Développement durable : définition et 3 modèles théoriques

Développement durable : définition et 3 modèles théoriques

Chapitre 1

Le sport au service du développement durable ?

Section I

Contexte, définition et historique des liens entre sport et développement durable

Pour expliquer quelles relations et interactions sont présentes entre sport et développement durable.

Il faut d’abord donner une définition claire et complète de ce concept de « développement durable », qui regorge d’idées hétérogènes lui donnant un caractère polymorphe, et de subtilités dues à sa constante évolution.

A) Définition du développement durable DD

1- Emergence du concept

A la fin des années 1960, sont nées des réflexions autour de la question des atteintes portées à l’environnement.

Elles ont pris de l’ampleur dans les années 1970 et une autre question s’est invitée au cœur de ce débat, à savoir la place de « l’homme au centre de ses activités économiques, au cœur de son environnement naturel et de ses responsabilités individuelles et communautaires »2.

En 1972 à Stockholm, pendant la 1ère Conférence des Nations Unies sur l’environnement, est utilisé le mot « eco-développement ». Puis, en 1980, l’expression « sustainable developement » est adoptée par l’Union Internationale de la Conservation de la Nature. Sa traduction en français est « développement durable ».

En 1987, le rapport Brundtland popularise le concept, en 1992 à Rio, au Sommet de la Terre, on ne parle presque plus que de cela, avant qu’en 2002 il devienne incontournable puisque se déroule le Sommet Mondial du Développement Durable à Johannesburg.

2 O.BESSY, Le développement durable, un nouveau défi pour le sport ?, in colloque Sport, Environnement et DD, 2006.

De multiples définitions du développement durable existent.

Celle couramment véhiculée par les médias est celle-ci, à partir du Rapport Brundtland cité précédemment :

« Modèle de développement permettant de satisfaire les besoins des générations actuelles sans compromettre les capacités des générations futures à satisfaire les leurs », autrement dit, diminuer les héritages négatifs à tous les niveaux de la vie sociétale.

Une définition un peu plus théorique le définit comme le maintien d’un stock global de capital d’une génération à l’autre, sachant que nous ne savons pas quels seront les besoins de la future génération.

Cette idée, en tout cas, s’articule autour de trois domaines, ce qu’on appelle les trois piliers :

  1. le social et son équité,
  2. l’environnement et sa protection et
  3. l’économie alliée à son développement.

Schéma du développement durable :

Schéma du développement durable

Cette notion est la référence d’un grand nombre de politiques publiques dans des domaines variés.

Elle fait s’interroger sur la finalité de nos actes et sur le devenir de la planète3. Le DD permet de soulever la question de notre développement économique à nous, quelques pays industrialisés, face aux ressources de la planète entière.

Comment faire pour que ce développement soit partagé et équilibré entre les nations et entre les groupes sociaux ?

Danielle Nocher, fondatrice et directrice de la publication Valeurs Vertes orientée depuis dix ans vers les liens entre économie et écologie, synthétise cela en ces quelques mots :

« Le développement durable est l’idée majeur du siècle, une valeur montante, une valeur fédératrice, une valeur ajoutée ». 4

Pour Didier Pereira5, c’est un « projet de société, une nouvelle forme de gouvernance, une réaction qui repose sur la prise de conscience de la fin programmée de notre environnement physique : chacun doit dorénavant agir en citoyen responsable afin d’améliorer le monde dans lequel nous vivons, et assurer ainsi l’avenir des nouvelles générations ».

Tout ceci est porteur d’avenir, mais reste global et extrêmement flou.

Le concept de développement durable renferme en fait plusieurs visions, plusieurs définitions dont nous allons essayer de faire l’inventaire.

2- Différents modèles théoriques

Le développement durable est une construction de la société. C’est le résultat d’un groupe, d’une collectivité.

On retrouve trois modèles, comme l’identifie Olivier Bessy6 :

a) Le modèle socio libéral du développement durable

C’est le plus courant, étant donné qu’il est diffusé par les pays les plus développés à économies capitalistes.

Ce modèle vise à définir le développement durable comme la prise en compte simultanée des domaines économique, social et environnemental. La logique de marché n’est pas remise en cause, mais il permet de ne pas reléguer au second plan les deux dernières dimensions.

On recherche un meilleur équilibre et une certaine éthique.

Les « Agendas 21 », dans toutes les régions de France sont constitués à partir de cinq principes qui émanent de ce modèle :

  • une approche transversale
  • une meilleure coordination du local et du global
  • une meilleure articulation du court et du long terme
  • une solidarité territoriale et intergénérationnelle et une nouvelle gouvernance la concertation et la participation des individus aux décisions.

La loi Voynet d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire a initié ce changement en 1999.

Malgré ces bonnes intentions, la dimension économique reste prépondérante, comme on peut le voir à travers la charte de l’environnement, votée en juin 2005 par le Parlement. Certains articles n’ont pas d’application sur le terrain car ils sont contraires aux intérêts économiques.

Pour exemple, l’idée de taxer les voitures les plus polluantes a été abandonnée.

De plus, comme l’explique Olivier Bessy, « cette approche très souple et consensuelle permet des habillages superficiels en terme de communication ». Le développement durable est un terme très général qui regroupe une multitude d’actions.

b) Le modèle engagé du développement durable

L’objectif est plus poussé. En effet, ce modèle vise à transformer la société, et à dépasser les clichés associés au DD.

