Les étudiants ayant abandonné la Filière FUF

3. Résultats de l’enquête et propositions

Nous allons maintenant procéder à l’analyse des données afin de vérifier nos hypothèses, mais également d’en tirer des informations et des conclusions susceptibles de nous permettre d’avancer un certain nombre de propositions pour tenter d’améliorer le fonctionnement des Filières Universitaires Francophones FUF en fonction des motivations, des attentes et des besoins des étudiants.

Pour cela, nous ferons un parallèle avec une autre « filière », le département Relations Internationales de la faculté de droit et de sciences politiques, tout en tirant les leçons des résultats obtenus auprès des étudiants ayant abandonné les Filières Universitaires Francophones FUF en cours de cursus.

3.1 Analyse (les étudiants des filières FUF)

Dans notre analyse, nous avons tantôt pris le parti de comparer les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF dans leur ensemble avec les étudiants de « Relations Internationales » (désormais « étudiants de RI »), tantôt pris le parti de comparer les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF entre eux, selon leur nombre d’année d’études, ou encore de comparer les étudiants Classes Bilingues et non CB.

La comparaison avec les étudiants ayant abandonné n’a été faite que lorsque les informations permettaient une comparaison pertinente et utile.

Nous rappellerons lorsque nécessaire les hypothèses émises au début de notre enquête afin de les valider ou de les invalider en fonction des résultats.

Pour la présentation de cette partie, nous exposerons les résultats soit sous forme de tableaux soit d’autres types de graphiques suivis ou précédés de commentaires car cela permet d’avoir une bonne image d’ensemble de certaines données, notamment lorsque l’on veut établir des comparaisons et classer les réponses selon leur fréquence.

Nous présentons la plupart du temps les données sous forme de pourcentages, ceux-ci nous apparaissant plus parlant et permettant une comparaison plus aisée.

Pour calculer ces pourcentages, nous avons choisi d’éliminer les non-réponses ou les réponses doubles (là où une seule n’était en théorie possible) donc invalides et avons donc effectué nos calculs sur le total des réponses données.

Pour ce qui est des réponses aux items « autres » proposés pour un certain nombre de questions, nous avons procédé à un codage en catégories plus larges, les réponses étant souvent trop nombreuses, ce qui a permis de faire ressortir de manière plus évidente les principaux problèmes soulevés par les étudiants.

3-1.1. Résultats de la première partie « votre profil »

Nous allons nous pencher ici sur les questions concernant le profil de la personne interrogée. Les questions sont les mêmes pour tous les questionnaires ce qui permet dans l’ensemble une bonne comparaison.

La répartition par sexe des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF interrogés pour l’enquête représente plutôt bien la répartition par sexe de l’ensemble des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF de Vientiane.

Ainsi, au 31 mars 2009, sur un effectif total de 450 étudiants inscrits dans les Filières Universitaires Francophones FUF, 38 % sont des filles, et sur les 230 étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF ayant participé à l’enquête, elles représentent 33 %37. Pour ce qui est des étudiants du département RI, sur 46 étudiants 50 % sont des filles38.

Les questions sur le lieu d’études secondaires et sur la profession des parents ont été abandonnées car elles représentaient une multiplication de données sociologiques à traiter sans apporter pour autant d’informations pertinentes à notre propos.

Les étudiants ayant abandonné la Filière FUF

En revanche, à la question « Avez-vous un emploi pendant la semaine ou le week-end pour pouvoir payer vos études ? », 30 % des étudiants de FUF et 50 % des étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF ont répondu « oui », contre 23 % des étudiants du département RI.

Cela peut laisser penser que la nécessité d’exercer un emploi pour la moitié des étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF n’est pas sans relation avec leur abandon.

37 Pour ce qui est des étudiants ayant abandonné les Filières Universitaires Francophones FUF, il y avait une seule fille (17 %) sur les 7 personnes interrogées.
Cependant, cela ne peut pas être représentatif d’une répartition par sexe chez les étudiants qui abandonnent car l’échantillon des étudiants constitué est dû à un pur hasard et est beaucoup trop restreint.
38 Une des personnes interrogées n’a pas précisé son sexe, nous l’avons donc omise pour le calcul de ce pourcentage.

