Cliniques spécialisées dans le traitement de l’obésité juvénile

Cliniques spécialisées dans le traitement de l’obésité juvénile

9.3 Les cliniques multidisciplinaires spécialisées dans le traitement de l’obésité juvénile

Même si les parents et le milieu scolaire font tout leur possible pour prévenir l’obésité, il se peut que le problème de l’obésité persiste chez certains enfants. Dans ce cas, la fréquentation d’une clinique multidisciplinaire spécialisée dans le traitement de l’obésité pédiatrique peut s’avérer une solution. Ces cliniques suivent chaque enfant et adoptent des mesures selon les variations de son IMC dans le temps.

Selon Milne (2004), une de ces cliniques spécialisées située à Hamilton a vu son nombre de clients référés à sa clinique passer de 12 par mois en 1999 à 20 par mois, en moyenne, en 2004. Ces cliniques offrent une approche multidisciplinaire personnalisée, incluant, le support de psychologues, de nutritionnistes et d’entraîneurs. Le rôle d’un psychologue est primordial, pour modifier le comportement des jeunes patients de façon durable, selon le Dr Nieman.

En effet, selon-lui : « l’obésité sévère de 50 % des enfants traités serait reliée à des problèmes émotionnels variés, pouvant aller de : l’abus sexuel, au placement en famille d’accueil, aux problèmes conjugaux entre les parents, ou tout simplement au sentiment de solitude, rejet ou d’ennui. » (Milne, 2004, p.25) Bien que l’aspect médical de ces cliniques soit couvert par l’assurance maladie dans les provinces canadiennes, les services non-médicaux (psychologues, diététiciens, entraîneurs) sont chargés directement aux clients. Ceci fait craindre que le coût élevé de ces programmes défavorise les enfants provenant de milieux moins fortunés, qui sont plus touchés en moyenne par l’obésité que ceux provenant des milieux les plus riches.

9.4 Règlementation contre les gras trans et les chaînes de fast-food

La règlementation gouvernementale est une autre mesure pour aider à prévenir l’obésité et les effets néfastes en découlant. Le gouvernement canadien a légiféré pour que les grandes chaînes de restauration diminuent la quantité de gras trans de leurs menus.

L’industrie alimentaire a eu jusqu’au mois de juin 2009 pour que les gras trans comptent au maximum pour 2 % des gras dans les huiles végétales et les margarines et 5 % dans les autres aliments, y compris ceux qui se retrouvent sur les menus des chaînes de restauration rapide. Suite à ces mesures annoncées en 2008, la quantité de gras trans a diminué drastiquement dans presque tous les aliments, autant à l’épicerie que dans les menus de restaurant.

Ceci prouve que la substitution des matières grasses est bel et bien possible avec une petite mesure incitative. À titre d’exemple, la fameuse «patate hachée brune» du matin de Burger King comptait pratiquement quatre fois moins de gras trans et la moitié moins de matière grasse au total en Juillet 2008 que l’année précédente. Les résultats ont été si spectaculaires, qu’ils ont même été salués par la Fondation des maladies du cœur du Canada.

Quand l’on sait que la consommation de gras trans augmente les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète et de certaines formes de cancer, selon plusieurs études, on peut comprendre cet enthousiasme. Seul bémol, l’industrie de la pâtisserie commerciale et plus particulièrement les restaurants de beigne font encore en général, des produits beaucoup trop gras et ne répondent toujours pas aux nouvelles normes. (Bérubé, 2008, p.A11)

Donc en général dans l’industrie, il y a eu amélioration, bien qu’il reste du travail à faire. Pour voir la liste complète des modifications en termes de gras et gras trans, dans les frites de 2006 à 2008, dans les principales chaînes de fast food, voir l’Annexe C.

Bérubé (2008) rapporte les résultats d’une étude de 700 menus pour enfants de restaurants américains, dont ceux de Poulet Frit Kentucky, Burger King et McDonald’s menée par le Center for Science in the Public Interest (CSPI), un groupe de défense des droits des consommateurs américains, qui s’intéresse particulièrement au contenu des paniers d’épicerie et au menu des restaurants.

D’après cette étude, 94 % des menus pour enfants offerts par les chaînes de restauration rapide dépassent la norme pour un repas d’enfant en ce qui concerne les calories. Cette norme a été établie à 430 calories, mais, plusieurs de ces repas frôlaient les 1000 calories. Près de la moitié excédaient aussi la dose de gras. Cette étude confirme que les portions des restaurants dépassent généralement les normes, autant pour les petits que pour les grands.

La nutritionniste en chef du groupe CSPI croit qu’une bonne mesure à prendre serait d’inciter les restaurants à faire des efforts supplémentaires pour offrir des alternatives plus santé dans leurs menus pour enfants, par exemple en retirant les boissons gazeuses des menus. Ces alternatives santés devraient également avoir un prix abordable, par rapport aux autres choix.

