3. Perception de la responsabilité sociale par les acteurs de la Microfinance au Burkina Faso
Les expériences en matière de microcrédit existent au Burkina Faso depuis la fin des années 1960110 avec la création en 1969 de la première coopérative d’épargne et de crédit de Fakéna, un village de Dédougou situé dans l’ouest du pays (actuelle province du Mouhoun). Mais, il faut dire que c’est seulement dans les années 1990, que ces expériences vont connaître un développement fulgurant et cela a été favorisé par deux évènements majeurs.
Il y a d’abord eu l’impérieuse nécessité de trouver une solution palliative à la disparition de la quasi-totalité des banques de développement (cas de la Banque Nationale de Développement du Burkina par exemple) dans les pays de l’UEMOA111 dans les années 1980 et qui entrainait le tarissement des financements dont avait grand besoin des secteurs essentiels tels l’agriculture, l’artisanat, les petites et moyennes entreprises etc. Pour sortir de cette situation les Autorités de l’Union ont été amenées, au début des années 1990, à promouvoir la diversification du paysage financier en favorisant l’émergence de nouveaux intermédiaires financiers dont les Institutions de Microfinance ou Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). C’est ainsi que la Banque Centrale des Etats de l’Afriques de l’Ouest (BCEAO) avec le soutien des partenaires au développement a élaboré un cadre juridique et réglementaire communautaire spécifique à la microfinance et à sa vulgarisation.
Il y a ensuite eu le contexte de la lutte contre la pauvreté dans lequel les Etats se sont engagés au début des années 2000, à promouvoir l’emploi et l’accès des populations pauvres aux services financiers adaptés pour développer des activités génératrices de revenus. L’expansion et la diversification du secteur de la microfinance à son tour se sont inscrites donc dans cette logique. En effet, le cadre juridique et réglementaire communautaire que chaque pays membre de l’Union a adopté, a visé en premier lieu la forme la plus répandue qui existait à savoir les coopératives d’épargne et de crédit, puis de façon subsidiaire toutes les autres formes d’organisation qui souhaiteraient faire de la microfinance, de bénéficier d’un statut particulier, « une convention avec le Ministère des finances » qui ne leur confère pas une personnalité juridique autre que leur forme juridique (société, association, ONG, projet, etc.). Cette réglementation a au fil du temps, contribué à rendre encore plus attrayante, en plus de l’effet du modèle Grameen Bank, la microfinance dans cette partie de l’Afrique. A-t-elle cependant contribué à une plus grande responsabilité sociale ? On pourrait répondre par l’affirmative au regard de la croissance du nombre d’IMF agréées entre le milieu des années 1990 à nos jours. De trois institutions de microfinance IMF agréées en 1996 ce nombre est passé à 67 en 2007 avec plus de 300 points de services. Cependant qu’est ce que cela signifie en terme d’inclusion financière et quelle compréhension les acteurs de la microfinance ont-ils de cette notion de responsabilité sociale?
Pour aborder la question de la responsabilité sociale des organisations de microfinance dans ce contexte précis, il convient dans un premier temps de présenter le contexte général du pays dans lequel évolue la microfinance, les institutions et les acteurs. Dans un second temps, pour une question de méthode nous présentons notre méthodologie d’enquête et d’analyse. Et enfin, en troisième lieu les principales perceptions des acteurs.
3.1 La microfinance au Burkina Faso : contexte général et performances
3.1.1 Contexte général du pays
Le Burkina Faso a une population d’environ 13,9 millions d’habitants selon les résultats provisoires du recensement général de la population de 2006. C’est une population majoritairement rurale (plus de 80% de la population totale), jeune (avec une part des moins de 18 ans s’élevant à 54,9% de la population totale) et féminine (51,6% de la population totale)112. La densité moyenne qui est de 38 habitants au km² passe à 570 dans la province du Kadiogo (qui abrite la capitale) alors qu’elle atteint à peine 20 habitants au km² dans certaines provinces du Nord et de l’Est. La population a un rythme de croissance de l’ordre de 2,8 % par an113. Selon les projections démographiques, la population atteindrait 18,5 millions en 2015114. Les enjeux de cet accroissement rapide de la population se posent en termes de satisfaction des besoins sociaux de base (éducation, emploi, santé, eau, habitat, hygiène et assainissement), car en dépit des efforts fournis depuis des années par l’Etat, le niveau des indicateurs sociaux reste faible principalement en raison du taux de croissance rapide de la population, de la faible productivité du travail (notamment dans le domaine agricole qui occupe 80% de la population active) et des difficultés de mobilisation des ressources nécessaires au renforcement et à l’expansion des services sociaux.
