Les heures de sommeil et le tabagisme, Déterminants de l’obésité

Les heures de sommeil et le tabagisme, Déterminants de l’obésité

2.3.3 Les heures de sommeil

Les heures de sommeil sont également importantes. Une étude tel que résumée par ScienceDaily (2005) affirme qu’il y a une corrélation directe négative entre le nombre d’heures de sommeil et l’IMC. En effet, les gens obèses ou ayant un surpoids dormaient moins en moyenne de 16 minutes par jour que ceux qui avaient un poids normal. Selon Nicholson (2004) tous ces problèmes peuvent être reliés les uns aux autres.

La nutrition, les problèmes de sommeil, les problèmes psychologiques et l’apnée du sommeil peuvent amener l’enfant à se réveiller fatigué le matin, dormir durant la journée et être inactif.

2.3.4 Le tabagisme

Étant donné le nombre non-négligeable de jeunes fumeurs ou de jeunes vivant avec des parents fumeurs, victimes de la fumée secondaire, nous nous sommes attardés au déterminant de tabagisme que nous pouvons observer au tableau 2.19.

Celui-ci n’a été mesuré que chez les jeunes de 12 ans et plus. Malheureusement la question à savoir si l’enfant demeurait avec un parent fumeur n’a pas été posée, ce qui nous empêche de connaître l’impact de la fumée secondaire sur le jeune.

Tableau 2.24

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le type de fumeur, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Taux de poids normal, embonpoint et obésité selon le type de fumeur, population à domicile de 12 à 17 ans, Canada, 2004

Source : ESCC

Les résultats ici nous montrent que bien que le taux d’obésité soit plus élevé chez les fumeurs réguliers que chez les non-fumeurs, la différence ne semble pas significative. Voyons-voir maintenant ce qu’en dit la littérature empirique.

Des économistes tels que Courtemanche (2009), Chou et al. (2004) et Gruber et Frakes (2006) ont remarqué qu’à partir des années 70, au fur et à mesure que la prévalence de l’obésité augmentait, le taux de tabagisme diminuait. En effet, le taux de tabagisme est passé de 42,4 % en 1965 à 20,9 % en 2004 aux États-Unis. Durant cette même période, le niveau d’obésité passait de 12,8 % à 32,2 %. C

ertes, le nombre de fumeurs dans les années 70 était deux fois plus élevé que le nombre d’obèses, mais à mi-chemin dans les années 90, le nombre d’obèses a supplanté le nombre de fumeurs. Bien que cette corrélation temporelle entre l’augmentation du taux d’obésité et la baisse du tabagisme puisse être une coïncidence, un lien causal est aussi possible.

Si ce lien existe et est fort, les campagnes anti-tabac n’ont donc pas permis de sauver autant d’argent et de vie que ce qu’on a cru initialement Chou et al. (2004) croient que l’augmentation du prix réel de la cigarette (causé par la taxation et les actions en justices menées contre les compagnies de tabac) est un déterminant positif de l’obésité. En effet, de 1980 à 2001, le prix réel de la cigarette a augmenté en moyenne de 164 % aux États-Unis. Cela s’expliquerait par le fait que l’augmentation des prix diminuerait le taux de tabagisme, qui aiderait à empêcher de prendre du poids.

Gruber et Frakes (2003) citent des études appuyant ce constat. Par exemple, en 1990, le US Surgeon General a démontré, grâce à 15 études différentes menées sur environ 20 000 sujets que de 58 % à 87 % des gens qui arrêtaient de fumer gagnaient en moyenne 4 livres de plus que les gens qui continuaient de fumer, sur une période de suivi allant de 1,5 mois à 6 ans.

Les raisons données seraient que les fumeurs auraient un niveau métabolique plus élevé que les non-fumeurs et les fumeurs seraient de moins gros mangeurs en moyenne, car la nicotine substituerait partiellement les calories.