Pourcentage et nombre d’années d’étude du français avant d’entrer à l’université

Ont étudié le français avant d’entrer à l’universitéEtudiants FUF non

CB

Etudiants de RI non

CB

Etudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF
École11 % pendant environ 2,1 ans11 % pendant 2 ans0 %
Collège70 % pendant environ 2,2 ans72 % pendant environ 2,1 ans0 %
Lycée33 % pendant environ 1,9 ans23 % pendant environ 2,5 ans0 %
TOTAL12 %45 %0 %

Pour ce qui est de l’apprentissage des langues, seuls 12 % des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF non CB ont étudié le français avant d’entrer à l’université, contre 45 % des étudiants de RI non CB39.

Il apparaît ainsi que les étudiants de RI sont beaucoup plus nombreux à avoir déjà des notions de français lorsqu’ils commencent leurs études universitaires, ce qui peut constituer un atout (les étudiants pouvant avancer, voire progresser beaucoup plus vite), comme une difficulté dans l’organisation des études (hétérogénéité de la classe).

En outre, nous constatons que l’intégralité des étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF n’ont jamais étudié le français avant d’entrer à l’université; ils n’ont donc aucune base en entrant dans la Filière Universitaire Francophone FUF et le fait que certains de leurs camarades en aient fait qu’ils ont pu se sentir à un moment donné « à la traine » ou en difficulté, ce qui expliquerait leur abandon.

A la question suivante visant à savoir si des étudiants ont déjà effectué un séjour dans un pays francophone et pour combien de temps il apparaît que c’est le cas pour 6,4 % de étudiants de RI et pour 4 % des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF interrogés : ils ont tous effectué en moyenne un séjour de près de 2 semaines, ce qui est insignifiant pour l’apprentissage d’une langue mais peut expliquer une motivation accrue.

Concernant la question de l’obtention du DELF, nous avons opté, afin d’obtenir une comparaison valable, de ne retenir que les réponses des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF et de RI. Ainsi, seuls 12 % des étudiants de 3ème année RI ont obtenu un DELF (dans leur intégralité le DELF A2) contre 28% pour les étudiants de 3ème année de Filières Universitaires Francophones FUF (dont 91 % le A2 et 9 % le B1), le DELF A2 ne constituant plus alors un critère préalable à l’entrée en 3ème année.

39 Pour les classes bilingues, nous avons éliminé un questionnaire dans lequel cette réponse était mal remplie et avons donc ajusté le calcul des pourcentages.

Il est possible que cet écart entre RI et FUF soit fortement lié au fait que l’AUF finance l’inscription à la passation du DELF A2 pour les étudiants en début de 3ème année.

Il apparait toutefois que le niveau de français des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF reste relativement bas et qu’une majorité ne parvient pas à atteindre les pré-requis pour pouvoir poursuivre leurs études de et en français avec une progression satisfaisante. Nous exposerons plus avant les probables facteurs à l’origine d’une telle situation.

Fréquence d’utilisation du français en dehors du contexte scolaire par les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF, RI et ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF

Fréquence d’utilisation du françaisEtudiants de Filières Universitaires Francophones FUFMoyenne étudiants de Filières Universitaires Francophones FUFEtudiants ayant abandonné

la Filière Universitaire Francophone FUF

Etudiants de RIMoyenne totaleMoyenne totale
1ère

année

ère

1

année

CB

3ème

année

ème

3

année

CB

Dernière année
Souvent0,9 %0 %1,25 %0 %0 %0,9%0 %2,1 %1%5 %
Assez souvent3,7 %54,5 %10 %0 %26 %10%0 %2,1 %4%
Rarement44 %36,4 %51,25 %100 %58 %48,6%50 %68,1 %55,6%95 %
Jamais51,4 %9,1 %37,5 %0 %16 %40,5%50 %27,7 %39,4 %

Pour ce qui est de la fréquence d’utilisation du français en dehors du contexte scolaire, il apparaît que sur l’ensemble des étudiants, seuls 5 % l’utilisent souvent ou assez souvent, le reste reconnaît ne l’utiliser que rarement ou jamais.