Le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant est estimé à 391$US en 2005115. En se référant à l’échelle des indicateurs du développement humain (IDH), le Burkina fait partie des pays les plus pauvres du monde, classé 176ème sur 177 pays en 2005 avec un IDH de 0,370 (il était de 0,321 en 1990). Une étude de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD)116 sur le profil de pauvreté indique, sur la base d’un seuil de pauvreté estimé à 82 672 FCFA en 2003 contre 72.690 FCFA par adulte et par an en 1998, que 46,4% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté (ligne de pauvreté nationale). Par rapport au lieu de résidence, cette pauvreté bien quelle se soit accrue en milieu urbain entre 1994 et 2003, est d’essence rurale (52,3%)117. Selon les lignes de pauvreté de la Banque Mondiale, pour la période 1990-2005, 27,2% de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Ce pourcentage passe à 71,8% lorsque l’on considère le seuil de deux dollars par jour pour la même période. On pourrait globalement considérer que trois quart de la population totale est pauvre et celle-ci constitue la population qui adresse leurs demandes de crédits aux organisations de microfinance. Cependant, en termes de perception des populations sur les déterminants de leur situation pauvreté, il ressort que le besoin de crédit ne représente que 6% de l’ensemble des besoins individuels en 2003. Le diagramme ci-dessous, indique qu’au plan individuel les trois premiers éléments de perception de la pauvreté sont par ordre d’importance, l’alimentation, l’emploi ou activités génératrices de revenus et la santé118.
Graphique 1 : Diagramme componentiel des évocations des dix premières perceptions de la pauvreté au plan individuel en 2003.
Diagramme componentiel des évocations des dix premières perceptions de la pauvreté au plan individuel en 2003
Source : Ministère de l’Economie et du Développement, 2003, Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté, janvier, p.14.
La perception de ces déterminants varie selon le milieu de résidence. En milieu urbain, les dix premiers facteurs de pauvreté seraient par ordre d’importance décroissante : les aléas climatiques, la faiblesse du pouvoir d’achat, la vieillesse, la famille nombreuse, la paresse ou le manque d’initiative, l’insuffisance de bonne gouvernance, le handicap physique, le vol, la mort du conjoint et la pauvreté chronique. En milieu rural, il s’agirait suivant le même ordre : la paresse ou le manque d’initiative, l’échec permanent, le handicap physique, la déchéance sociale, la pauvreté chronique, la faiblesse du pouvoir d’achat, les entraves sociales et culturelles, l’absence d’ONG ou de projet d’aide, la famille nombreuse et la difficulté de planification. La faiblesse du pouvoir d’achat, la famille nombreuse et le manque d’initiative paraissent comme les causes communes en milieu urbain et en milieu rural. Ces éléments expliquent-ils le faible taux d’accès aux services financiers en terme de taux de bancarisation ou justifient-ils plus une responsabilité sociale en matière d’inclusion financière ?
3.1.2 Paysage financier et l’accès aux services financiers
La structure du secteur financier du Burkina Faso en 2006 se présentait comme suit :
Tableau 5 : Structure du secteur financier du Burkina Faso en 2006

Nombred’institutionsNombre deguichetsActifsDépôts
MilliardFCFA%MilliardFCFA%
Banques commerciales1190599,367,6699,884,5
Etablissements financiers51525,92,9
Compagnies d’assurance10296,60,7
Microfinance323450100,411,362,87,6
Réseau postal17573,68,365,98,0
Caisse de retraite (CNSS)1180,79,1
Total350659886,5100828,5100

Source : Banque Mondiale, 2008, Revue du secteur financier du Burkina, mars.
Le secteur financier dans son ensemble est peu développé et dominé par les banques. L’intermédiation financière mesurée par les actifs gérés en pourcentage du PIB était de 25,5% en 2006 alors que la moyenne de l’UEMOA pour la même année était de 29,0%119.
