Grossesse des adolescentes et Pathologies obstétricales et néonatales

Grossesse des adolescentes et Pathologies obstétricales et néonatales

3.2.4.L’évolution des pathologies obstétricales et néonatales

Notre 4ème hypothèse est que le nombre de pathologies de la grossesse et le nombre de pathologies néonatales a diminué grâce au suivi plus précoce de la grossesse.

* Une diminution des pathologies de la grossesse depuis 1998 ?

Chez n’importe quelle femme, il est important de dépister les facteurs de risques obstétricaux. La prise de poids trop faible ou trop importante et l’anémie qui pourrait être évitée font partie des facteurs de risque.

– Des facteurs de risques en augmentation

L’IMC5 est la caractéristique la plus intéressante à étudier chez les adolescentes puisqu’elle est révélatrice de l’état nutritionnel et permet d’évaluer les risques liés à l’insuffisance pondérale ou au surpoids avant la grossesse. La corpulence normale se situe entre 18,5 et 24,9 ce qui montre que les adolescentes qui mènent leur grossesse à terme ne font pas partie d’une catégorie à risque accrue puisque leur IMC est resté stable depuis 1998 avec un IMC égal à 22.

5 L’unité de l’IMC correspond des kg/m2 (soit le poids/taille2)

Grâce au détail de l’IMC dans notre étude nous remarquons qu’en dehors de la corpulence normale, 13,4% sont en insuffisance pondérale et 12,7% sont en surpoids voir dans l’obésité modérée (5%). La répartition de l’IMC et sa stabilité depuis 12 ans montre une plus grande tendance à l’insuffisance pondérale qu’à l’obésité ce qui ne correspond pas à la littérature qui montre que la prévalence de l’obésité augmente de plus en plus rapidement depuis plusieurs dizaines d’années dans de nombreux pays industrialisés [52].

La prise de poids a diminué de façon significative entre 1998 et 2010 passant de 12kg à 9,5kg sachant que l’IMC moyen de l’adolescente avant la grossesse est stable depuis 1998 à 22. La prise de poids est faible lorsque l’on sait que les adolescentes avec un IMC entre 19,8 et 26 doivent prendre entre 11,5 et 16kg et se situer plutôt dans la limite haute du fait de leur âge [53].

La diminution de la prise de poids dans notre étude, entre 1998 et 2010, est un facteur de risque de complication obstétricale et néonatal d’après l’étude menée à Dakar par Ndiaye et al sur les facteurs de risques maternels sur les petits poids de naissance [54].

La proportion d’adolescentes anémiées pendant et après la grossesse a significativement augmenté en 12 ans. Elle représente 40,8% avant l’accouchement et 68,6% après l’accouchement en 2010. Les situations à risque de carences préalables ou de carences nutritionnelles liées au faible niveau socio-économique et aux maladies endémiques peuvent être la cause des anémies par carence martiale [55].

Il est important de dépister l’anémie dans le 2ème trimestre de la grossesse chez l’adolescente encore plus que chez la femme adulte et de lui donner les informations nutritionnelles en début de grossesse en la sensibilisant aux risques de l’anémie [57]. Nous n’avons pas pu évaluer la cause de l’augmentation de l’anémie car la supplémentation en fer n’a pas été étudiée en 1998.

Tout comme la faible prise de poids, l’anémie représente un facteur de risques médicaux chez les adolescentes qu’il faut dépister et supplémenter si besoin. Il faut surtout donner des conseils diététiques et nutritionnels car ces deux facteurs de risques augmentent la prématurité et le faible poids de naissance selon J. Riber [51].

La consommation de tabac pendant la grossesse reste stable. Elle est passée de 15% en 1998 à 17% 2010. Nous savons que cette consommation peut être difficile à évaluer car les conduites addictives ne sont pas toujours avouées par les femmes enceintes. La stagnation observée peut être due à une mauvaise évaluation des conduites addictives en début de grossesse lorsque la jeune femme consulte tôt ou peut aussi être due à la difficulté de sensibiliser les adolescentes sur les risques qu’entraine une telle conduite.

– Des pathologies de la grossesse plus souvent dépistées

En ce qui concerne les pathologies totales, une augmentation significative est observée entre 1998 et 2010 faisant passer le nombre de pathologies obstétricales de 37% à 55% ce qui est confirmé par l’augmentation des hospitalisations pendant la grossesse qui sont passées de 20% à 43% en 12 ans.

Lorsque l’on compare une à une les pathologies, les différences ne sont pas significatives. Les pathologies les plus souvent retrouvées dans les deux années sont la MAP (14% à 10%), l’hypotrophie fœtale (8% à 11%) et les infections urinaires (5%). Le diabète gestationnel est retrouvé chez 5% des adolescentes en 2010 alors qu’il n’était que de 1% en 1998. Cette différence s’explique par les pratiques du service. En 1998 le dépistage se faisait sur signes d’appel alors qu’en 2010 il est devenu systématique.

– Des complications néonatales stables

Depuis 12 ans, les nouveaux nés des adolescentes ont les mêmes pathologies, aucune différence significative n’a été retrouvée mais nous observons tout de même une tendance à plus de complications du nouveau-né.

12,8% naissent prématurément en 2010 contre 10% en 1998, les poids de naissance inférieur à 2500g sont passé de 6,9% en 1998 à 10,7%en 2010, 19,5% sont hypotrophes en 2010 contre 15,7% en 1998, le pourcentage de macrosomes est passé de 5,9% en 1998 à 2,3% en 2010. Les transferts en médecine néonatales sont passés de 10,0% à 15,9% en 12 ans et ceux en réanimation de 1% à 2,4%.

Les nouveau-nés des adolescentes ont un poids de naissance moyen stable de l’ordre de 3110g.

Le suivi de la grossesse dans la maternité constaté plus précoce qu’en 1998 n’a pas eu d’action sur les pathologies et celles-ci ont même augmenté en nombre. Cette augmentation doit être modulée par le fait que nos données sont des données informatisées et que les codes utilisés sont à visée financière et non médicale.

Ceux-ci ont également changé et ont été augmentés voire affinés entre 1998 et 2010 ce qui ne nous permet pas de savoir s’ils recouvrent exactement les mêmes pathologies observées ou si en 1998 toutes les pathologies étaient codées.

Notre 4ème hypothèse est infirmée car il y a plus de pathologies liées à la grossesse après la publication du rapport qu’avant et les pathologies néonatales n’ont pas évolué.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’adolescence et la grossesse dans l’histoire
Université 🏫: Université Paris Descartes - Faculté de Médecine de Paris - Ecole De Sages-Femmes De Baudelocque
Auteur·trice·s 🎓:
Amandine FILOU

Amandine FILOU
Année de soutenance 📅: Mémoire pour obtenir le Diplôme d’Etat de Sage-Femme - 2010- 2011
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