Impacts de la migration pour la famille : aide et dépendance

2 – Les impacts de la migration pour la famille : entre aide et dépendance

L’analyse de l’utilisation des remesas est certainement le thème central dans les discussions mêlant migration et développement. Fernando Lozano Ascencio distingue trois grandes catégories d’utilisation : la consommation de biens basiques (alimentation, vêtements et parfois sont intégrés les dépenses de santé et d’éducation), l’épargne et l’investissement productif lui-même partagé en investissement de biens durables (achat de terrain, maison), en investissements en bien de capital (achat de véhicule, outils), et en investissement dans la création d’un petit commerce.

D’autres auteurs ajoutent une quatrième forme d’investissement productif qui serait celui de l’éducation. Comme nous allons le voir par la suite, les expériences de Totolapa et de San Agustín Loxicha révèlent des comportements tout à fait différents vis à vis de l’éducation.

L’usage des remesas dépend de facteurs multiples, non seulement du côté du migrant et de sa propre situation d’émigré mais aussi en fonction des membres de la famille qui les perçoivent. Des études ont montré que les caractéristiques socioéconomiques et démographiques étaient un facteur déterminant. (Conway et Cohen, 1998)

En plus de ces caractéristiques, d’autres déterminantes entrent en jeu. Parmi elles les politiques publiques et les initiatives du gouvernement, les antécédents entrepreneuriaux du migrant et de sa famille, les réelles opportunités d’investissement, l’environnement social et politique, autant de facteurs influant sur l’usage des remesas.

Dans l’étude de cas des deux communautés mexicaines, nous allons voir comment cet argent est utilisé par les familles, comment il se réinjecte dans le circuit économique local et quels impacts il peut avoir en terme économique et social.

2.1 – Les remesas : une ressource essentielle pour le quotidien

La consommation de base

Lorsque le migrant envoie de l’argent à sa famille, c’est directement la consommation quotidienne qui se trouve améliorée. Ces dépenses comprennent en premier lieu l’alimentation, mais aussi l’ensemble des besoins de la famille, soit les vêtements et les frais scolaires. L’impact de cet argent dépend en grande partie de la situation du migrant et de sa famille.

Si cet envoi est conséquent et régulier, il entraîne une immense différence pour le foyer. La pression financière est largement allégée et la famille peut même constituer une épargne en argent (qu’elle dépose à la banque ou garde à la maison) pour les différents projets.

Par contre, si le migrant est dans une situation plutôt précaire, la femme qui reçoit l’argent devra en utiliser une partie pour les besoins de la famille mais devra également prévoir une épargne d’urgence. Cet argent étant l’unique ressource de la famille, il vient combler le vide laissé par le départ du mari. Parfois, les sommes envoyées ne permettent pas une réelle amélioration du niveau de vie.

Ces situations s’observent bien plus à San Agustín Loxicha qu’à Totolapa étant donné les différentes conditions de vie et de travail du migrant.

L’habitat

L’habitat est en général, le premier motif évoqué pour la migration. Il constitue l’objectif principal du migrant. A Totolapa, tous parviennent à construire leur maison. Il leur faut environ deux ou trois années de travail aux Etats-Unis pour rassembler l’argent nécessaire.

Ce temps de migration peut être allongé s’il doit également acheter le terrain. A San Agustín Loxicha, l’accomplissement de cet objectif répond à un processus beaucoup plus long et incertain. A défaut de pouvoir construire l’intégralité d’une maison en dure, ils chercheront d’abord à améliorer leur habitat en y intégrant des matériaux plus solides.

Lors de l’ouragan Paulina en 1997, les maisons, principalement en tôles, ont pour beaucoup été dévastées. De là s’est renforcé le besoin et l’envie pour ces familles de vivre dans un habitat plus résistant. Pourtant, près de 15 ans après, la majorité des maisons sont encore en tôles et en planches. Le ciment a fait son apparition il y a une dizaine d’années mais reste encore inabordable pour de nombreuses familles. A l’inverse, la communauté de Totolapa a totalement changé de visage au cours des quinze dernières années.

L’intégralité des familles est passée de maisons en pailles et palmiers à de grandes maisons en ciment, de plusieurs étages. (Cf Annexe 3, p ??)

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