Les banques représentent près de 68% des actifs et 85% des dépôts. Le poids relatif des autres institutions est faible, néanmoins la microfinance mobilise une part significative des actifs (11%) et gère relativement autant de comptes que les banques (773.420 membres120 des institutions de microfinance IMF et environ 864.000 comptes bancaires). Toutefois le taux de bancarisation reste encore très faible, environ 6% de la population totale dispose d’un compte bancaire contre près de 4% pour l’UEMOA et dix pourcents supplémentaires ont accès à un compte dans une IMF ou à la Société Nationale des Postes du Burkina (SONAPOST)121. La contribution de la microfinance à l’accès aux services financiers est remarquable mais depuis une dizaine d’années, on remarque une tendance à l’urbanisation des implantations des IMF. La clientèle des villes semble très recherchée car présentant plus de garanties et il est plus facile d’atteindre l’équilibre financier d’une caisse urbaine. A titre d’illustration, le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) comptait au 31 décembre 2005, au total 101 caisses dont 29 caisses urbaines122. En procédant à une classification des caisses en termes d’actifs et d’épargne, on constate que les six premières caisses qui arrivent en tête sont implantées à Ouagadougou et mobilisent environ 42%123 de l’actif total et de l’encours de l’épargne du réseau au 31 décembre 2005. L’urbanisation n’est pas une mauvaise chose en soit car comme nous l’avons montré dans la deuxième partie de ce mémoire, une bonne partie de la clientèle exclue du système bancaire se trouve en réalité dans les villes : petits salariés, fonctionnaires, PME/PMI, le secteur informel de façon générale et la périphérique urbaine constituée en grande partie par les populations rurales.
3.1.3 Contribution de la microfinance
Les institutions de microfinance IMF au Burkina sont regroupées selon la classification de la BCEAO en trois catégories d’institutions : les institutions d’épargne et de crédit, les institutions de crédit direct et les projets à volet microcrédit.
Les institutions d’épargne et de crédit, regroupent les mutuelles ou coopératives d’épargne et de crédit ainsi que toutes les organisations à tendance mutualiste comme les caisses villageoises autogérées du CIDR124. Les mutuelles d’épargne et de crédit sont des systèmes dans lesquels l’accent est mis sur la mobilisation de l’épargne des populations en vue de satisfaire la demande de crédit des membres. Elle constitue la garantie financière du crédit octroyé au membre. Plus de quatre vingt dix pour cent (90%)125 des institutions de microfinance au Burkina fonctionnent sur la base de l’épargne préalable. Le modèle des caisses villageoises autogérées du CIDR présentent cependant la particularité que le crédit n’est pas directement lié à l’épargne. Ce réseau fait recours aux banques pour bénéficier des ressources nécessaires à l’octroi des crédits aux membres des caisses. De même leur mode d’organisation diffère de celui des mutuelles classiques. Elles constituent un modèle hybride à cheval entre les pratiques mutualistes et celles du crédit direct ou solidaire.
S’agissant des institutions de crédit direct, elles regroupent les systèmes de financement qui privilégient le crédit comme activité centrale de leurs opérations sans le lier obligatoirement à la constitution préalable d’une épargne. Certaines institutions conditionnent l’accès au crédit simplement à la constitution de groupes de solidarité sur la base de la caution mutuelle entre les membres associés. Leurs ressources sont constituées par les lignes de crédit de bailleurs de fonds ou des fondations, de l’Etat pour ce qui concernent les fonds nationaux ou du crédit bancaire. Les fonds nationaux et les sociétés de microfinance sont généralement classés dans cette catégorie.
Enfin les projets à volet crédit, ce sont généralement des projets de développement ayant au sein de leurs composantes un volet crédit. Ces projets ne font pas du crédit l’activité principale de leurs interventions. Cette situation traduit la volonté des projets d’accompagner leurs bénéficiaires vers une certaine autonomie.
A côté de ces IMF, opèrent un certain nombre de banques soit en partenariat avec les IMF soit directement en offrant des produits microfinanciers. Mais les banques sont plus présentent dans les zones urbaines où l’activité économique est plus intense et les promoteurs de micro projets plus nombreux et plus dynamiques.
La contribution de la microfinance au Burkina à l’élargissement de l’accès aux services financiers aux populations est perceptible à travers les performances enregistrées aux cours des dix dernières années par les institutions de microfinance IMF. Mais, les taux de pénétration révèlent encore qu’une bonne partie de la population active n’a pas accès à leurs services. Cette situation s’explique pour certains par le fait que la microfinance s’urbanise et de ce fait délaisse son public cible initial, la population rurale qui constitue au Burkina environ 80% de la population totale. Elle se traduit donc par une offre de produits beaucoup tournée vers le milieu urbain.