Les étudiants des Filières Universitaires Francophones FUF sont toutefois ceux qui l’utilisent le plus avec 10,9 % qui l’utilisent souvent ou assez souvent contre seulement 4,2 % des étudiants de RI et 0 % pour les étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF.

Nous pouvons d’ailleurs remarquer qu’il y a un accroissement de son utilisation en dehors du contexte scolaire avec l’avancée des étudiants dans leurs études, accroissement qui s’accompagne normalement d’une amélioration des compétences.

Ainsi, nous passons de 51,4 % qui ne l’utilisent jamais chez les étudiants de 1ère année non CB à seulement 16 % en dernière année. Ceci est dans la logique des choses.

Nous notons cependant que le deuxième volet de ce questionnement comporte des failles car lorsque nous proposons comme item « avec des amis francophones », qui est l’item le plus choisi, il est très difficile de savoir ce que les étudiants entendent par cela.

Parlent-ils d’amis francophones natifs ou bien de leurs camarades qui étudient également le français et avec qui ils s’amusent ou s’entraînent à parler parfois français ? Ces données sont donc à prendre avec précaution.

Occasion(s) d’utilisation du français par les étudiants en dehors du contexte scolaire40

(plusieurs réponses autorisées)

A quelle(s)

occasion(s)

Etudiants de Filières Universitaires Francophones FUFMoyenne étudiants de Filières Universitaires Francophones FUFEtudiants ayant abandonné

la Filière Universitaire Francophone FUF

Etudiants de RIMoyenne totale
1ère

année

1ère année CB3ème

année

ème

année

CB

Dernière année
Avec des amis francophones83 %90 %84 %42,9 %81,8 %84 %100 %79,4 %83,3%
Avec des touristes13,2 %40 %20 %14,3 %63,6 %22,8 %0 %47,1 %27,3%
Au travail3,8 %0 %6 %0 %54,5 %8,5 %0 %2,9 %7,2%
Avec ma famille35,8 %30 %18 %14,3 %9,1 %25,9 %0 %23,5 %25%
Autres5,7 %10 %6 %42,9 %0 %8,1 %0 %2,9 %6,9%
Autres langues étudiées avant de commencer les études universitaires en Filières Universitaires Francophones FUF ou en RI
Autres langues étudiées41Etudiants de

FUF

Etudiants de RIEtudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUFMoyenne totale
%années%années%années%années
Anglais81,33,397,95,366,72,384 %3,6
Japonais1,30,512,81,5//3,2 %1
Chinois0,91,58,56,1//2,1 %3,8
Vietnamien1,31//16,712,1 %1
Coréen1,30,9////1,1 %0,9
Thaï421,37,5////1,1 %7,5
Russe0,41//0,4 %1

40 Pourcentage calculé sur le total des réponses des étudiants qui déclaraient utiliser le français en dehors du contexte scolaire : souvent, assez souvent ou rarement.
41 Bien que le questionnaire proposait une liste de 13 langues, nous avons choisi de ne présenter ici que les langues qui ont été sélectionnées par les étudiants. Pour la liste intégrale des langues proposées, se référer au questionnaire en annexe 2 p.125.
42 Nous avions proposé la langue thaï dans la liste des items, cependant cette langue est très proche de la langue lao, il est donc surprenant de voir que certains étudiants déclarent avoir étudié cette langue qu’ils peuvent parler et comprendre sans beaucoup d’effort naturellement. Il est toutefois vrai que l’intercompréhension est un peu plus difficile à l’écrit.

Concernant les langues étudiées avant les études universitaires en Filières Universitaires Francophones FUF ou en RI, il ressort de manière peu surprenante que l’anglais arrive en tête avec 84 % des étudiants qui ont étudié cette langue, ne serait-ce que peu de temps.

Ensuite arrive en 2ème position le japonais (3,2 %), mais pour ce qui concerne le nombre d’années d’étude d’une langue, le chinois (3,8 ans) devance le japonais (1 an) et même l’anglais (3,6 ans).

Nous constatons que l’enseignement des langues étrangères autres que le français se cantonne principalement à l’anglais, les langues de la « région » étant encore relativement peu enseignées dans le cursus primaire et secondaire.