De plus, retirer les incitants de prix sur les portions «supersize» pourrait s’avérer une piste intéressante pour limiter la consommation d’aliments denses en énergie. Selon Drewnowski (2005), le coût par once de boissons gazeuses pour un format de 12oz était de 0,05$ par once. En revanche, le coût par once est de 0,023$ pour un format de 42oz. Donc, il est exact de dire que plus un format est gros et plus le consommateur en a pour son argent.

Aussi, des règlements de zonage interdisant l’installation de nouveaux restaurants de fast-food à l’intérieur d’un certain rayon autour des écoles serait une idée à considérer.

9.5 Inciter les enfants et les adolescents à bien manger, bouger davantage, dormir suffisamment et être moins sédentaires

Selon Milne (2004) qui rapporte les propos du Dr Mark Tremblay, qui est à la tête de l’organisation nationale canadienne Jeunes en forme Canada, les parents et les campagnes de prévention visant les enfants doivent s’en tenir à un message simple : inciter les jeunes à bien manger, bouger davantage et dormir suffisamment. D’après-lui, si l’enfant suit une de ces règles, il devient plus facile de suivre les deux autres.

Par exemple, en faisant de l’activité physique, on dort souvent mieux et nous sommes portés à mieux s’alimenter. En effet, le manque de sommeil serait un important stimulant de l’appétit, surtout pour les aliments sucrés. Selon-lui, il serait aussi plus facile d’aider les jeunes à garder un poids santé en les encourageant à faire une activité physique qui les amuse plutôt que de limiter leur nombre de calories ingéré.

En effet, ceux-ci sont en pleine croissance et ont besoin de tous leurs nutriments. De plus, le calcul calorique est compliqué et peut-être décourageant et amener certains jeunes à abdiquer. « Inspiré des données du NHANES et CARDIA, le dernier rapport du Surgeon General (américain), sur l’activité physique et la santé suggère de faire au moins 30 ou 40 minutes de marche ou d’une autre activité physique modérée, au moins cinq fois par semaine. » (Côté, 2008, p.A5) Encourager la pratique d’activités sportives, avec des incitatifs fiscaux peut être un bon pas dans cette direction. « En Janvier 2007, le gouvernement fédéral a mit en place, un crédit d’impôt non-remboursable, pour activités physiques payés par les parents, pour inscrire un enfant à un programme d’activités physiques.

Ce crédit d’impôt pouvant aller jusqu’à 500$ par enfant, il s’applique aux activités physiques admissibles visés par le règlement. » (www.cra-arc.gc.ca/conditionphysique)

Selon des études (Bickel et al., 2000) (Saelens et Epstein, 1998) les activités sédentaires préférées de l’enfant (comme la télévision et les jeux vidéos) seraient en compétition directe avec l’activité physique.

Réduire le temps de sédentarité augmenterait donc par le fait même le niveau d’activité physique des jeunes. Ces études suggèrent donc que les activités sédentaires ne sont pas tous des substituts équivalents, car si c’était le cas, les enfants auraient tout simplement remplacé le temps passé à faire des activités sédentaires hautement appréciées par du temps passé à faire des activités sédentaires moins appréciées (comme lire ou dessiner) mais ils ont au contraire opté majoritairement pour l’exercice physique. De plus, une étude longitudinale sur 1 an (Epstein et al., 1995) réalisée sur des enfants obèses, affirmait qu’il est plus efficace de renforcer ceux-ci à être moins sédentaire qu’à être plus actif.

9.6 Rendre l’environnement moins «obésitogène»

D’après Milne (2004) qui résume les propos du Dr James Hill, co-fondateur d’une organisation sans but lucratif appelée America on the move, bien que l’on ait de la bonne volonté et que l’on décide d’adopter des choix santé personnels, le tout va rester difficile à faire si l’environnement dans lequel nous vivons et travaillons est obésitogène. Cet environnement doit-être adapté pour faciliter les changements d’habitudes de vie santé.

Par exemple, construire des pistes cyclables et des trottoirs pour encourager l’activité physique est une bonne première solution. En effet, ces facilités sont davantage accessibles en milieu urbain qu’en milieu rural, ce qui pourrait expliquer en partie le taux d’obésité moins élevé que l’on retrouve en ville. De plus, utiliser des publicités avec des personnages de bandes dessinées populaires, faisant la promotion de la nourriture santé et interdire ceux-ci sur la malbouffe serait une idée intéressante. Certaines écoles par manque de surveillants ont éliminé la récréation, la ramener à l’ordre du jour et exiger que celle-ci soit à l’extérieur est indispensable.

De plus, faciliter l’accès à faible coût, à des terrains de jeux, offrant une gamme d’activités variées de concert avec la ville ou l’école serait une belle solution.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La situation de l’obésité juvénile au Canada
Université 🏫: Université du Québec à Montréal UQAM
Auteur·trice·s 🎓:
Jules Dessureault

Jules Dessureault
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en économique - 2010
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