3.1.3.1 Performances enregistrées par IMF entre 1994 et 2004126
Comme indiqué plus haut, le secteur de la microfinance a connu une croissance remarquable à partir du milieu des années 1990. Une dynamique de création de nouvelles institutions quoique, un certain nombre d’institutions ait disparu pendant la même période et une forte extension des réseaux existant notamment le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) et le Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF). Ceci s’est traduit par des volumes plus importants d’épargne collectée et de crédits octroyés. Le tableau suivant présente les principaux indicateurs du secteur.
Tableau 6 : Evolution des principaux indicateurs de 1994 à 2004

Principaux indicateurs1994200020022004Variation2004/2000
Nombre d’institutions2336294113,9%
Nombre de points de services57236237842517,4%
Nombre de bénéficiaires directs110.350503.718601.983742.61847,4%
Taux de pénétration*ND38,9%43,9%55,9%
Dépôts (millions de FCFA)2.070,44315.21119.40934.988130,0%
Montant moyen des dépôts (FCFA)33.41047.29654.56761.31429,6%
Fonds propres (millions de FCFA)2.367,5495.0106.4678.40367,7%
Crédits accordés dans l’année (millions de FCFA)1.230,17612.28822.90228.863134,9%
Nombre de crédits accordés24.309115.608235.610240.385107,9%
Montant moyen des crédits accordés50.606106.29097.203119.99112,9%
Crédits en cours2.121,88115.02718.29729.46696,1%
Nombre de crédits en cours30.89742.13170.56195.527126,7%
Montant moyen des crédits en cours68.676232.638247.264299.61928,8%
Créances en souffrance (millions de FCFA)ND1.1997401.70542,2%
Taux de dégradation du portefeuilleND12,5%4,0%5,8%-53,6%
Placements auprès des banques (millions de FCFA)231,2385.9687.40814.095136,2%
Actifs total (millions de FCFA)ND25.84832.12655.390114,3%
Produits d’exploitation (millions de FCFA)323,5893.8795.1287.764100,2%
Charges d’exploitation (millions de FCFA)402,0653.7435.0207.23293,2%
Résultat net (millions de FCFA)-39,361136108532291.2%
Subventions reçuesND9471.1621.43551,5%
Nombre d’employésND1.7551.9082.04716,6%

*Estimation basée sur l’hypothèse qu’un groupement comporte en moyenne une dizaine de personnes.
Source : DSDF – BCEAO, Monographies du Burkina Faso, 1994, 2002, 2004.
Ces principaux indicateurs indiquent que le secteur de la microfinance a connu une nette amélioration en 2004 en terme de résultat net par rapport aux années antérieures. Celle-ci se traduit par :
– une performance financière en terme de résultat (d’un déficit de 39,4 millions FCFA en 1994, à excédent de 532 millions FCFA en 2004) ;
– un élargissement de l’accès des populations aux services microfinanciers. Entre 1994 et 2004, le nombre d’IMF a presque doublé et le nombre de bénéficiaires directs a été multiplié par plus de cinq (572,9%). Le taux de pénétration estimé en 2004 montre une forte progression, il est de 55,9% ;
– un accroissement des ressources impulsé par l’augmentation des dépôts. Celles-ci sont mises à profit par les institutions de microfinance IMF pour accroître leurs financements (prêts aux clients) et augmenter leurs placements auprès des banques. Toutefois il convient de relever que la qualité du portefeuille des IMF a connu une importante dégradation en 2000 (12,5%) rattrapée de moitié en 2004 (5,8%). Ce taux reste légèrement supérieur à la norme du secteur qui est fixé à 5%.
– en termes d’emplois, le secteur se montre également pourvoyeur de travail salarié, 2.047 employés en 2004.
En ce qui concerne la structuration du marché, le RCPB concentre à elle seule 66,0% de la clientèle, enregistre 77,8% des dépôts et distribue 72,1% des crédits dans le secteur127.
3.1.3.2 Une offre de services financiers sous influence progressive des villes.
La physionomie de l’offre de produits reflète une certaine segmentation entre le milieu rural et milieu urbain. Le tableau suivant résume cette situation.
