à la décision de proposer le diplôme en alternance. Il est même envisageable que des entreprises expriment un besoin de recrutement à l’origine de la création d’un diplôme.

Lorsque la maquette est montée, le responsable du programme est en charge de l’affectation des professeurs qui interviendront dans les différents cours. Parfois le volant disponible de professeurs attachés à l’université n’est pas suffisant (en terme de nombre ou en terme de spécialités représentées) ; dans ce cas des professionnels peuvent être sollicités pour devenir professeurs vacataires – ces recrutements se faisant la plupart du temps par le biais de réseaux et connaissances.

Mais tous les responsables de programmes contactés s’accordent aussi à déclarer que l’intervention d’enseignants issus du monde de l’entreprise est tout à fait indispensable et permet d’apporter aux élèves une formation plus opérationnelle.

Les proportions de professeurs chercheurs et de professionnels que doivent respecter les formations sont d’ailleurs stipulées dans les contrats quadriennaux, et sont souvent proches pour les Masters à finalité Professionnelle (par opposition aux Masters « à finalité Recherche ») d’une répartition à parts égales.

D’autre part si une faculté (ou un institut) manque de professeurs pour créer un diplôme, elle peut aussi le mettre en place en partenariat avec une autre institution. L’université de Metz s’est ainsi associée en 2005 avec une université allemande pour offrir un Master de Finance destiné à répondre aux très importants besoins de recrutement des entreprises luxembourgeoises ; elle a également établi des partenariats avec l’Université de Nancy et l’Ecole de Finance du Luxembourg.

Les écoles de commerce ont d’ailleurs également recours aux collaborations pour optimiser leurs ressources ou tout simplement offrir des formations plus complètes à leurs étudiants : nous avons en effet déjà fait référence sur ce point au récent programme QEF développé entre l’Ecole Polytechnique et HEC.

Comme les grandes écoles, les universités se soucient de faire évoluer leur offre de formations et des programmes sont constamment créés ou réactualisés. C’est ainsi que l’Université Paris IX Dauphine a demandé à Monsieur Michel Fleuriet (qui dispensait dans plusieurs établissement dans le monde un cours de « Global Investment Banking) de développer le Master 2 « Banque d’investissement et de marché » de préparation à la profession de banquier d’affaire.

Le master a été créé en liaison avec les cinq plus grandes banques d’investissement française, et propose à ses étudiants une formation en apprentissage complète, puisque les phases de cours incluent des enseignements sur l’ensemble des métiers et techniques de la banque d’affaires (recherche actions, taux fixes, produits dérivés, vente, émission d’action et d’obligations, gestion d’actifs, fusions- acquistions, private banking,….).

Le Master, premier diplôme de formation professionnelle à la banque d’affaires, devrait former des futurs salariés capables de prendre du recul sur leur rôle au sein de la banque dans son ensemble. Soucieuse elle aussi d’adapter son offre à un secteur qui change rapidement, l’Université d’Orléans a ajouté pour 2008 une branche « Ingénierie financière » à son Master de Finance.

1.2.2 Panorama des programmes proposés

Nous nous concentrerons en ce qui concerne les universités sur les programmes en finance proposés aux niveaux Bac+4 et Bac+5 (niveau Master). La plupart des licences en sciences économiques et de gestion comportent en effet quelques heures d’introduction à la finance (par exemple la licence d’ économie gestion mention monnaie et finance de Paris II inclus des cours de « Monnaie et finance », « Finance d’entreprise » et « Banque assurance » en deuxième et troisième année pour dix crédits ECTS environ sur 180) ; mais les étudiants ne sont pas tenus d’avoir suivi ce type de cours pour intégrer une première année de master, l’admission étant accordée de droit à tout ceux qui possèdent un diplôme de niveau Bac+3 dans le même domaine d’études (Droit, Economie, Gestion par exemple) que le diplôme souhaité.

Bien sûr les universités opèrent ensuite une sélection pour l’entrée en deuxième année de master. Comme dans les grandes écoles, les cours de finance reçus par les étudiants avant le niveau Bac+4, et souvent même Bac+5, se limitent à quelques dizaines d’heures et ne sont la plupart du temps pas obligatoires (notons toutefois les spécialité finance de certaines licences d’économie et de gestion et quelques licences professionnelles en commercialisation de produits bancaires ou en immobilier).

Au delà, le niveau Doctorat sort également de notre champ d’étude puisque l’étudiant s’y consacre à la recherche et ne reçoit plus d’enseignements à proprement parler.

