Les miradors et les postes de sécurité dans une prison

Des postes de sécurité protégés – Deuxième paragraphe :
Les postes protégés jouent un rôle primordial pour la sécurité d’un établissement pénitentiaire. Dans un premier temps, le mirador est le seul poste protégé permettant aux surveillants d’avoir une vue d’ensemble sur l’établissement, en restant à l’écart totalement des détenus (A.).
Mais il existe d’autres postes protégés, qui sont aussi essentiels pour le bon fonctionnement de la détention (B.).

A. Les miradors :

Les miradors sont par excellence les postes fixes de surveillance. En effet, ils sont les derniers remparts pour arrêter les tentatives d’évasion. Lors de nos visites dans les établissements pénitentiaires, Messieurs Clément et Juillan (directeur de la maison d’arrêt et directeur adjoint du centre de détention de Loos) nous ont autorisés à les visiter. Il y a 4 miradors au centre de détention : deux fonctionnent en continuité, tandis que les deux autres ne fonctionnent que la nuit.
A la maison d’arrêt, il y en a trois, qui fonctionnent 24h / 24 h. Le nombre de miradors varie d’un établissement à l’autre, notamment pour des raisons de sécurité.
Ainsi, à la maison centrale de Saint-maur, centrale très sécuritaire et la plus importante en taille, 9 miradors24 sont chargés de la surveillance : 5 se situent près du mur d’enceinte extérieur et les autres près du mur intérieur. Mais dans la plupart des cas, chaque établissement possède 4 miradors, à chaque extrémité. Ces postes sont disposés en hauteur, à la limite entre l’intérieur et l’extérieur de l’établissement.
Le surveillant qui prend son poste s’enferme et conserve la clef, afin qu’en cas de problème, il ne puisse pas être pris en otage. Les miradors sont en relation téléphonique avec un autre poste important, le poste central d’information, que nous verrons par la suite.
Le surveillant a pour responsabilité de vérifier qu’aucun incident ne se produise sur le périmètre de part et d’autre des enceintes. Par conséquent, la surveillance s’effectue par un contrôle de la détention, du chemin de ronde, des murs d’enceinte mais également des alentours de l’établissement. Afin de faciliter la visibilité, les miradors doivent être entourés de surfaces vitrées.
La loi du 22 juin 1987 concernant les établissements 13000, a donné l’occasion de faire des choix technologiques nouveaux en matière de sécurité. En effet, elle a notamment créé une surveillance périmétrique sans mirador, par exemple à la maison d’arrêt d’Amiens.
Ainsi, on a tendance à remplacer les miradors par des caméras ou également par des détecteurs (par exemple, un radar hyperfréquence installé dans le chemin de ronde, un câble à choc sur les deux clôtures et une détection enterrée disposée à l’intérieur de la deuxième enceinte). Mais ces systèmes peuvent également être utilisés en association avec les miradors, qui restent les meilleurs moyens pour renforcer la sécurité.
Le rapport Chauvet, quant à lui, pose le principe de quatre miradors dans les maisons centrales et les maisons d’arrêt à vocation régionale25. Par conséquent pour les autres établissements, leur nombre sera réduit.
D’ailleurs c’est ce qu’on peut constater pour les nouvelles prisons, notamment celle de Bapaume, centre de détention nationale, où il n’y en a que deux. Il est également question dans ce même rapport, d’améliorer les conditions de sécurité. Ainsi, l’installation d’un vitrage sans tain est préconisée, permettant ainsi d’éviter les reflets du soleil, si le surveillant doit utiliser son arme. Mais cela permet également de le dissimuler partiellement afin de garantir plus efficacement sa sécurité.
Ainsi, il n’aura plus le sentiment d’être une cible pour les malfaiteurs et il ne pourra plus être observé par les détenus. Le mirador doit également lui servir de rempart en cas de tir. Par conséquent, il doit être aménagé à cet effet. Le problème est que comme la plupart des établissements sont anciens, ces postes sont bien souvent très vétustes et inadaptés aux conditions de sécurité préconisées.

25 Ces établissements ont en effet une population pénale plus difficile à gérer et où les incidents sont donc les plus nombreux.

Enfin, une aide à la visée est également recommandée afin de faciliter un éventuel tir26.
Ce poste de surveillance est un atout pour la sécurité périmétrique. Concernant celle à l’intérieur de la détention, il existe des autres postes fixes de surveillance (B.), permettant également de maintenir une certaine distance entre les détenus et le personnel.

