Les effets des TIC sur la croissance économique

Effet des Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC sur la croissance économique (VI) Dans la littérature économique, on identifie cinq (5) canaux de transmission complémentaires des TIC sur la croissance: l’effet multiplicateur dû à l’investissement en TIC, l’effet « déflateur » sur l’inflation suite à la baisse des prix dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC et leur répercussion dans les autres secteurs, l’effet « capital deepening » traduisant une amélioration du rendement du travail suite à la substitution capital/travail, l’effet « qualité » traduisant l’amélioration des caractéristiques des TIC et, par effet ricochet, l’amélioration de la qualité de nombreux biens et services et enfin, l’effet « productivité globale des facteurs »: une accélération de la productivité suite à l’investissement en TIC. VI.1. Les effets multiplicateurs Les outputs du secteur des Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC sont acquis par les entreprises comme des biens d’investissements et/ou comme des biens de consommation intermédiaire, mais également, comme biens de consommation finale. La forte croissance des équipements de la part des entreprises et des consommateurs en biens dérivés des TIC s’est traduite par une augmentation de la croissance économique globale. Le mécanisme principal sur lequel repose l’argument s’apparente à un multiplicateur d’investissement keynésien4(*) en ce qui concerne les TIC plus important que le multiplicateur d’investissement en matériel non TIC. Compte tenu de leur caractère générique (Helpman, 1998), les TIC semblent exercer des effets économiques plus importants sur le reste de l’économie. Pohjola (2002) définit un seuil critique du secteur TIC à partir duquel on constate l’apparition d’effets dynamiques et significatifs sur le reste des économies. A titre d’exemple aux Etats-Unis le secteur des TIC dépasse les 8% du PIB alors qu’en France il est à l’ordre de 5%. Il pourrait se situer autour de 6.5% du PIB marocain pour l’année 2006. VI.2. L’effet déflateur Le second effet concerne l’impact de la baisse des prix propres aux TIC en général, et des prix des ordinateurs en particulier, sur le reste de l’économie. En effet, la baisse continue des prix dans le secteur des TIC et notamment celle liée à la baisse des prix des microprocesseurs a conduit les entreprises à accroître considérablement leur investissement dans ce domaine. Derrière l’accélération du rythme de la productivité et de la croissance américaine, on trouve une accélération du rythme de la baisse des prix des ordinateurs et des équipements périphériques. Cette baisse substantielle des prix des technologies de l’information conduit les firmes à surinvestir dans les TIC. Les gains de productivité réalisés dans le secteur des TIC agissent sur le reste de l’économie comme un déflateur technologique, ils permettent de maîtriser l’inflation et/ou d’accroître les revenus réels et la croissance. A titre d’exemple, puisque le secteur des ordinateurs compte pour 1,4% du PIB américain et que leurs prix ont chuté de 29% sur la période 1996-1998, un simple calcul de règle de trois permet d’apprécier un effet déflateur de 0,37%.Gordon estime que la contribution des ordinateurs à la croissance est essentiellement due à la maîtrise de l’inflation et qu’elle serait de l’ordre de 0,5 % par an en moyenne pour l’économie américaine. Dans une étude récente, Collecchia et Schreyer (2001) ont généralisé l’approche afin de calculer le déflateur technologique associé au TIC pour neuf pays de l’OCDE. VI.3. L’effet de substitution du capital au travail TIC et développement économiqueCet effet désigne l’augmentation relative de la part du capital comparativement au travail dans l’usage des inputs, où les TIC Technologies de l’Information et de la Communicatione sont envisagés comme des technologies biaisées. Elles conduisent à favoriser le capital par rapport au travail et le travail qualifié par rapport au travail non qualifié (David, 2001; Jorgenson, 2001; Quah, 2001). En d’autres termes, le processus de croissance favorise l’accumulation du capital qui se traduit par une diminution du taux relatif d’emploi du facteur travail et par une augmentation de la part relative du facteur capital. L’intensité capitalistique (la part par salarié d’unités de capital) et la productivité augmentent. A titre d’exemple, Gordon (2002) estime que deux tiers de l’accélération de la productivité américaine durant la période 1996-2001 est due à l’effet de substitution. Toutefois, il convient de signaler que le capital TIC est un capital à obsolescence rapide, contrairement aux autres formes de capitaux5(*). Cette