Les investissements des firmes pétrolières

*** Les caractéristiques technologiques

Le pétrole est un concentré d’énergie irremplaçable dans de nombreux domaines comme les transports et la pétrochimie. En effet, cette énergie possède des qualités remarquables, en particulier au niveau physico-chimique; il a un pouvoir calorifique supérieur au gaz et au charbon et il est facilement manipulable (il peut être pompé et transporté avec peu de risques); de plus il est très bien adapté au moteur à explosion et aux turbines thermiques grâce à son haut pouvoir de vaporisation. Cependant le pétrole ne sert pas uniquement à la production de carburant pour les transports ou le chauffage. Au-delà de son utilisation énergétique, le pétrole est utilisé à 11 % pour d’autres usages : pharmacie, cosmétologie, bougie, encre, bitume de routes, huile de graissage, naphta et gaz de raffinerie utilisé comme base pétrochimique [Dalemont et Carrié, 1994, p.8]. On en tire ainsi les produits intermédiaires comme le propylène, l’éthylène, le benzène ou encore le xylène qui sont ensuite utilisés pour fabriquer du caoutchouc synthétique ou des fibres textiles par des procédés propres de transformation ou de polymérisation. Depuis le 1er sondage de Titusville (Etats-Unis, 1859), les techniques de production ont fortement évoluées; un programme d’exploitation dure en moyenne 8 ans et requiert des techniques de plus en plus pointues où l’informatique est indispensable pour traiter les données issues des mesures. La production de pétrole brut est ainsi passée de 100 millions de tonnes en 1920 à 3,1 milliards de tonnes en 1995. Ce rythme de croissance n’a pu être possible qu’à condition d’avoir massivement investi dans la recherche de nouveaux sites de production, puis dans l’équipement des puits, tout en améliorant les techniques tout le long de la chaîne de production [Dalemont et Carrie, 1992, chapitre 2]. L’exploration/exploitation elle-même pose problème avec la lourdeur des investissements et les risques d’exploitation de poches pétrolifères en commun. Ce problème sera étudié en détail dans le chapitre 3. Ce qu’il faut retenir pour l’instant c’est l’impossibilité de délimiter ces poches et de les attribuer en totalité même par le système de concession; cette exploitation est ainsi potentiellement soumise à des phénomènes d’externalités qui vont venir des autres exploitants qui rechercheront à espionner les concurrents (et observer les puits d’exploitation qui passent à une phase de développement) et qui rechercheront à exploiter chaque poche de la manière la plus intensive possible à partir de son propre puits. D’autre part, les poches sont impossibles à exploiter en totalité et ce n’est ainsi que 40% du pétrole qui est récupéré. De plus, en terme de transformation, l’obtention de composés standardisés doit passer par le stade du raffinage, or les qualités de pétrole brut sont très variables. Ceci constitue un problème à 2 niveaux; tout d’abord au niveau de la raffinerie car la transformation oblige à avoir une raffinerie par type de pétrole. En effet un pétrole lourd ne pourra pas être transformé par une raffinerie conçue pour un pétrole léger. Par conséquent, les investissements réalisés auront un caractère très spécifique dans la mesure où chaque firme n’a pas besoin de tous les types de raffineries possibles pour chaque marché. De plus, le processus de raffinage demande un flux continu d’approvisionnement. Les investissements des firmes pétrolières Les investissements des firmes pétrolières Pour pouvoir y parvenir, les raffineries sont approvisionnées par des pipelines, ou parfois elles disposent de capacité de stockage; la contrainte est forte dans la mesure où le stockage et la construction d’un pipeline sont coûteux.

*** Les contraintes de lourds investissements

Au niveau des coûts, la firme est sujette à une forte contrainte, constitués de frais fixes très lourds, et d’investissements demandeurs de beaucoup de capitaux. Le tableau suivant illustre très bien le propos.

StadesCaractéristiques extrêmes inférieuresCaractéristiques extrêmes supérieures
ExplorationTerre : 2US$/blMer : 7US$/bl
DéveloppementTerre : 3US$/blMer : 6US$/bl
ExploitationTerre : 4US$/blMer : 7US$/bl
Oléoduc (pour 100km)Diamètre 30cm : 100MFDiamètre 100cm : 310MF
Tanker80 000 t : 15.1MUS$280 000 t : 24.6MUS$
StockageMinimum : 700F/m3Maximum : 1000F/m3
RaffinageSimple : 118MUS$Complexe : 246MUS$
Distribution3000 m3/an : 1MUS$8000 m3/an : 2MUS$

Sources : Norvegian Petroleum Directorate (1988, pp. 30-31), Dalemont et Carrié (1994, pp.31-41). Les investissements des firmes pétrolières Dans ces conditions, la recherche de l’amortissement du capital domine largement. De plus, l’évolution du coût unitaire est très sensible aux effets de taille. Il a été estimé que pour produire une tonne de pétrole, une compagnie intégrée devait investir en moyenne, 1000 US$ [Dalemont et Carrié, 1994, p.30]. Il s’agit d’une moyenne qui variera de façon importante selon le lieu de production avec les conditions géographiques, géologiques, climatiques, techniques ou économiques qui peuvent être très différentes d’un lieu à un autre. La répartition de l’investissement le long de la chaîne de production varie dans le temps mais aussi suivant les compagnies, plus ou moins intégrées. Il a été établi en moyenne que dans les années 80, l’investissement des firmes pétrolières allait à 60% dans l’exploration et l’exploitation des champs de pétrole, à 20% dans le raffinage, à 5% dans le transport et à 5% dans la distribution. Le reste correspond à des activités diverses comme la diversification dans d’autres branches plus ou moins proches comme l’énergie nucléaire pour Exxon ou la pharmacie pour ELF. Les investissements engagés sont ainsi colossaux dans cette industrie (200 milliards de US$). Il s’agit la plupart du temps de capitaux fixes qui vont être utilisés et amortis sur de longues périodes. Or l’entrepreneur ne dispose pas de l’information nécessaire pour formuler de parfaites anticipations dégagées de tout risque. En effet, dans le cas de l’exploration, 1/7 des puits creusés sont secs et donc inexploitables. Avec de tel coût et un risque si important la diversification par les sites est indispensable.

A titre d’exemple, le graphique suivant établi par Wood Mackenzie pour les plates-formes offshore de l’Ouest de l’Afrique illustre bien le problème. Ainsi, à la lourdeur mécanique des investissements va s’ajouter l’incertitude qui va coûter d’autant plus qu’elle sera grande.

Les investissements des firmes pétrolières A travers cette rapide description, l’industrie pétrolière apparaît comme une industrie incontournable. Elle apparaît également comme très demandeuse en capitaux et en gestion du risque. Ce qui semble intéressant de remarquer à ce stade c’est l’analogie qui peut être faite entre ce secteur et le secteur des hautes technologies comme les semi-conducteurs par exemple. En terme d’investissement et de risques la similitude est saisissante. Industrie du pétrole : Alliances dans l’Industrie Pétrolière Mémoire réalisé dans le cadre du DEA D’Economie Industrielle Université de Rennes 1

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les alliances dans l'industrie pétrolière
Université 🏫: Université de Rennes 1 - Mémoire de DEA
Auteur·trice·s 🎓:
Tapio POTEAU

Tapio POTEAU
Année de soutenance 📅: Mémoire réalisé dans le cadre du DEA D’Economie Industrielle - 1997-1999
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