Tableau 7 : Typologie de l’offre de services microfinanciers au Burkina

Type de prestationsObjetObservations
PRESTATIONS COMMUNES SOUS INFLUENCE PROGRESSIVE DES VILLES
Epargne– Précaution / Sécurité- Apport préalable au crédit– l’épargne urbaine est apportée par les salariés, artisans, promoteurs de PME, et même de grandes entreprises ;- en zone rurale, il s’agit essentiellement d’agriculteurs et d’éleveurs, de migrants dans certaines régions.
Crédit AGR– Petit commerce- Transformation alimentaire- Petites prestations de
services
– produit conçu principalement pour les femmes (rurales et urbaines) et les petits artisans ;- prédominance des activités de petites ou moyennes dimensions ;- en ville, importance de plus en plus grande de prestataires de service moderne (secrétariat public, soins du corps, mode, entretien/réparation mécaniques, etc.
CréditArtisanat– Equipement- Fonctionnement (approvisionnement, énergie…)– conçu à l’intention des artisans ruraux ou urbains ;- la différenciation est souvent une question de dimension : en zone rurale, l’activité s’apparente aux AGR tandis qu’en ville, elle revêt la forme de PME.
Transfertd’argent– Précaution / SécuritéService de type bancaire ou d’assurance, en expansion, d’autant que le réseau bancaire nationale ne couvre pas encore toutes les localités.
Produitsd’assurance– Couverture du risquedécès
SocialObligations sociales
PRESTATIONS A PRIORI URBAINES
Prestationsspécifiques– Avance sur salaire- Virements de salaires, pensions, mandats postaux- Cautions
– Immobilier
– Consommation
– Moyen de déplacement
Service de type bancaire, en expansion, d’autant que le réseau bancaire nationale ne couvre pas encore toutes les localités.
CréditPME/PMICrédits d’exploitation etd’investissement
Produitsmonétiques– Service de guichetautomatique
PRESTATIONS A PRIORI RURALES
Créditagricole et élevage– Intrant et équipement- Embouche– produit destiné aux paysans ; cependant certains promoteurs des villes (en zone périphérique notamment) pratiquent aussi ces activités (embouche, fermes avicoles…) ;- l’offre de ce type de crédit émane à la fois d’IMF
implantées en zone rurale et d’une IMF exclusivement urbaine telle que PRODIA128.
PRODUITS NON FINANCIERS : PRESTATIONS EN ACCOMPAGNEMENT OU EN COMPLEMENT DU CREDIT
Information/sensibilisati on– Prestations sur desthèmes relatifs aux IMF (principes mutualistes par exemple)Utile pour forger les esprits des populations dans le sens de la formation du capital social : appropriation des structures, création des conditions de la bonne gouvernance.
Information /Formation– Prestation sur desthèmes liés à la gestion financière et comptable des AGR, etc.- Prestation sur des thèmes d’intérêt commun (santé, éducation…)– utile pour renforcer les capacités des clients à mieux gérer et à développer leurs activités ;- pour répondre aux priorités des populations, ce qui conditionne leurs motivations à participer au bon fonctionnement des IMF.

Source : R. Ouédraogo, S. Ouédraogo et R. Ki, 2006, Microfinance et lutte contre la pauvreté au Burkina Faso : quelle stratégie pour un meilleur aboutissement des objectifs du millénaires ? Ouagadougou, p.58. Données actualisées dans le cadre de notre travail de terrain.
Ce tableau permet de relever que l’offre de produits en milieu urbain est beaucoup plus diversifiée qu’en milieu rural. En effet, un grand nombre d’IMF est concentré en milieu urbain et semi-urbain. La province du Kadiogo qui abrite la capitale comptait en fin décembre 2005 trente quatre (34) intervenants contre une moyenne de sept (7) par province. En terme d’implantation géographique, chaque province du Burkina compte au moins une IMF. Cependant, il existe une grande disparité entre les provinces, certaines n’en comptant que tout au plus deux institutions de microfinance IMF (cf. tableau des implantations des IMF par province en annexe).
3.1.3.3 L’accès des services financiers en milieu rural
L’accès des services financiers en milieu rural demeure une problématique centrale dans un contexte comme le Burkina. Il est difficile car très coûteux pour les IMF et les clients à la fois. Certains taux d’intérêt des IMF qui interviennent dans les profondeurs des villages comme les caisses villageoises autogérées avoisinent les 20 à 26%. Comme le note C.