C’est l’économiste René Passet7 qui explique ce nouveau modèle. Selon lui, « deux logiques s’affrontent, celle du développement économique et celle des régulations naturelles, dont la première menace de détruire la seconde et par là même de ruiner le support de toute vie humaine ».

Pour lui, l’activité économique est incluse dans la sphère des activités humaines, et si elle devient source d’inégalités et de non-respect de l’environnement, elle ne pourra subsister.

Néanmoins, ce modèle n’est pas contre le concept de développement, mais souhaite un développement qualitatif et non une croissance équivalant à une augmentation du PIB. Une croissance sans respect de la personne et de l’environnement n’est pas un développement.

Ceux qui médiatisent ce courant sont les mouvements altermondialistes comme Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens).

Ils souhaitent que le néo-libéralisme ne prennent plus le pas sur la société, pour pouvoir mettre en place un autre développement, plus juste, solidaire et durable.

Ce modèle est critiqué par de nombreux détracteurs qui ne voient pas comment les enjeux économiques internationaux et la société de consommation peuvent laisser une place à cette solution chimérique.

c) le modèle de la décroissance soutenable

Seul un petit nombre de personnes croient à ce modèle. Ce sont en général des intellectuels marginaux comme Goldsmith, Illich, ou Partant8.

Comme l’explique Olivier Bessy, « ils remettent en cause la notion même de développement, qui est inégal, irresponsable et inadapté à l’état de la société ». Des revues comme L’écologiste ou La décroissance sont la vitrine de ce courant de pensée.

Pour eux, le problème concernant la notion de développement durable est qu’elle recentre le débat sur les excès de la société industrielle, mais fait oublier la critique écologiste.

Malgré cela, la majorité des associations écologistes comme WWF ou Greenpeace légitiment ce concept. La décroissance économique leur paraît être l’unique solution pour lutter contre la crise climatique : il faudrait consommer moins et diminuer notre impact sur l’environnement c’est-à-dire notre empreinte écologique.

Le problème est que ce modèle paraît très radical et quasiment irréalisable à court ou moyen terme, tellement les perspectives sont révolutionnaires et entraîneraient un changement qualitatif dans la vie des populations.

3- Le quatrième pilier du développement durable

Dans les milieux plutôt universitaires de la recherche, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont expliqué que le développement durable ne pouvait pas réellement être compris ou mis en pratique, si on ne comprenait pas ou ne parlait pas de l’existence d’un quatrième pilier venant chapeauter tous les autres.

Ce qu’ils appellent la « gouvernance partagée», permet de comprendre le rôle des acteurs et à quelle échelle territoriale ils interviennent.

Selon le guide de l’Afnor sur le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises, « la gouvernance est un processus de décision collectif n’imposant pas systématiquement une situation d’autorité.

Dans un système complexe et incertain, par lequel les différents enjeux sont liés, aucun des acteurs ne dispose de toute information et de toute autorité pour mener à bien une stratégie inscrite dans le long terme »9.

Cette notion de gouvernance est importante pour comprendre les enjeux entre acteurs.

Par exemple, elle peut permettre par son prisme, de comprendre l’évolution du champ sportif dans le développement durable, conséquence de nouveaux entrants, de nouvelles prises de décisions, de mise en relations d’acteurs aux intérêts différents.

4- Quelques repères chronologiques et législatifs

Six textes de lois essaient de mettre en application le développement durable en France :

  • La loi Barnier du 2 février 1995 : renforcement de la protection de l’environnement.
  • La loi LOADDT10 Voynet en 1999 : obligation de réalisation de chartes « développement durable ».
  • La loi du 13 décembre 2000 : solidarité et renouvellement urbain (SRU).
  • La loi du 15 mai 2001 : nouvelles régulations économiques qui oblige les entreprises cotées en bourse à faire des rapports « DD ».
  • La loi du 27 février 2002 : démocratie de proximité.

En 2002, pour la première fois, est créé un ministère de l’Ecologie et du DD.

Depuis le 3 juin 2003, la France a adopté une Stratégie de Développement Durable, qui a donné naissance à deux organes spécialisés : le Conseil National du Développement Durable (CNDD) et le Comité interministériel au Développement Durable (CIDD).

La Charte de L’Environnement a été adoptée le 28 février 2005 et figure dans le préambule de la Constitution Française.

La définition même du développement durable et les modèles que nous avons évoqués considèrent tous qu’il n’est plus possible de continuer à fonctionner comme avant, et proposent une régulation différente, un nouveau mode de gouvernance politique et un nouveau rapport à l’environnement.

Ce sont les politiques publiques, au niveau de tous les territoires, à toutes les échelles, qui devront mettre en place ce changement.

Face à cela, le sport, fait de société mais aussi vecteur d’économie marchande, génère une production et une consommation de biens et services, mais génère aussi une part de pollution et de nuisance, lors des grands évènements sportifs internationaux par exemple.

Depuis quand et dans quelle mesure le sport peut-il jouer un rôle dans le développement durable ?

Réussit-il à allier les différentes dimensions du développement durable ?

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’évènementiel sportif, le sport et le développement durable
Université 🏫: Université PARIS X – NANTERRE - UFR Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives
Auteur·trice·s 🎓:

Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’études de Master 2 - 2006/2007
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