Le site internet du Ministère de l’Education Nationale recense 86 universités, parmi lesquelles 38 ont développé des programmes de formation spécialisés en finance (hors comptabilité, contrôle, audit et contrôle de gestion) jusqu’en seconde année de master (ou en troisième année de magistère) – soit le niveau Bac+5.

En explorant les sites de ces universités, j’ai trouvé 111 programmes de Magistères ou Master 2 dont les spécialisations appartiennent aux différents domaines de la finance. Ces formations accueillent en général entre 20 et 40 étudiants, et sont de nature extrêmement variées : on distingue en premier lieu les masters « à finalité professionnelle », dont les étudiants se destinent a priori à adopter une activité salariée dés la sortie, des masters « à finalité recherche », ouvrant plutôt la voie de la préparation d’une thèse.

Les étudiants des masters en recherche peuvent en effet avoir pour objectif la recherche publique ou l’enseignement. Les masters professionnels sont de loin les plus nombreux puisque sur les 111 programmes recensés, treize seulement sont identifiés « Recherche ». Neuf autres masters peuvent prendre l’une ou l’autre des deux colorations ; mais la seule vraie différence entre les deux réside parfois dans le choix entre un stage en entreprise et la production d’un mémoire de recherche.

Les différences entre masters sont au contraire beaucoup plus facilement identifiables selon les thématiques abordées. Certaines sont relativement communes (voire liste complète en Annexe 1) ; c’est ainsi que l’on trouve dix masters professionnels formant à la Gestion de Patrimoine, douze masters intitulés « Banque-Finance » (qui abordent généralement les problématiques de financement et de politique financière mais aussi l’évaluation d’actifs et la gestion de portefeuille), et 15 formations apparentées à la Gestion des Risques et à l’Assurance.

D’autres spécialisations se concentrent également sur les domaines de la finance internationale, de l’économétrie, de la gestion d’actifs, du financement (et de la gestion financière en général) ou des instruments financiers.

Enfin certains masters au contenu beaucoup plus « quantitatif » ne naissent pas dans les Institut d’Administration des Entreprises et les UFR de Droit, Economie, Gestion ou de Sciences économiques et de Gestion mais dans celles qui se consacrent aux Sciences et Technologies ou aux Mathématiques ; c’est le cas par exemple du Master de « sciences et technologies de l’information et de la communication », spécialité « Informatique et Mathématiques Appliquées à la Finance et à l’Assurance », à finalité professionnelle, de l’université de Nice Sophia Antipolis, ou du très demandé Master de « Sciences et management », thématique « Probabilités et applications », Parcours «Probabilités et finance » de l’université Pierre et Marie Curie Paris VI.

Exemples d’offres de formation

Université Panthéon-Sorbonne Paris I

Avec huit diplômes différents, l’université Paris I est celle qui propose l’éventail le plus large de formations en finance. Elle est également celle qui a développé le plus grand nombre de masters à finalité Recherche :

  •  En Economie, le Master Recherche « Monnaie, Banque, Finance » Mention

« Banque, Finance, Assurance » « a pour objectif de préparer aux différentes carrières de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Le cursus comprend des enseignements obligatoires de 18 heures en « Macroéconomie monétaire », « Econométrie financière et informatique »,

« Théorie financière » et « Change ». S’il choisit l’option finance l’étudiant suivra cinq cours supplémentaires sur des thématiques apparentées à la gestion d’actifs et aux instruments financiers (options, dérivés de crédit,…). Un mémoire de recherche doit être rédigé. L’équipe enseignante du Master est composée de Professeurs, Maîtres de Conférences, et du Directeur de la Fondation de la Banque de France.

  •  En Mathématiques et informatique, le Master 2 en « Modélisation et Méthodes Mathématiques en Économie et Finance » comporte un parcours de « Finance quantitative ». Un stage de recherche ou en entreprise est également prévu.
  •  L’université propose enfin deux Masters de Recherche en Finances d’Entreprise et de Marché.
  • Quatre diplômes à finalité Professionnelle viennent s’ajouter à ces Masters :
  •  En Mathématiques et Informatique, le Master 2 en « Ingénierie du Risque », spécialité « Finance et Assurances ». Les cours suivis diffèrent selon que l’étudiant adopte les parcours « Risque et assurance » ou « Ingénierie mathématique de la finance », mais sont quoiqu’il en soit à dominante très quantitative (évaluation d’actifs, optimisation, microéconomie, dérivés de crédit,…). Le programme se conclut par un stage en entreprise de trois mois minimum.
  •  Le Master « Banque et Finance » a plusieurs cours en commun avec le Master Recherche de « Monnaie, Banque, Finance » mais propose à ses élèves une formation plus opérationnelle avec des cours supplémentaires de fiscalité, marketing financier, et gestion bancaire. Il a, comme le Magistère de Finance et le Master d’ « Ingénierie et Stratégie Fiscale », été reconnu parmi les meilleurs Masters spécialisés en Finance.