Les miradors et les postes de sécurité dans une prison
Alcatraz prison (Photo/Krystian Olszanski, Flickr)

B. Les autres postes protégés :

L’important dans une prison est de pouvoir gérer totalement les entrées et les sorties. Etant donné que les établissements sont ouverts de plus en plus sur l’extérieur, les flux des piétons et des véhicules sont de plus en plus influents. C’est pour cette raison, que la porte d’entrée principale (PEP) doit être protégée et bien organisée.
C’est le cas à la maison d’arrêt de Loos, où ce poste est tenu par deux surveillants, qui n’ont aucun contact avec les personnes. Ils doivent gérer à la fois les individus et les véhicules. Néanmoins, tous les établissements ne sont pas dotés d’un tel poste. Ainsi, l’entrée de la maison centrale de Poissy n’est absolument pas protégée. Ce n’est que lorsque l’on veut rentrer dans la détention en elle-même, que l’on retrouve les caractéristiques d’une porte d’entrée principale.
Concernant le centre de détention de Loos, les surveillants ne sont pas dans une bulle extérieure permettant de voir directement la personne qui désire rentrer. Par conséquent, un interphone et une caméra sont installés à l’extérieur afin de pouvoir vérifier l’identité de la personne, avant de l’autoriser à pénétrer dans l’enceinte carcérale.
Le rapport Chauvet préconise de dissocier le flux entrant et celui sortant. Il recommande ainsi « un passage entré et un passage sorti, distincts l’un de l’autre, et communs à toutes les catégories de piétons »27, dans les établissements de plus de quatre cents places, ainsi que dans les maisons centrales.
De plus, la possibilité d’avoir un poste de surveillance totalement hermétique au sas, tout en y restant proche, est nécessaire. En effet, permettre la protection des surveillants ne doit pas en contre partie, nuire à la sécurité de l’établissement. D’ailleurs, pour certains surveillants, l’absence de contact physique avec les personnes, n’apportent pas que des avantages pour la sécurité.

26 Cette aide à la visée est déjà installée sur les carabine A.M.D. 5.56, au centre de détention de Loos.
27 Première partie, 2-b., un espace à repenser

Concernant la gestion de la détention même, il y a des postes qui sont nécessaires à la sécurité et qui doivent donc être protégés. C’est le cas notamment du « planton », poste de sécurité central au centre de détention de Loos, qui gère les nombreuses alarmes de l’établissement et contrôle le sas qui mène directement en détention.
En fait, ces postes sont protégés car ils ont un rôle déterminant pour contrôler les mouvements des détenus. En effet, ce sont eux qui permettent l’ouverture de certaines grilles et qui ont la garde des trousseaux de clefs de l’établissement. Ainsi, à la maison d’arrêt de Loos, c’est « la grille » qui conserve les clefs. En parallèle, le Poste Central d’Information (PCI ) vérifie, quant à lui, toutes les allées et venues des détenus, ainsi que des intervenants extérieurs. Ce poste est situé dans le rond point central de l’établissement, à l’intersection de tous les bâtiments de la détention28.
Ces postes protégés ont un rôle primordial pour la sécurité, néanmoins ils ne sont pas armés (contrairement aux miradors). Ils ont chacun leur particularité, selon l’établissement. En effet, certaines prisons ne fonctionnent qu’avec de tels postes, c’est à dire qu’avec des postes protégés (notamment le centre de détention de Bapaume).
D’autres au contraire en ont très peu. D’ailleurs à ce sujet, la maison centrale de Poissy, depuis la mutinerie de janvier 2002, n’a plus qu’un seul poste protégé, le PCI. En effet, son poste de contrôle et de coordination ( PCC ) a été détruit, ce qui entraîne des problèmes de sécurité importants, selon la directrice adjointe, Mme Blin.
Néanmoins, cette dernière se rend compte que tous les postes de sécurité ne doivent pas tous être protégés. En effet, pour avoir une bonne sécurité, il faut un juste équilibre. Il faut à la fois des ouvertures électriques grâce à ces postes, mais aussi des ouvertures manuelles, permettant de garder un contact avec les détenus. Le problème majeur pour la plupart des établissements construits par le programme 13000, est justement que les surveillants sont « enfermés » dans des postes électroniques de surveillance, considérés d’ailleurs comme des « miradors intérieurs ».
Ils n’ont par conséquent, quasiment plus de contact avec les détenus et se sentent paradoxalement en insécurité. D’ailleurs, concernant ces établissements, la sophistication des systèmes de sécurité conduit également à l’augmentation du sentiment d’insécurité des surveillants. En effet, ces derniers ne maîtrisent pas suffisamment ces outils modernes, surtout que la formation est inexistante.

28 En effet, la détention de la maison d’arrêt de Loos est composée par trois bâtiments distincts. Voir annexe 3.

Comme on peut le remarquer, l’architecture et la sécurité sont étroitement liées. C’est grâce à cela que l’on va pouvoir maintenir les détenus dans un premier temps. A cela s’ajoute le matériel de sécurité. (Deuxième section) Ce dernier permet de prévenir le moindre incident afin de maintenir l’ordre au sein de l’établissement.
Lire le mémoire complet ==> (La sécurité en prison)
Mémoire de DEA droit et justice
Ecole doctorale n° 74 – Lille 2

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