propriété nécessite donc un amortissement rapide et exige des entreprises une plus grande rentabilité. VI.4. L’effet qualité Les technologies de l’information peuvent être associées à des augmentations touchant les composantes intangibles des outputs comme leur variété, la convenance des consommateurs et les services qui leur sont associés. L’effet apparent concerne l’enrichissement du contenu informationnel des biens et services incorporant des Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC. Elles augmenteraient la qualité et favoriseraient la différenciation des produits. Ces bénéfices permettraient d’améliorer l’effet d’utilité pour les consommateurs sans pour autant modifier ni le prix ni la quantité de produits incorporant des TIC. L’effet utilité est difficile à prendre en compte mais conditionne les résultats des travaux portant sur la question. Des efforts récents engagés par l’OCDE, sur le plan méthodologique, ont été entrepris afin d’améliorer la prise en compte de ces effets qualitatifs mais ils restent encore difficiles à cerner. Différentes sources seraient à l’origine de l’augmentation du taux de croissance due aux effets d’amélioration de la qualité des produits induits par les TIC. Quatre d’entre-elles méritent d’être signalées, elles concernent: les innovations portants sur les effets de variétés, la personnalisation des biens (versionning), les améliorations sensibles des principes de la qualité des produits et des externalités positives générées par les Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC. VI.5. L’effet productivité globale des facteurs De nature générique, les externalités liées aux Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC se sont largement diffusées dans l’ensemble de l’économie. Cette large diffusion permettrait d’accroître l’efficacité productive et le rythme du progrès technique. Ceci se traduit par un accroissement du résidu de Solow (la part de la croissance non expliquée par les facteurs de production séparément). Ce constat traduit une meilleure complémentarité entre les facteurs travail et capital. Pour certains économistes comme Askenazy et Gianella (2000), Greenan et alii (2002), cette complémentarité passe par l’utilisation des innovations organisationnelles. Les TIC permettraient d’augmenter le progrès technique diffus. Par ailleurs, les PVD, contrairement aux pays industrialisés bénéficient d’un effet de structure positif. En effet, l’adoption des TIC par les PVD coïncide avec la transformation de leurs économies fondée au départ sur les ressources naturelles et sur l’agriculture à une économie plus fondée sur l’industrie. Ceci pourrait accentuer les gains de productivité. Les cinq canaux principaux qui viennent d’être évoqués favorisent la transmission des performances des Technologies de l’Information et de la Communicatione TIC au niveau macro-économique. La manifestation de ces effets dépend de la position du pays (producteur vs importateur de TIC) (Dirk et Lee, 2001), de sa taille (grand pays vs petit pays), de sa spécialisation internationale, de ses dotations factorielles initiales (Antonelli, 2003) et de la présence ou de l’absence d’actifs complémentaires (innovations organisationnelles, institutions, capital humain, incitations…). Partie I: Approche théorique. Chap. I: Contexte général: Les TIC ! De quoi s’agit-il ? Lire le mémoire complet ==> (L’impact des TIC sur le tissu productif des biens et services) Projet de Fin d’Etudes – Option : Statistique Haut Commissariat au Plan – Institut National de Statistique et d’Economie Appliquee ______________________________________________ * 4 Le multiplicateur keynésien ou multiplicateur d’investissement est une théorie de John Maynard Keynes selon laquelle l’investissement public a un effet démultiplié sur l’activité économique et sur l’emploi. Plus précisément, les keynésiens le définissent comme le rapport entre une variation des dépenses publiques et la variation consécutive du revenu global. C’est l’un des soubassements idéologiques des politiques de relance financées par l’emprunt. * 5 Dans les estimations économétriques, le capital TIC est supposé se déprécier sur 8 ans alors le capital non TIC se déprécie sur douze ans. Pour Gordon (2002°, l’accélération de la productivité calculée comme étant l’écart entre la productivité tendancielle et la productivité observée est de 0,86%, l’effet « capital deepening » compte pour 0,60%.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Institut National de Statistique et d’Economie Appliquée - Option : Statistique
Auteur·trice·s 🎓:

M. NGASSI-NGAKEGNI Ghynel & M. SAKANDE Souleymane
Année de soutenance 📅:
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