Université Paris Dauphine Paris IX

Dauphine a également, outre un Magistère de « Banque-Finance-Assurance », une offre de Masters en Finance très large et diversifiée :

  •  Le Master 218 d’ « Assurance et Gestion du risque » dispense un éventail complet et très opérationnel de cours incluant les notions de la théorie du risque, du droit et de l’économie de l’assurance et de l’actuariat. Le Master a en effet une orientation fortement professionnelle puisque les deux tiers du corps enseignant sont composés de professionnels et que les études doivent être complétées par quatre à six mois de stage.
  •  Le Master 224 de « Banque et Finance » s’articule autour de deux axes de cours. Des cours théoriques sont destinés à introduire les concepts et méthodes permettant de comprendre le rôle et la stratégie des institutions financières, les dynamiques à l’œuvre lors des créations de nouveaux produits, les outils de l’évaluation de la performance et des risques des acteurs des marchés financiers. En application, des cours dirigés abordent des thèmes pus spécifiques tels que l’analyse crédit, les financements spécialisés, l’audit et le contrôle de gestion bancaire, les opérations de marché, l’ingénierie financière,… Trois mois de stage au moins sont nécessaires à l’obtention de la totalité des crédits ECTS.
  •  Le Master 225 de « Finance d’Entreprise et Ingénierie Financière » aborde tous les aspects de la Finance d’Entreprise : prévisions, relations entre risque et rendement, évaluation des options et convertibles, diagnostic financier, croissance externe, gestion de trésorerie et financement,…
  •  Le Master 203 sur les « Marchés financiers, marchés de matières premières et gestion des risques » inclus une large gamme d’outils nécessaires à une carrière en finance de marché avec les techniques de valorisation des options, instruments de taux et autres produits dérivés, des éléments de compréhension des marchés financiers, de l’économie de l’énergie et des matières premières, … Un tiers des intervenants sont issus de l’entreprise.
  •  Enfin, Dauphine dirige un Master de Recherche en Finance ; son équipe pédagogique est exclusivement composée de chercheurs, et les enseignements abordent un large éventail de notions, en finance de marché comme en finance d’entreprise mais aussi dans le domaine de l’assurance. Les élèves doivent rédiger et soutenir un mémoire ; en revanche le stage en entreprise est optionnel.

Université de Montesquieu Bordeaux IV

Les étudiants se destinant à une carrière financière choisiront l’Université de Bordeaux IV pour son Master en économie et finances internationales. Après une première année d’introduction au fonctionnement de l’économie, de l’industrie bancaire et des marchés financiers mondiaux, ils auront pour la seconde année le choix entre trois spécialités différentes :

  •  Pour ceux qui souhaitent s’orienter vers la recherche, la spécialité « Economie et finances internationales » approfondis l’enseignement théorique avec des cours de macroéconomie et de théorie du commerce internationale, mais aussi des apports quantitatifs dans les modules d’« Approches quantitatives de la gestion d’actifs », « Techniques économétriques » ou « Econométrie appliquée ». Un mémoire de recherche doit conclure le programme.
  •  La formation en alternance « Métiers de la banque » est au contraire explicitement destinée aux étudiants qui aspirent à intégrer des institutions financières, avec une batterie de cours très complète sur toutes les problématiques bancaires (gestion bancaire, marketing, relations entre la banque et l’entreprise, marchés de capitaux,…)
  •  Enfin, le dernier parcours, « Banque, finance et négoce international », affiche à la fois les finalités professionnelle et recherche, et aborde plutôt les problématiques de la finance de marché (taux d’intérêts, marchés financiers, trading des matières premières, produits dérivés,…).

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’enseignement de la finance en France
Université 🏫: HEC Paris - Majeure Finance
Auteur·trice·s 🎓:
MAYER-ANSQUER, Barbara

MAYER-ANSQUER, Barbara
Année de soutenance 📅: Mémoire de recherche - 2007-2008
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