De plus, les anciens fumeurs ressentiraient le besoin de substituer la cigarette, avec quelque chose pouvant la remplacer oralement, dont la nourriture. Alors, si un individu cesse de fumer, il a de plus fortes chances de gagner du poids, car il va brûler moins de calories et en consommer plus.

En revanche, (Courtemanche, 2009) réfute ce constat et affirme qu’à long terme, l’augmentation des prix de la cigarette causé par les taxes sur le tabac serait associée avec une baisse de l’IMC, contrairement à ce que Chou et al. affirment.

Des effets indirects sur l’exercice et sur l’alimentation expliqueraient ce résultat contre-intuitif. Cette corrélation négative et significative à 5 % dans la régression de son étude nous dit que pour chaque augmentation de taxe de 1 $, l’IMC diminue de 0,15. Ceci s’expliquerait par le fait que l’augmentation des prix de la cigarette augmenterait la probabilité d’être actif physiquement, avec un taux de significativité de 5 %.

Bien que l’effet observé soit immédiat, il est à son plus haut 4 ans après le changement de prix. Cette augmentation des prix a également un effet positif sur la consommation de fruits et légumes et la consommation calorique suivant l’arrêt de fumer se stabiliserait à long terme. De plus, Courtemanche (2009) affirme que l’augmentation du prix de la cigarette abaisserait le nombre de nouveaux fumeurs, ce qui a long terme, diminuerait le nombre d’anciens fumeurs potentiels susceptibles de prendre du poids.

L’étude de Gruber et Frakes (2006) confirme l’étude de Courtemanche (2009) car ceux-ci affirment qu’arrêter de fumer aurait un effet positif sur la santé et le tour de taille à long terme, car les fumeurs mangeraient moins de fruits et de légumes, de fibre, de lait faible en gras et de suppléments vitaminiques que les non-fumeurs, de plus ils feraient moins d’exercice.

Aussi, chez certains individus qui cessent de fumer, ceci hausserait l’estime de soi et enclencherait un effet psychologique d’entraînement, qui les amènerait à manger plus sainement et faire davantage d’exercice. Ceci deviendrait possible, au fur et à mesure que les bienfaits sur la santé, résultant de l’abandon du tabagisme s’amènent, augmentant du même coup les capacités physiques et pulmonaires.

En revanche, ces études ont des limites. Par exemple, il n’est pas clair si les effets trouvés proviennent de gens qui ont arrêté de fumer, qui fument moins, qui ne commencent pas à fumer, mais qui l’auraient fait si les prix étaient plus bas ou une combinaison de ces facteurs.

De plus, il faut tenir compte, que la contrebande de cigarettes est un phénomène réel qui permet de payer les cigarettes à un prix plus bas que le prix courant. Il est difficile de mesurer l’ampleur de la contrebande et ceci peut biaiser les données ainsi que les résultats. De plus, la technique utilisée par Chou et al. diffère de celle des deux autres études, ce qui explique les différences de résultat.

Donc en bout de ligne, fumer augmenterait le métabolisme, diminuerait l’exercice physique et aurait un effet inconnu sur la consommation de nourriture. Alors, en conclusion, il n’y a pas d’évidence claire que l’augmentation des taxes sur la cigarette, amenant une diminution du tabagisme, va nécessairement augmenter ou diminuer l’IMC.

2.4 Synthèse

En résumé, nous nous attendons à ce que le Québec, ainsi que l’Alberta et la Colombie- Britannique aient des taux d’obésité significativement moins important que les autres provinces canadiennes. Les jeunes provenant d’un milieu rural seraient par contre plus à risque d’être obèses que ceux provenant d’un milieu urbain.

Nous croyons également que les jeunes d’une autre origine ethnique que blanche auront un taux d’obésité plus élevé que ceux de race blanche. En revanche, la précédente affirmation sera exacte chez les citoyens canadiens de naissance seulement.

