Etat de la censure en Chine, le cas de Google

2.1.3 État de la censure en Chine
Malgré la signature de la République Populaire de Chine du Pacte relatif aux droits civils et politiques en 1998, la liberté d’expression reste un sujet sensible au sein du pays.
Selon le gouvernement, la liberté d’expression semble en apparence garantie en Chine. Depuis sa mise en place, Internet est le premier support à la consultation et à la diffusion d’informations utilisé par la population chinoise. De plus, un rapport publié par le Bureau d’Information de la République Populaire de Chine du 8 juin 2010 précise que les Chinois bénéficient de la liberté d’opinion et d’expression. Cependant, au vu d’une forte croissance du nombre d’utilisateurs, le gouvernement dût créer des conditions et des méthodes de supervision autour de l’Internet chinois. Si les nouvelles technologies sont pour l’Etat une opportunité de maintenir une compétitivité internationale, elles peuvent également être aussi une menace au niveau de la légitimité du pouvoir mis en place. Pour cela, la Chine a recours à des méthodes pour contrôler et censurer l’Internet comme le filtrage des moteurs de recherche ou le blocage de sites web. Ces techniques sont considérées comme portant atteinte aux libertés d’expression et d’information par la communauté internationale.
En juillet 2009, un premier logiciel de filtrage a été mis en place. Celui-ci fût appelé « Green dam » (barrage vert) et était destiné à bloquer les sites à caractères pornographiques ou autres contenus nuisibles. En septembre 2009, les autorités chinoises ont contraint les fournisseurs d’accès Internet à utiliser le logiciel de filtrage « Blue dam » (barrage bleu) afin de mieux contrôler la navigation sur la Toile des internautes chinois. Willy Portier, gérant d’un site d’actualités marketing29 en Chine, parle d’un firewall « puissant avec une énorme équipe derrière. On peut voir son efficacité quand on tente d’utiliser des proxys pour surfer.
En moins de deux minutes, ceux-ci sont désactivés. »
Selon un rapport de l’UNDEF30 à propos des libertés sur Internet31, il y a un accès plutôt général aux données sur l’Internet chinois. Cependant, il dénote l’incapacité à l’accès à des sites et services provenant d’autres pays. Les sites populaires chinois comme Youku ou Kaixin32 sont sujets à de contrôles récents de la part du gouvernement. En guise d’exemple, le service de micro-blogging Weibo, souvent comparé à Twitter, emploie près de 700 censeurs assurés de modérer certains messages pouvant avoir une connotation à gêner le gouvernement33. De même, pour posséder un hébergement mais surtout un nom de domaine en .cn ou .com en Chine, des contrôles sont également mis en place afin de pouvoir garder une certaine mainmise sur ce qui est diffusable et diffusé34.
2.1.3.1 Le cas de Google
L’exemple le plus repris en Europe et aux États-Unis pour illustrer la censure chinoise est celui de Google. Le 4 septembre 2002, le magazine The Register35 rapporte que l’accès à Google était impossible en Chine et que la firme américaine travaillait avec les officiels chinois pour offrir tous les services que propose Google aux utilisateurs du pays. Quelques semaines plus tard, le blocage de Google fût levé et une nouvelle méthode de censure, dite sélective, se mit en place. Les utilisateurs étaient en mesure de visiter des sites web mais ne pouvaient pas avoir accès à certaines catégories ou articles d’un site.
En avril 2003, Sina, très populaire en Chine, rejoignit environ 200 portails Internet pour la création d’une alliance contre les géants mondiaux comme Google36. Dans le même temps, des problèmes d’accès à certaines recherches sur le moteur de ce dernier sont évoqués. La porte parole de l’alliance parlera d’une simple coïncidence.
En janvier 2006, Google accepte de censurer des documents sur les droits de l’homme, le Tibet et autres sujets sensibles37. L’entreprise américaine accepte les conditions avec l’intention d’informer les utilisateurs que certains sujets ont été censurés. Il s’agit d’un risque pris par la société qui établissait son modèle par des réseaux ouverts donnant accès librement à l’information. Les réactions furent partagées entre l’opinion entrant dans la logique de Google, « don’t be evil » et celle plus sceptique quant à la protection des données (notamment privées) sur Internet.
A partir de 2009, Google fût le seul grand moteur de recherche informant ses internautes des contenus retirés par le gouvernement chinois lorsqu’un utilisateur faisait une recherche. D’autre part, la société a refusé de communiquer les informations sur les internautes effectuant des recherches sur des sujets à polémique en Chine.
En janvier 2010, Google informa avoir été pris pour cible d’attaques vers son serveur afin d’accéder à des informations sur de présumés dissidents chinois38. L’entreprise remarqua alors que quelques dizaines de comptes Gmail de personnes luttant pour la liberté des droits de l’homme en Chine avaient été consultés par un tiers. En réponse à ces évènements, Google a annoncé la levée des filtres sur google.cn au risque de voir ses bureaux de Pékin fermer. Aujourd’hui, la situation reste stable et la société n’a pas encore fait de modification sur son moteur. La situation risquerait de s’envenimer dans les semaines à venir. En effet, le 1er juin 2011 Eric Grosse, le directeur de la sécurité de Google, signale sur un billet39 une tentative de piratage de comptes Gmail depuis la ville chinoise de Jinan. Par le biais du journal chinois le Quotidien du peuple, Pékin a fortement démenti l’information et a accusé Google d’avoir « des motifs cachés et des intentions malhonnêtes »40.
Aujourd’hui, le site Google est ouvert en Chine mais plusieurs services comme Youtube et Blogger restent inaccessibles.
Lire le mémoire complet ==> (La génération 2.0 Chinoise m E-Commerce Et Tendances)
Mémoire – Master Web Editorial 2011 – UFR Sciences humaines et arts
Université de Poitiers
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29 http://business-internet-chine.com
30 UNDEF : The United Nations Democracy Fund
31 KELLY, S. & COOK, S. Freedom of the Net 2011: A Global Assessment of Internet and Digital Media [en ligne]. New York: Freedom House, 2011. http://www.freedomhouse.org/uploads/fotn/2011/FOTN2011.pdf
32 Youku et Kaixin sont considérés comme les équivalents de Youtube et Facebook.
33 RAMZY, Austin. Wired Up. Time. Fev 2011, vol. 177, n°6, p.28
34 RENAUD, Clément. Les différents visages de la censure d’Internet en Chine *en ligne+. Lemonde.fr. Consulté le 11/06/2011. http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/06/10/les-differents-visages-de-la-censure-d-internet-en-chine_1534205_1477893.html
35 RICHARDSON, Tim. Google, China work to unblock site [en ligne]. The register. Septembre 2002. Consulté en mars 2011. http://www.theregister.co.uk/2002/09/04/google_china_work_to_unblock/
36 DUMOUT, Estelle. Le gouvernement chinois incite les portails Internet à évincer Google [en ligne]. Zdnet.fr. Avril 2003. Consulté en mars 2011. http://www.zdnet.fr/actualites/le-gouvernement-chinois-incite-les-portails-internet-a-evincer-google-2133587.htm
37 SABBAGH, Dan. No Tibet or Tiananmen on Google’s Chinese site *en ligne+. The Times. Janvier 2006. Consulté en mars 2011. http://business.timesonline.co.uk/tol/business/markets/china/article719192.ece
38 FLETCHER, Owen. Gmail of foreign journalists in China hijacked [en ligne]. PC World, Janvier 2010. Consulté en mars 2011. http://www.pcworld.com/businesscenter/article/187113/gmail_of_foreign_journalists_in_china_hijacked.html
 

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