Quant à la question « avez-vous déjà effectué un séjour dans un pays anglophone ? », il apparaît que, tout comme pour la question similaire concernant un éventuel séjour dans un pays francophone, ce sont les étudiants de RI qui voyagent le plus avec 12,8 % de « oui » contre 9,6 % pour les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF.

Les étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF n’ont quant à eux jamais voyagé à dans un pays anglophone.

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

3-1.2. Résultats de la deuxième partie « vos motivations »

Nous allons maintenant nous intéresser aux motivations des personnes interrogées, notamment celles qui président au choix d’étudier dans une classe bilingue ou une filière universitaire francophone.

Ci-après, nous présentons donc le pourcentage obtenu pour chaque item choisi comme raisons pour intégrer les classes bilingues, aussi bien pour les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF que les étudiants de RI issus de classes bilingues, ce qui nous permet d’établir une comparaison.

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

La première raison invoquée dans le choix d’intégrer une classe bilingue, aussi bien par les étudiants Classes Bilingues en Filières Universitaires Francophones FUF (77,8 %) que par les étudiants Classes Bilingues en RI (83,3 %), est celle de pouvoir faire des études à l’étranger, cependant ces derniers ont choisi à la même hauteur l’item « pour mon avenir professionnel » avec 83,3 %.

Par contre, pour les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF, arrive en 2ème position (61,1 %) l’item « ce sont mes parents qui ont choisi ».

Réponse dont il convient de souligner l’honnêteté, sachant qu’un enfant entre généralement en classe bilingue en 3ème année d’école primaire, il est difficile de penser que ce sont les enfants eux- mêmes qui ont décidé de s’y inscrire pour leur avenir professionnel ou pour faire des études à l’étranger.

Les motivations invoquées sont probablement celles de leurs parents qu’ils s’approprient ensuite. En 3ème position, arrivent « ex aequo » 3 items pour les étudiants de RI : « parce qu’il est important de parler des langues étrangères », « ce sont mes parents qui ont choisi » et « parce que j’aime le français ».

Pour les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF, ce sont les items « pour mon avenir professionnel », « parce que les langues étrangères sont importantes ».

Pour la question suivante, 100 % des étudiants Classes Bilingues (FUF et RI confondues) se déclarent globalement satisfaits de leurs études en classe bilingue et 100 % des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF et 83,3 % des étudiants de RI affirment qu’ils referaient le même choix s’ils devaient revenir en arrière.

Cependant un étudiant de RI a déclaré que si c’était à refaire, il ferait l’économie de la CB vu la faible utilisation du français au Laos.

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

Nous tenterons ici de valider ou d’invalider une de nos hypothèses à savoir celle relative aux différences de motivations, d’attentes et de besoins entre les étudiants Classes Bilingues et les étudiants non CB que nous rappelons ci-dessous.

H3 : Les étudiants issus de classes bilingues ne choisissent pas d’étudier et d’intégrer une FUF pour les mêmes raisons que les étudiants non issus de classes bilingues.

Tout comme pour la question précédente concernant la motivation à entrer dans une CB, les raisons les plus invoquées par l’ensemble des étudiants pour intégrer une FUF sont en rapport avec leur avenir professionnel; il est relevé que les langues étrangères sont importantes; ils prévoient de poursuivre leurs études à l’étranger ou envisagent un master francophone.

Pour cette question, les étudiants pouvaient sélectionner les réponses qu’ils souhaitaient puis devaient les classer entre elles. Il apparaît que les résultats émanant du classement de leur choix aboutissent aux mêmes conclusions, les pourcentages obtenus étant juste légèrement plus faibles.

Il est intéressant de noter que le fait que l’item « parce que c’est gratuit » (ou presque) est souvent retenu (66,7 %) comme étant une des raisons du choix de s’y inscrire par les étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF.

Nous pouvons également souligner que le fait d’aimer la langue française garde une bonne place dans les raisons les plus invoquées par une bonne partie des étudiants : 50 % chez les étudiants ayant abandonné et 49,5 % chez les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF non CB.

