1.1.2. Historique de l’économie sociale
Les années associées aux approches théoriques présentées nous montrent que l’économie sociale existe déjà depuis longtemps. Selon D’Amours (2006), on devrait remonter encore plus loin dans le temps pour retracer les origines de l’économie sociale. Plus précisément, les premières inspirations théoriques dateraient du XVIe siècle et les premières expérimentations, elles, du XIXe siècle. Ces dernières ont eu lieu sur le sol européen, principalement en réaction au capitalisme. Les fondements de l’économie sociale se voulaient en fait une réponse, une façon de réduire ou d’atténuer les abus de l’économie de marché issus du contrat libéral. L’économie sociale proposait une conception « selon laquelle il faut reconstruire un ordre économique qui conçoive les humains comme fondamentalement libres et égaux et qui réconcilie les impératifs économiques et sociaux. » (D’Amours, 2006, p.58).
Ainsi, du XIVe au XVIIIe siècle se manifestent des auteurs aux idées dites utopistes, lesquels veulent faire contre-pouvoir au capitalisme et proposer des « stratégies d’actions différentes de la charité » (Azam, 2003, p.152) et, des solutions novatrices en matière d’organisation, d’association humaine pour résoudre les problèmes sociétaux. À ces auteurs succèdent des utopistes praticiens et des « communautés modèles, villages coopératifs ou phalanstères » (D’Amours, 2006, p.59), ceux-ci donnent l’envol à d’autres organisations pour poursuivre un objectif de solidarité et d’entraide économique.
La dominance du capitalisme finira cependant par faire bousculer ces nouvelles organisations. Ces dernières se verront effectivement en grande partie étouffées, anéanties par les forces du marché autorégulateur – modèle totalement contraire aux principes d’association sociale. Il faudra attendre la venue de quelques leaders catholiques pour faire revivre le secteur.
Puis, on XXe siècle, on assiste à de nombreuses transformations des entreprises d’économie sociale. La principale transformation notée par Vienney (1994) concerne la situation des activités : d’activités négligées par l’État ou le secteur marchand, elles deviennent des activités en concurrence avec des entreprises capitalistes. Ainsi, l’économie sociale s’élargit, se composant d’activités marchandes et non marchandes. Cette mutation est accompagnée de besoins accrus sur le plan des ressources financières, techniques et humaines. « Il y a un souci de rentabilité des activités. » (Vienney, 1994 cité dans D’Amours, 2006, p.63). Si ces mutations ont permis à l’économie sociale de prendre de l’envergure, elles les exposent à des enjeux importants. Pour reprendre encore une fois les propos de D’Amours (2006), cette « évolution pose de nombreux défis d’arrimage entre la dimension entrepreneuriale et la dimension associative. » (p.68).
Tel que démontré dans la recension des écrits, l’économie sociale fait aujourd’hui face à des problèmes majeurs en matière de gestion, notamment en GRH. Face aux pressions de la compétitivité et aux demandes accrues venant des bailleurs de fonds, les entreprises d’économie sociale doivent aujourd’hui adopter des pratiques de gestion davantage orientées vers le contrôle, la stratégie et la planification afin de résoudre des problèmes de GRH dont l’attraction, la motivation et la rétention du personnel. Or, l’enjeu principal ressort du fait que ces pratiques plus formelles et structurées s’opposent à l’idéologie de ces organisations, lesquelles sont réputées pour promouvoir des valeurs de participation et de démocratie (Cunningham, 1999; Dart, 2004; Scieur, 2005; Akingobola, 2005; Davister, 2006; Harrisson et Gervais, 2007; McDonald, 2007). La question est donc de savoir si les entreprises d’économie sociale arrivent à concilier ces deux réalités.
1.1.3. Portrait de l’économie sociale au Québec
Au Québec, l’économie sociale a fait son entrée par le biais de mutuelles et de sociétés d’entraide puis, principalement par des coopératives, en l’occurrence les coopératives agricoles et la caisse d’épargne d’Alphonse Desjardins, et des mouvements sociaux au début du XXe siècle. Elle est l’expression de la société civile (Bidet, 2003). Comme pour l’Europe, l’économie sociale québécoise émerge en réaction au capitalisme et elle a pour but de protéger les plus démunis.
Ainsi, des groupes mettent sur pied des organisations centrées sur les besoins réels de la population. Nombre de celles-ci sont nées afin de mieux répondre aux besoins négligés par les entreprises privées ou publiques. L’économie sociale tente d’intégrer ces valeurs au travail: la satisfaction, la qualité de vie, le développement durable ainsi que la démocratie. Les leaders de cette nouvelle forme d’économie disent se distinguer par leur caractère non lucratif, leur profit autre que financier et ce, autant pour la société que le travail en tant que tel (Lévesque, 2007).
Les mouvements sociaux, tel le mouvement des femmes, ont aussi contribué au développement de l’économie sociale au Québec (D’Amours, 2006; Gravel, Bellemare et Briand, 2007). Au tournant des années soixante-dix et quatre-vingt, des groupes de femmes se sont formés pour répondre à des problèmes sociétaux, relatifs à la pauvreté, à la santé, à la violence, etc. Ces femmes ont proclamé l’importance du soutien public aux initiatives des mouvements sociaux voulant le bien-être et la qualité de vie de la population – objectifs directement liés à l’économie sociale.
Ces requêtes mèneront le gouvernement québécois à mettre sur pied des tables de travail, dont le Comité d’orientation et de concertation sur l’économie sociale (COCES) ainsi que des comités régionaux d’économie sociale (CRÉS), afin de définir la situation de l’économie sociale au Québec et de formuler les recommandations immanentes nécessaires. En 1996, le Sommet sur l’économie et l’emploi reconnaît officiellement l’économie sociale (D’Amours, 2006). Aujourd’hui, l’économie sociale peut compter sur un réseau d’institutions pour la soutenir, la représenter et promouvoir son identité. L’une de ces intermédiaires importantes au Québec est le Chantier de l’économie sociale.
Lire le mémoire complet ==> (Formalisation des pratiques de GRH dans les entreprises d’éco sociale)
Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en administration des affaires
Université Du Québec À Montréal
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1 Le chantier de l’économie sociale. 1996. L’économie sociale : Définition. En ligne. http://www.chantier.qc.ca/consulté le 2 avril 2009
 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université Du Québec À Montréal
Auteur·trice·s 🎓:
Mariline Comeau-Vallée

Mariline Comeau-Vallée
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en administration des affaires - Août 2012
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