En effet, nous anticipons que les enfants qui ont immigré au Canada auront un niveau d’IMC inférieur en moyenne de celui des citoyens d’origine. Plus cette immigration sera récente et plus cet écart ira en augmentant. De plus, la présence d’une obésité parentale augmentera les risques d’obésité chez l’enfant ou l’adolescent.

Concernant les facteurs familiaux, une des relations attendue est que le taux d’obésité sera inversement proportionnel avec le plus haut niveau de scolarité obtenu dans le ménage. C’est-à-dire que plus ce niveau d’éducation sera élevé et plus le taux d’obésité va diminuer en conséquence.

De plus, nous nous attendons à ce que le niveau d’obésité se retrouve particulièrement concentré chez la tranche de gens gagnant un revenu moyen-inférieur et chez les ménages inquiets au plan alimentaire. Ce taux sera également plus élevé chez les garçons que chez les filles, mais cette différence devrait s’accentuer avec l’âge. Les enfants vivant avec un seul parent seraient de même plus à risque d’être touchés que ceux vivant avec leurs deux parents.

Le taux d’obésité devrait également être plus élevé en moyenne chez les jeunes dont le poids était soit trop léger ou trop lourd, à l’état intra-utérin et à la naissance, par rapport à un certain seuil statistique. La même chose serait vraie pour les enfants chez qui le gain de poids durant la grossesse de la mère a été supérieur aux lignes directives recommandées. On s’attend également à ce que la durée d’allaitement soit corrélée négativement avec l’obésité.

De plus, la grandeur de l’enfant aurait un impact positif sur l’obésité, mais cet impact disparaîtrait complètement au cours de l’adolescence. Les jeunes consommant des médicaments antipsychotiques dits atypiques devraient être plus touchés par l’obésité en moyenne que les autres. Il en serait de même chez les enfants et adolescents souffrant de haute pression ou du diabète. Nous anticipons aussi que les individus généralement très satisfaits ou satisfaits de leur vie soient moins portés à afficher un haut taux d’obésité que ceux étant neutre, insatisfaits ou très insatisfaits face à celle-ci.

Nous croyons également que les individus prétendant avoir une excellente ou très bonne santé selon leur propre auto-évaluation seront significativement moins obèses que les jeunes prétendant en avoir une moins bonne. De plus, l’IMC serait corrélée négativement avec la taille du ménage.

Pour ce qui est des habitudes de vie, nous anticipons que les enfants de 6 à 11 ans physiquement actifs soient moins obèses que la moyenne. En ce qui concerne les adolescents de 12 à 17 ans, bien que l’on s’attende à ce que le taux de poids normal soit plus élevé chez les enfants actifs physiquement par rapport à ceux qui sont modérément actif ou inactif, cette différence ne devrait pas être significative.

En revanche nous anticipons des résultats significatifs en ce qui concerne le niveau d’activité sédentaire. Ici chez tous les enfants étudiés (de 6 à 17 ans), le taux d’obésité devrait être positivement corrélé avec le nombre d’heures passé à pratiquer des activités sédentaires, plus particulièrement celles « devant l’écran ». La quantité de fruits et de légumes consommés est un autre déterminant potentiel.

Nous anticipons que les jeunes en consommant 5 fois ou plus par jour auront en moyenne un taux d’obésité moins élevé que ceux qui en consomment moins régulièrement. Aussi, la consommation de fast-food, de boissons gazeuses et autres types de nourriture à haute densité calorique devrait-être corrélé positivement avec l’IMC. De plus les jeunes qui dorment moins d’heures par nuit seraient plus susceptibles en moyenne d’être obèses que ceux qui dorment davantage. Par contre, le tabagisme ne devrait pas avoir aucun impact sur le niveau d’obésité.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La situation de l’obésité juvénile au Canada
Université 🏫: Université du Québec à Montréal UQAM
Auteur·trice·s 🎓:
Jules Dessureault

Jules Dessureault
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en économique - 2010
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