Par ailleurs, on peut relever que pour un tiers des étudiants CB, le fait que peu de personnes apprennent le français constitue un atout puisque cet item a été choisi par un tiers des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF CB et par plus d’un étudiant sur quatre de Filières Universitaires Francophones FUF non CB (25,5 %) et 16,7 % des étudiants ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF.

La raison « ce sont mes parents qui ont choisi » a été retenue par un nombre non négligeable d’étudiants, notamment ceux issus de Classe Bilingue (22,2 %) et également ceux ayant abandonné la Filière Universitaire Francophone FUF (16,7 %), d’autant que pour 18,8 % et 16,7 % d’entre eux respectivement, cette raison a été classée en 1ère place.

Il est difficile de trancher sur le fait que notre hypothèse est ici validée ou invalidée. En effet, dans l’ensemble il apparaît que les motivations des étudiants Classes Bilingues et ceux non CB sont sensiblement les mêmes : avenir professionnel, études à l’étranger ou master francophone.

Le choix de quelques items divergent toutefois, généralement parmi ceux qui ont un pourcentage plus faible.

Par exemple, l’item « je veux approfondir mes connaissances en français » a été logiquement sélectionné chez beaucoup plus d’étudiants Classes Bilingues (27,8 %) que d’étudiants non CB (7,5%), tandis qu’à l’inverse l’item « parce que je parle déjà anglais et que je veux apprendre une autre langue » n’a été sélectionné que par des étudiants non CB (21,7 %), les étudiants Classes Bilingues n’ayant généralement jamais étudié de LV2 au cours de leur cursus.

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

(1) Nous avons pris le parti de ne présenter que les 4 premiers choix classés en 1er par les étudiants, c’est la raison pour laquelle la somme des pourcentages n’est pas toujours équivalente à 100 %.

Si nous nous penchons maintenant sur les réponses des étudiants de RI, il apparait également que les raisons les plus souvent évoquées sont celles concernant l’avenir professionnel, notamment pour travailler dans le droit international ou la poursuite d’études à l’étranger avec une priorité pour la volonté de faire un métier spécifique, à savoir celui de diplomate puisque 87,2 % des étudiants de RI ont sélectionné cette réponse.

Ensuite, arrivent des références à l’importance des langues étrangères (59,6 %) et notamment la possibilité d’apprendre deux langues à la fois, réponses choisies par plus de la moitié des étudiants (55,3 %).

Puis les étudiants évoquent le prestige de ce département (21,3 %) tandis que les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF sont seulement 12,8 % à avoir choisi cette réponse pour le choix de leur département.

Dans l’esprit des étudiants il apparait donc peut-être que le domaine des Relations Internationales est plus prestigieux que d’autres.

Enfin, il apparait que le choix des parents prime encore pour certains des étudiants (12,8 %) soit à peu près comme pour les étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF (en moyenne 15,7 %)

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

Pour finir, sur la partie motivation, 79,7 %43 de l’ensemble des étudiants de Filières Universitaires Francophones FUF affirment que si c’était à refaire ils referaient le même choix, ce qui est un pourcentage somme toute satisfaisant et semble indiquer un certain succès des Filières Universitaires Francophones FUF.

Nous pouvons toutefois relever qu’en 3ème année plus d’un étudiant sur quatre a répondu « non » à la question et semble donc regretter son choix, ce qui nous amène à nous demander pourquoi et à nous interroger sur les raisons pour lesquelles il a persévéré jusque là.

43 Le pourcentage n’a pas été calculé sur l’intégralité des étudiants car 6 d’entre eux n’avaient pas répondu à la question et nous avions omis de mettre la question dans le questionnaire pour les 3èmes années issus de CB. Nous avons donc fait le calcul sur 217 personnes au lieu de 230.