Aeschliman (2006)129 : « certaines zones ont accès au crédit grâce à la présence de projets de développement et d’ONG. Mais la plupart des villages n’ont aucune source de services financiers professionnels du tout et leurs résidents n’ont souvent pas d’autre choix que de se précipiter chez les usuriers, qui ne manquent pas, ou chez des amis ou parents quand un besoin financier surgit, exception faite des producteurs de coton qui ont généralement accès aux mises de fonds grâce à des systèmes bien organisés par la BACB et la Banque Commerciale du Burkina ». C’est cette situation qui a conduit à l’élaboration du Plan d’Actions pour le Financement du Monde Rurale (PAFMR) adopté en 1997 et mis en œuvre de 2002 à 2005. Cette expérience fut un accompagnement nécessaire aux institutions de microfinance IMF opérant en milieu rural en vu de les rendre plus proches des clients tout en les professionnalisant. C’est en cela que toutes les parties prenantes du secteur ont un rôle à jouer.
Lire le mémoire complet ==> (La responsabilité sociale des organisations de microfinance) :
Quels critères pour une meilleure contribution de la microfinance à l’inclusion financière ? L’exemple du Burkina Faso.
Mémoire de Master en études du développement
Université de Genève – Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement
________________________________________
110 La première expérience de financement décentralisé est apparue avec la création en 1969 de la coopérative d’épargne et de crédit de Fakéna dans l’Ouest du Burkina Faso (actuelle province Mouhoun). Cette première coopérative a vu le jour suite à une visite d’un groupement de paysans de Fakéna à la Caisse populaire de Nandom au Ghana sous l’égide du Centre d’Etudes économique et Sociale d’Afrique de l’Ouest (CESAO).111 Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
112 Institut National de la Statistique et du Développement, 2001.
113 Rapport sur le développement humain 2007-2008, http://hdr.undp.org/en/media/hdr_20072008_fr_indictables.pdf, consulté le 5-08-08.
114 Id.
115 Rapport sur le développement humain 2007-2008, Op.cit.
116 INSD, 2003, Analyse des résultats de l’enquête prioritaire sur les conditions de vie des ménages, INSD, Ouagadougou.
117 Ministère de l’Economie et du Développement, 2003, Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté, janvier, p.15.
118 Si l’on suppose qu’il s’agit d’auto-emploi et des AGR, de cette catégorie émane un grand besoin de crédit. Dans ces conditions on peut associer cette catégorie qui représente 14% à celle du crédit (6%) ce qui fait passer le besoin de crédit en première position avec 20%. Mais nous émettons néanmoins des réserves pour cette approche car ne sachant pas exactement qu’est ce qui a guidé la distinction de ces deux catégories et pourquoi spécifiquement une catégorie crédit s’achant que ce besoin dépend d’autres besoins.
119 De source, BCEAO et Commission Bancaire-UEMOA, cité dans le rapport Banque Mondiale, 2008, Revue du secteur financier du Burkina, mars.
120 Y compris les membres collectifs ou groupements.
121 Banque Mondiale, 2008, Revue du secteur financier, mars, p.21.
122 Le critère urbain/rural utilisé par le RCPB n’est pas conforme à la nouvelle organisation administrative consacrée par le code général des collectivités territoriales adoptée en décembre 2004. Par exemple, la caisse populaire de Réo figure comme une caisse rurale alors que Réo est maintenant une commune urbaine.
123 Source : DGTCP / DMF, rapport sur la surveillance 2006.
124 Centre Internationale de Développement et de Recherche.
125 Source : DGTCP/DMF, Situation des IMF agréées au 31 décembre 2006.
126 Période considérée en fonction de la disponibilité des données agrégées par la BCEAO. La dernière banque de données du Burkina produite par la BCEAO date de 2004.
127 BCEAO, 2004, Monographie des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), p.1.
128 PRODIA : Association Civile – Promotion du Développement Industriel, Artisanal et Agricole.
129 C. Aeschliman, 2006, Coopératives financières dans les finances rurales. Etude de cas du Réseau des Caisses Populaires du Burkina Faso, Agriculture and Rural Developpement Internal (ARD) Paper, document traduit en français, p.7.

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