Une classe bilingue ou une filière universitaire francophone

Voici un tableau récapitulatif de l’ensemble des réponses explicatives des étudiants ayant répondu « non » à la question « Si vous deviez revenir en arrière, referiez-vous le même choix ? » :

Si je devais revenir en arrière, je ne referais pas le même choix parce que…Nombre de réponsesCatégories généralesTOTAL
1Le français est une langue difficile8Difficulté de l’apprentissage du français39,5%
Les cours pour les vrais débutants sont trop difficiles(manuel est trop difficile)5
Je ne comprends pas, je n’arrive pas à suivre, mon niveau est faible, …4
2Manque de temps, trop de travail à l’université, priorité aux matières scientifiques11Manque de temps donc priorité donnée aux matières scientifiques25,6%
3Problèmes liés à l’enseignant (très souvent absent, ne sait pas motiver les étudiants, pas compétent, cours magistraux où les étudiants n’interviennent pas, etc.)3Problèmes internes au fonctionnement/à la qualité de l’enseignement dans les Filières Universitaires Francophones FUF13,95%
Problèmes d’emploi du temps (les cours se chevauchent)3
4Je n’aime pas les langues étrangères / le français2Inappétence et inutilité de l’apprentissage du français13,95%
J’ai l’impression de ne rien apprendre, je veux apprendre autre chose2
La langue française n’est pas très utilisée dans le monde du travail2
5Pas d’argent pour payer des cours supplémentaires3Pas d’argent pour payer des cours supplémentaires7%
TOTAL43

Il apparaît que la catégorie de réponses la plus importante (39,5 %) concerne la difficulté que représente l’apprentissage du français et notamment la difficulté des cours pour les débutants.

Nous avons pu constater qu’au Laos, les étudiants ne sont pas habitués dès le début de leur scolarité à fournir un travail personnel à la maison et se contentent souvent de ce qu’ils ont appris en classe.

Or ce travail à la maison reste indispensable, vu l’effort de mémorisation que nécessite l’apprentissage d’une langue. Ainsi, la progression qui a déjà tendance à être relativement lente est encore trop rapide pour nombre d’étudiants.

Il est probable aussi que certains enseignants ne se soucient pas suffisamment de savoir si les étudiants suivent ou non.

La catégorie suivante (25,6 %) qui réunit toutes les réponses évoquant le manque de temps pour travailler le français et la préférence donnée aux matières de spécialités scientifiques souligne bien que certains étudiants trouvent difficile de maintenir un rythme « soutenu» de travail personnel alors même qu’ils ont déjà en Filières Universitaires Francophones FUF un volume horaire plus conséquent que ceux inscrits dans le cursus « classique » les cours de français étant naturellement dispensés en plus des matières « habituelles ».

La troisième catégorie (13,95 %) soulève des problèmes au niveau de l’enseignement ou de l’organisation de l’emploi du temps.

Ces problèmes peuvent peut-être trouver des solutions en changeant les enseignants des Filières Universitaires Francophones FUF ou bien en répartissant les heures de cours dans une même classe entre deux enseignants différents, ce qui demanderait alors une organisation un peu plus complexe, mais qui pourrait avoir des effets bénéfiques.

Pour l’organisation de l’emploi du temps, il conviendrait d’améliorer encore la concertation entre les responsables de Filières Universitaires Francophones FUF et les responsables des facultés concernées.

La quatrième catégorie (13,95 %) expose le manque de motivation et d’intérêt pour la langue française chez certains étudiants. Nous nous posons la question de la raison qui les pousse à poursuivre leurs études en Filières Universitaires Francophones FUF.

Enfin, la cinquième catégorie (7 %) rend compte du fait que certains étudiants font valoir qu’ils ne peuvent se payer des cours supplémentaires.

Cette réflexion fait transparaitre une idée, qui semble d’après notre expérience, très prégnante au Laos, selon laquelle pour pouvoir apprendre une langue et progresser il faut nécessairement suivre un très grand nombre d’heures de cours.

Cette représentation est liée à la remarque faite précédemment pour la catégorie 1 sur la faible habitude éducative à fournir un travail personnel et à réviser régulièrement à la maison. Le suivi de cours complémentaires, généralement le soir, est conçu au Laos comme une indispensable panacée à l’échec.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Paris III – Sorbonne Nouvelle - Ingénierie de formation pour les enseignements de français langue étrangère et des langues
Auteur·trice·s 🎓:
Aurélie CADIER

Aurélie CADIER
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté pour l'obtention du Master 2 professionnel parcours 3 - 2009-2010
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